Les autorités marocaines ont ordonné le rapatriement des six chasseurs F16 stationnés en Arabie saoudite, dans le cadre de la coalition arabe anti-Houthis au Yémen. Selon le site marocain le Desk qui a révélé l’information, il ne s’agirait pas d’un revirement d’alliance avec Ryad mais plutôt d’une disposition liée à la montée de tension avec le Front Polisario au Sahara occidental.
Sans tambours ni trompettes, le roi Mohamed VI fait rapatrier d’Arabie saoudite les six chasseurs F16 engagés dans la coalition arabe mise sur pied par Ryad en mars 2015 pour mater la rébellion houthie au Yémen.
Le retour des F16 marocains assuré par un avion ravitalleur émirati
Citant des sources proches de l’armée de l’air marocaine, le site Le Desk révèle en effet que Rabat a ordonné le retour de l’escadrille stationnée à la base de Khamis Mushait. L’opération de repli aurait même été assurée par un avion ravitailleur Airbus A330 émirati, précise le site.
La publication en ligne s’empresse toutefois d’indiquer que «les raisons de ce retrait ne sont pas liées à un quelconque revirement d’alliance avec Ryad». Et d’ajouter que «les relations se sont d’ailleurs assagies depuis la rencontre de Mohamed VI avec le prince héritier Mohamed Ben Salman.
Toujours selon la même source, le rapatriement des appareils marocains serait plutôt lié à la mobilisation des Forces Armées Royales (FAR) suite aux tensions engendrées par «la volonté du Polisario de s’installer durablement dans le triangle Mehaires-Tifariti-Bir Lahlou, à l’est du mur de défense marocain».
C’est le général Abdelfattah Louarak qui a co-présidé le 10e comité consultatif de défense Maroc-Etats-Unis, du 10 au 12 avril au Pentagone, qui a fait ce choix «pour répondre efficacement au relèvement de l’alerte des forces aériennes», écrit Le Desk .
Un prétexte pour sortir du guêpier yéménite
Cependant, d’après une autre source citée également par Le Desk, le Maroc qui a acquis en 2007 24 chasseurs F16, de fabrication américaine, n’a pas besoin de l’escadrille rapatriée d’Arabie saoudite pour frapper au Sahara.
«Si l’info se précise, c’est que Rabat a enfin trouvé un bon prétexte pour sortir du guépier du Yémen», estime cette source qui dispose d’une bonne maîtrise du dossier. La rencontre entre Mohamed VI, Mohamed Ben Salman et Emmanuel Macron en France, le 10 avril 2018, et la perspective d’une conférence humanitaire sur le Yémen l’été prochain dans la capitale française auraient même pesé dans la décision.
Il faut ajouter que le royaume a déjà perdu un appareil dans ce conflit qui ne trouve toujours pas d’issue. Un des chasseurs mis à la disposition de la coalition arabe, abattu probablement par la DCA des rebelles, s’était écrasé en mai 2015 en territoire yéménite et son pilote avait été tué. Il avait aussitôt été remplacé dans le dispositif sous commandement saoudien.
Avec quelque 1500 militaires sur le terrain, le Maroc avait décidé il y a trois ans d’apporter toutes les formes de soutien à la coalition arabe, politique, de renseignement, logistique ou militaire, pour restaurer le pouvoir légitime au Yémen. Aucune précision n’est apportée sur l’avenir de cette mission.
Par Alain Chemali, avec Geopolis
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