Proche des islamistes, Mohamed Najem Gharsalli tentait, ces derniers temps; de se refaire une réputation, grâce au limogeage de quelques hauts cadres de l’Intérieur compromis avec ‘Ennahdha
Le nouveau ministre tunisien de l’Intérieur, Najem Gharsalli, n’aime guère « Mondafrique ». Après une vidéo des « trublions de l’info » diffusée sur internet par notre site et oumma.com, où il fut présenté comme « un ectoplasme poltique », le nouveau patron de la police tunisienne devait appeler, furieux, une de ses relations: « Je vais porter plainte ». Ce qu’il n’a pas fait pour l’instant.
Pourtant il est de notoriété publique que cet ancien magistrat a eu un parcours politique plus que sinueux. Au point d’ailleurs qu’il tente, ces deniers jours, de faire oublier ses écarts politiques en communiquant abondamment sur le limogeage de hauts cadres du ministère de l’Intérieur compromis avec les islamistes. Hélas, ce n’est pas lui qui est à la manoeuvre dans cette épuration au sein de son ministère, mais bien le secrétaire d’Etat à la sécurité, Rafiq Chelly. Ainsi le limogeage du directeur général de la sûreté nationale, Mohamed Imed Ghodhbani, accusé par de nombreux médias d’être le bras armé d’Ali Lâarayedh, ministre islamiste de l’Intérieur, avait été acté, avant même la formation définitive du gouvernement, entre le Premier ministre et le futur secrétiaire d’Etat à la sécurité. « Il est amusant, note un ancien ministre, de voir comment Gharsalli tire la couverture à lui ».
Du coté du manche
On comprend pourtant l’excès de zèle de monsieur Gharsalli. Nommé par le nouveau président tunisien à la tète du ministère de l’Intérieur à la surprise générale, Najem Gharsali a beaucoup à se faire pardonner. Toujours du coté du pouvoir, cet ancien magistrat de Kasserine, une ville proche de la frontière algérienne particulièrement déshéritée où il a sévi, avait su donner des gages aux régimes successifs. Lors de sa nomination, les syndicats de magistrats ont rappelé, non sans preuves, qu’il a oeuvré en couslisses pour dénoncer des collègues juges, qui se montraient trop tièdes envers l’ex président Ben Ali. L’ancien ministre de Ben Ali Mondher Zenaïdi, originaire de Kasserine, a d’ailleurs oeuvré, lui aussi, en faveur de sa récente nomination à l’Intérieur.
Après la révolution, lorsque « la troika » prit le pouvoir une fois l’Assemblée constituante élue en 2011, on vit l’ancien benaliste fort conciliant avec les nouveaux dirigeants, notamment les islamistes d’Ennahdha. De notoriété publique, Ghersalli entretenait des relations étroites avec l’ancien ministre de l’intérieur Lotfi Ben Jeddou, fort proche d’Ennahdha et longtemps magistrat à Kasserine comme lui. Surtout il était au mieux, ces dernières années, avec l’homme fort des Frères Musulmans à Kasserine, Walid Bennani. Ce dernier a reconnu, sur Mosaïque FM, qu’il avait défendu la nomination de son ami Gharsali à l’Intérieur. Au nom, a-t-il prétendu, de la solidarité régionale! qui a bon dos
Or cette proximité du ministre de la police avec Walid Bennani pose évidemment de graves questions. Dans la mouvance islamiste, l’homme fort d’Ennahdha à Kasserine n’est pas un perdreau de l’année. « C’est incontestablement un dur, note un ancien d’Ennahdha, un proche du courant salafiste ». De plus, le député Bennani a toujours maintenu d’étroites passerelles aves les noyaux djihdistes qui ont créé les premiers maquis dans les monts Chaambi, au coeur justement du gouvernorat de Kasserine. Lors de l’arrestation récente dans la région d’un djihadiste, la police a constaté que ce denier possédait sur son portable le numéro de téléphone de Walid Bennani.
Du salafisme soft au djihadisme
« On sait très bien que Bennani hébergeait en 2012 des militants nahdaouis, qui ont depuis basculé vers le terrorisme », affirme un notable de Kasserine. Parmi les protégés du dirigeant nahdaoui en 2012, indique à Mondafrique la même source locale, se trouvait un certain Mourad Gharsalli (sans rapport familial, dit-on au ministère de l’Intérieur, avec le ministre Gharsalli) . Or, à en croire le site « Business news », Mourad Gharsalli est « l’un des terroristes les plus recherchés par le ministère de l’Intérieur », « membre actif de la brigade Okba Ibn Nefâa », « accusé d’être impliqué dans 15 attentats dont l’assassinat du membre de la Garde nationale », ou encore partie prenante de « l’opération terroriste de juillet 2012 qui a causé la mort de 8 membres de la Garde nationale ».
Cette porosité entre quelques notables d’Ennadha, des éléments salafistes, dont certains passés au terrorisme, et certains cadres sécuritaires reste la faiblesse structurelle des forces de l’ordre en Tunisie. On comprend que le nouveau ministre de l’Intérieur, l’ami Gharsalli, fasse savoir, ubi et orb,i qu’il n’a rien à voir avec ses amis d’hier.