La crise de confiance entre l’Algérie et la France est si profonde que les deux pays ont décidé de ne plus assurer mutuellement la sécurité de leurs installations diplomatiques.
Les relations franco-algériennes replongent une nouvelle fois dans une zone de graves turbulences. Cette fois-ci, ce coup de froid prend une dimension très inquiétante. Et pour cause, les deux pays ont décidé radicalement de ne plus accorder mutuellement la protection policière à leurs ambassades respectives.
Selon nos informations, tout a commencé lorsque l’ambassadeur Algérien à Paris, Abdelkader Mesdoua, a réclamé dans une correspondance officielle le renforcement du dispositif policier déployé autour des consulats algériens à Paris. Le diplomate algérien avait jugé dérisoire le nombre des policiers mobilisés par les autorités françaises pour assurer la protection des structures consulaires algériennes dans la région parisienne. « Sur un rayon de deux kilomètres, il n’y avait qu’un seul et discret camion de la police française autour de l’ambassade d’Algérie », nous assure une source proche du ministère des Affaires Etrangères à Alger.
« La réciprocité », forcément
Les autorités françaises ont refusé d’exaucer le vœu de l’ambassadeur algérien. Abdelkader Mesdoua a alors alerté Alger en rendant compte de la situation à Abdellkader Messahel, le chef de la diplomatie algérienne. Résultat: les autorités algériennes décident de riposter en appliquant le fameux « principe » de la réciprocité.
De très nombreux policiers sont traditionnellement mobilisés en force autour des consulats français d’Alger, d’Oran ou d’Annaba. Désormais plus aucun policier n’est présent aux alentours de ces sièges de la diplomatie française en Algérie.
Bouteflika « artificiellement en vie »
La polémique ne s’est pas arrêtée là puisque au lendemain de cette riposte algérienne, une contre attaque musclée est lancée depuis Paris. L’ancien ambassadeur français à Alger et ex patron de la DGSE, Bernard Bajolet, a donné vendredi une interview incendiaire au Figaro. L’ex-diplomate affirme clairement que le chef de l’Etat est « maintenu artificiellement en vie » ! A Alger, ces propos ont déclenché une véritable bombe. Au Palais de Zeralda, où réside le président algérien, cette déclaration d’un des meilleurs connaisseurs de l’Algérie à Paris, bien introduit dans les milieux diplomatiques et sécuritaires, fait l’effet d’une bombe!
Un feu orange de l’Elysée?
Bernard Bajolet n’aurait jamais pu faire une telle déclaration s’il n’avait pas obtenu au moins un « feu orange »de l’Elysée et de la DGSE, deux maisons qu’il connait bien. C’est un peu comme si les autorités françaises désapprouvaient toute velléité du président Bouteflika de briguer un cinquième mandat lors de la cruciale élection présidentielle en Avril 2019.
Il semble bien qu’un lobby anti-Bouteflika se soit constitué à Paris qui pousse le président français vers la sortie en raison de son état de santé. Une certitude, le coup de froid entre Alger et Paris est réel.