Tous les moyens sont-ils bons pour faire gagner la Guinée équatoriale chez elle à la Coupe d’Afrique des Nations ? On est tenté de le penser en voyant le penalty inexistant sifflé samedi pour le pays organisateur face à la Tunisie par l’arbitre mauricien M. Seechurn.
On ne devrait parler que de l’exploit de la Guinée Équatoriale, sélection préparée en toute hâte, pour sa victoire, samedi, en quarts de finale contre la Tunisie, deuxième nation africaine au classement FIFA. Voici ce pays qualifié pour la première fois de son histoire pour les demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations.
Mais, ce dimanche, on ne parle que de scandale, de honte, voire de corruption. Et pour cause : à quelques secondes de la fin du temps additionnel de la seconde mi-temps, alors que la Tunisie se dirigeait tranquillement vers une victoire par la plus petite des marges, l’arbitre de la rencontre, le Mauricien Rajindraparsad Seechurn, siffla un penalty imaginaire pour le Nzalang Nacional, disqualifié en éliminatoires puis requalifié par la CAF en tant que pays organisateur de substitution. Une transformation (réussie par Balboa) plus tard, c’était l’égalisation et les prolongations, au cœur desquelles le même Balboa convertit un coup franc accordé de manière très généreuse par l’homme en noir.
Un imposant cordon de sécurité fut nécessaire pour que l’arbitre échappe à la fureur des joueurs tunisiens, révoltés d’avoir été ainsi volés et privés d’une demi-finale qui leur tendait les bras.
Deux matchs décisifs, deux penaltys imaginaires
Cette caricature d’« arbitrage maison » au profit du pays organisateur vient de loin. Privés d’un but (et peut-être d’une victoire) lors du match d’ouverture face au Congo, les Equato-guinéens avaient adressé, via leur Fédération (Feguifut), une lettre de protestation à la CAF. Depuis, cette erreur inaugurale a été largement compensée.
Lors du match de poule décisif contre le Gabon, un penalty très généreux est accordé au Nzalang malgré la grossière simulation de son attaquant (Balboa, encore et toujours). Sa transformation sera fatale aux Panthères du Gabon. Samedi soir, ce sont les Tunisiens qui ont été victimes de ces coups de sifflet complaisants. Un danger que n’ignorait pas l’expérimenté sélectionneur de la Tunisie, Georges Leekens : dès avant le match, le technicien belge, un rien ironique, assurait croire en le sérieux de l’arbitrage pour cette rencontre à élimination directe. Peine perdue.
Un arbitre récidiviste
Voilà qui vient s’ajouter au dossier déjà accablant de Rajindraparsad Seechurn, l’arbitre coupable d’avoir faussé la CAN 2015 en sifflant ce penalty contre la Tunisie. À 44 ans, ce Mauricien peut pourtant se targuer d’une solide expérience, puisqu’il est arbitre international (le grade suprême dans la corporation) depuis 2003. Une longue carrière émaillée de scandales et de soupçons plus ou moins étayés de corruption. Citons par exemple son arbitrage à sens unique (en faveur des hôtes) lors de la rencontre Algérie – Maroc des éliminatoires de la CAN 2012, ou encore son attitude lors d’un match Togo-Gabon des éliminatoires couplés CAN-Mondial 2010. C’était en novembre 2009, à Lomé : victime d’un tacle assassin d’un défenseur adverse, l’attaquant gabonais Daniel Cousin avait dû quitter ses coéquipiers à la 41e minute, la clavicule brisée. M. Seechurn n’avait pas bronché.
Paroles lourdes de sens
Comment un tel récidiviste peut-il encore officier au niveau de la plus grande compétition organisée par la CAF ? La question mérite d’être posée, même s’il ne faut pas se faire d’illusions sur les réponses de l’instance continentale, davantage portée sur l’autosatisfaction à propos d’une édition qui a bien failli ne jamais avoir lieu suite au refus marocain de l’accueillir aux dates prévues. « La CAF n’oubliera jamais ce que vous avez fait pour elle », avait dit son président Issa Hayatou au dictateur équato-guinéen Teodoro Obiang le 3 décembre dernier, en marge du tirage au sort de la CAN. Ces mots de l’inamovible homme fort du football africain prennent aujourd’hui un relief tout particulier.