Alors que la précampagne bat son plein, les candidats à l’élection présidentielle du 29 juillet s’activent en coulisses. Dans un paysage politique malien marqué par une opposition éclatée, la Convention des bâtisseurs a été lancée le 1er juin afin d’en découdre avec le pouvoir en place. Originaire de Goudoun (région de Tombouctou), Hamadoun Touré est l’une des huit figures de cette vaste coalition d’opposants. Ce fonctionnaire international de 64 ans, qui a oeuvré pendant près de 40 ans au développement des TIC en Afrique, est un homme neuf en politique. Rencontre avec notre ami et journaliste Mohamed Ag Ahmedou.
Pourquoi avez-vous décidé d’être candidat à l’élection présidentielle au Mali ?
Face au marasme économique et sécuritaire dans lequel est plongé mon pays, et vu la défiance des Maliens vis-à-vis de la classe politique traditionnelle, il est temps d’instaurer un leadership d’un nouveau genre afin de s’attaquer frontalement à la corruption et la mauvaise gouvernance, qui gangrènent le Mali. L’ampleur de la tâche requiert l’élection d’un homme neuf, n’ayant appartenu à aucun gouvernement, affranchi de toute pression partisane et capable de fédérer. Le pays est à la dérive, tout est à reconstruire. Je souhaite tout simplement mettre mon expérience et mes compétences au service du Mali, à qui je dois tout.
Alors que votre parcours est tout entier associé aux télécoms, comment mettre cette expertise au service du Mali ?
Pendant quarante ans, j’ai occupé des postes de direction dans le secteur public et privé ainsi que dans des organisations Internationales. Le fil rouge de ces expériences, c’est d’avoir contribué à réduire la fracture numérique entre l’Afrique et le reste du monde et aidé les pays africains à tirer parti du potentiel extraordinaire des technologies de l’information et de la communication, puissant moteur de développement social et économique. J’entends désormais capitaliser sur ma somme d’expériences internationales et sur ma connaissance fine des leviers de développement IT pour redresser le Mali.
Alors que vous avez été désigné candidat officiel de l’Alliance Kayira en mars dernier, vous faites désormais partie des figures de proue de la Convention des bâtisseurs. Pourquoi cette transition ?
Je veux être le candidat de l’alternance. Je veux répondre à ce désir ardant de changement du peuple malien. Je suis effectivement le candidat officiel de l’Alliance Kayira, un vaste mouvement politique qui ambitionne de fédérer différentes sensibilités de l’opposition au pouvoir en place. Mais face au nombre de candidats en lice – une vingtaine – et afin d’augmenter les chances de victoire du camp du vrai changement, nous avons décidé, avec six autres candidats, de mutualiser nos forces. Nous sommes engagés à soutenir le candidat retenu, dont le programme sera la synthèse de l’ensemble et nous nous sommes imposé une ligne directrice, à savoir proposer uniquement des solutions aux questions centrales que sont la sécurité, la bonne gouvernance, la justice sociale, l’éducation et l’emploi des jeunes, l’amélioration du niveau des salaires, la condition des femmes dans les zones rurales et enfin l’accès a l’eau potable et aux routes pour nos villes et villages. Évidement la lutte contre la corruption sera au cœur de cette stratégie.
Quelles solutions préconisez-vous face à la crise sécuritaire que traverse le pays depuis 2012 ?
L’accord de paix d’Alger, censé isoler définitivement les djihadistes, est resté lettre morte. Depuis sa signature en mai-juin 2015, les attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins. Conduire une stratégie sécuritaire constructive requiert des militaires mieux formés et plus efficaces, une gendarmerie disciplinée, une justice non corrompue et une administration territoriale compétente et dévouée au bien public. Au-delà de la reconstruction de l’armée malienne, il s’agit de remettre sur pied tout l’appareil d’Etat et de restaurer son autorité. Il faut aussi rétablir la confiance entre les citoyens afin que le dialogue soit réel et faire appel aux structures essentielles que sont la chefferie traditionnelle et les leaders religieux pour jouer un rôle de facilitateur.
Quels sont les grands axes socio-économiques de votre projet politique pour le pays ?
Il faut traiter le mal à la racine en s’attaquant aux problèmes de développement, de pauvreté et de mal gouvernance, qui font le lit de l’insécurité. Le redressement du Mali requiert une impulsion économique couplée à une nécessaire décentralisation, avec des assemblées aux pouvoirs élargis.
Je veillerai aussi au renforcement et au développement harmonieux des régions en y réinvestissant au moins 30 % de leurs ressources. La décentralisation ne devrait pas être théorique : il est temps de passer à l’action pour que les écoles et les hôpitaux ouvrent leurs portes et pour que chaque région soit dotée d’une usine. Ces orientations sont indissociables d’un leadership exemplaire et d’une tolérance zéro dans la lutte contre la corruption, l’argent détourné est suffisant, s’il était correctement utilisé, à sortir le pays d’une logique d’assistance.
L’utilisation des technologies de l’Information et de la communication comme outil de gestion plus efficace et transparente permettra non seulement d’augmenter nos revenus mais aussi de créer les emplois grâce à l’entreprenariat que je vais stimuler. Mes expériences de gestion à l’international me persuadent qu’au Mali, l’espoir est permis, d’où mon slogan : « Oui, c’est possible ».
j espère que hamadoun touré sera élu car il est le SEUL capable de redonner au Mali toute sa puissance