L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a arrêté Martial Ahipeaud jeudi, alors qu’il allait prendre son vol de retour vers Londres. Martial est citoyen britannique et ivoirien. Sa famille est établie à Londres, et il enseigne les relations internationales à l’Université de Bouaké, en Côte d’Ivoire.
En 1990, il a été le premier secrétaire général de la fédération étudiante de Côte d’Ivoire, que l’on appelle la FESCI, un grand syndicat étudiant qui compte des centaines de milliers, voire des millions de membres actuels et anciens vivant sur les cinq continents. Le président actuel de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, est lui-même un ancien secrétaire général de la FESCI. Martial était venu au Québec pour témoigner en faveur de Serges Koffi, encore un ancien secrétaire général de la FESCI. Serges a le statut de réfugié au Canada depuis 2014. Il est arrivé en 2011. On lui refuse la résidence permanente et on le menace d’expulsion avec les procédés habituels: des coupures de presse et des rapports d’ONG financées par le Département d’État. Martial a témoigné pour Serges mardi, et l’avocat du ministère de l’Immigration en a été très vexé, évidemment.
Après l’arrestation à l’aéroport PET, l’ASFC a indiqué à Martial que le ministre de la Sécurité publique du Canada considérait la FESCI comme une organisation terroriste! Les agents de l’ASFC ont empêché Martial de prendre l’avion, l’ont détenu pendant une journée et l’ont menacé de le garder en détention s’il n’acceptait pas de se soumettre à une condition, qui revient à l’interdire de séjour au Canada pendant 5 ans. Donc, plus question de revenir témoigner pour Serges dans une éventuelle procédure devant la Cour fédérale, où Serges essaierait de s’opposer à son expulsion en raison des risques qu’il courrait s’il était expulsé en Côte d’Ivoire.
En réalité, cette affaire a un motif purement politique. Ouattara a très peur ces jours-ci parce que les anciens de la FESCI sont en train de former une vaste coalition contre lui. Donc, il appelle ses amis du gouvernement d’Ottawa et leur dit de s’activer contre les anciens dirigeants étudiants, sans quoi Canadian Natural Resources ne pourra pas continuer de pomper le pétrole du golfe de Guinée très longtemps.