Le président sénégalais Macky Sall aura attendu huit mois pour accueillir, les 1er et 2 février, le nouveau chef de l’Etat français.
La visite tardive du président français au Sénégal est une grande première pour un pays qui, avec la Côte d’Ivoire, avait l’habitude de recevoir la première visite en Afrique des chefs d’état français. L’attente fut longue, surtout après l’annulation de la présence du président Macron au Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité, en novembre 2017.
L’éducation, un dossier prioritaire
Avec son homologue français, Macky Sall coprésidera la troisième Conférence de financement du Partenariat mondial pour l’Education ( GPE) qui se tiendra à Dakar, les 1er et 2 février 2018). Près d’un millier de participants sont attendus dont le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Gutteres, le président du Groupe Banque mondiale, Jim Yong Kim, de nombreux chefs d’Etat africains et chefs de gouvernement, des dizaines de ministres, les représentants des sociétés civiles et des grands patrons du secteur privé. La chanteuse barbadienne Rihanna, ambassadrice du Fonds pour l’éducation, sera l’une des vedettes de la réunion avec le président français.
Le refinancement du fonds actuel du GPE devrait atteindre les 3,2 milliards de dollars pour la période 2018-2020. L’ex Première ministre d’Australie, Julia Gillard, qui préside le conseil d’administration du GPE, souhaite que les bailleurs puissent augmenter leurs contributions de manière à avoir, après 2020, un budget annuel de l’ordre de 2 milliards de dollars. De leur côté, les pays en développement bénéficiaires devront consacrer 20 % de leur budget aux dépenses d’éducation. Le président Macron devrait rappeler certains constats faits dans son discours de Ouagadougou comme ceux concernant l’éducation et la sécurité, la jeunesse et le développement.
Changements climatiques
A un an de l’élection présidentielle sénégalaise, la visite du président français n’est pas anodine. A plusieurs occasions, Emmanuel Macron pourra donner des satisfecits à Macky Sall. Les travaux d’infrastructures comme ceux du nouvel aéroport Blaise-Diagne, inauguré le 8 décembre 2017, et du Train express régional, de Dakar au nouvel aéroport, avec la présence des entreprises françaises Eiffage, Thales et Engie, seront opportunément mis en valeur. Les changements climatiques seront aussi mis en évidence à Saint-Louis du Sénégal, avec l’inquiétante avancée de l’Océan dans la langue de Barbarie et le village de Guet Ndar.
La visite d’un établissement scolaire permettra de rappeler la place éminente du Sénégal dans la Francophonie. Dans les coulisses du GPE, nul doute que l’avenir de l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF) sera abordé. Les deux franco-marocaines, Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, et Leïla Slimani, représentante personnelle du président Macron à la Francophonie, pourront évoquer cet avenir et celui de la transparente et discréditée Secrétaire générale, la Canadienne Michaëlle Jean. Les rencontres bilatérales entre chefs d’Etat ponctueront cet emploi du temps chargé. Une rencontre Paul Kagame-Emmanuel Macron pourrait aussi aplanir les dernières difficultés avant des relations diplomatiques normalisées.
A beaucoup d’égards, la réunion de Dakar des 1er et 2 février 2018, est suffisamment importante pour que son organisation ne soit pas polluée par d’autres événements continentaux comme la 26 eme Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches qui devaient réunir près de 650 francs maçons, les 1er et 2 février 2018. Les confrèries islamiques des Mourides et des Tidjanes se sont opportunément chargées de demander leur annulation, en raison de principes qui heurteraient leur vie spirituelle.
Le président français est un as, on le sait de la communication. Les projecteurs médiatiques seront donc braqués sur sa seule isite au Sénégal.