En avril 2025, le New York Times a attaqué Donald Trump sur son point faible : la richesse. Parce qu’il avait tweeté « C’EST LE MOMENT IDÉAL POUR ACHETER !!! », le président milliardaire a été accusé de ne « s’adresser qu’à d’autres milliardaires ». Il est vrai qu’en l’occurrence, l’injonction d’« acheter » s’adressait moins aux ménagères qui comparent les prix dans les supermarchés qu’aux investisseurs qui vivent les yeux rivés sur les cours de la bourse.
Yves Mamou, ancien journaliste du Monde et animateur d’un site d’information sur le Moyen Orient
Nombreux ont été les médias qui ont fait remarquer que pas moins de 12 milliardaires formaient l’ossature de l’administration Trump. Elon Musk, l’homme le plus riche du monde (364 milliards de dollars au 17 avril 2025), a dirigé le département de l’Efficacité gouvernementale[1] (DOGE) du 20 janvier au 27 mai 2025 ; Howard Lutnick, secrétaire au Commerce, dispose d’une fortune estimée à 3 milliards de dollars. Scott Bessent, secrétaire au Trésor, a déclaré une fortune de 500 millions de dollars… etc.
En avril 2025, Forbes a rappelé que la fortune de Donald Trump tournait autour de 4,2 milliards de dollars. Mais huit mois plus tard, le 18 décembre, le Wall Street Journal précisait, un tantinet scandalisé, qu’il « était sans précédent » qu’un président s’enrichisse dans de telles proportions au cours de son mandat. Les entreprises créées par la famille Trump au cours de la première année du second mandat de Donald Trump ont généré une richesse théorique de 4 milliards de dollars.
Un président milliardaire peut-il mener une politique qui soit favorable à l’intérêt général ?
En règle générale, la concentration extrême de richesse fait obstacle à l’égalité politique. Les milliardaires ne sont pas simplement des citoyens prospères ; ils constituent une classe sociale et les entreprises qu’ils gèrent leur donnent un pouvoir considérable sur l’ensemble de la société. Quand une famille de milliardaires accède au pouvoir politique, ce groupe mène des politiques généralement conformes aux intérêts de la caste. On est alors dans une oligarchie.
Le pouvoir oligarchique est une formule de gouvernement assez répandue.
Après la chute du mur de Berlin, la Russie, qui entendait liquider le communisme, a mené une politique de privatisation. Les acheteurs de ces biens bradés (mines, gaz, pétrole…) ont très vite formé une classe sociale nouvelle que les médias ont baptisée du nom d’« oligarques ».
Mohamed Ben Salmane, prince régent d’Arabie saoudite, a inauguré son pouvoir politique en mettant fin à l’oligarchie de la famille royale. En 2018, moins d’un an après sa nomination, le prince régent a mené une « lutte anticorruption », confisquant tout ou partie des dizaines de milliards de dollars accaparés par les membres de la famille royale.
En Chine communiste, les inévitables milliardaires qui ont surgi au gré du développement capitaliste du régime ont été rapidement mis au pas.
Guo Guangchang, président du groupe Fosun, a disparu en 2015 pour des raisons mal expliquées. Yim Fung, patron hongkongais de Guotai Securities, une des principales banques d’investissement de Chine, a lui aussi disparu en 2015, le temps d’une « enquête anticorruption ». Jack Ma, fondateur d’Alibaba, a brutalement disparu de l’espace public en 2020, après avoir publiquement fait remarquer que les banquiers chinois se comportaient comme des « prêteurs sur gages ». En 2020, Li Huaiqing, entrepreneur et philanthrope de renom, a été condamné à 20 ans de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir d’État ». En 2021, Lai Xiaomin, patron d’un fonds d’investissement chinois, accusé d’avoir touché des pots-de-vin, a été exécuté. Et ils n’étaient pas les seuls…
Les milliardaires chinois ont compris désormais qu’ils ne sont qu’un rouage du Parti communiste et qu’ils n’ont pas vocation à s’exprimer en dehors de la ligne du parti.
Et l’Europe ?
Les Européens n’ont pas de Donald Trump en politique. Mais leur personnel politique, leurs élus, sont curieusement réceptifs à l’argent facile du Qatar. Cet oligarque islamiste dépense sans compter en Occident pour contrôler des clubs sportifs, des médias, des cours pénales internationales, des universités, des think tanks, des ONG et même des responsables politiques européens…




























