Selon cette proposition, la Russie serait autorisée à établir une base navale sur la côte soudanaise, probablement à Port-Soudan, pour une durée de vingt‑cinq ans. En échange, Khartoum bénéficierait d’un soutien militaire renforcé et d’avantages économiques jugés cruciaux dans un contexte de crise profonde.
La rédaction de Mondafrique
Le gouvernement militaire soudanais a présenté à Moscou une offre qui pourrait transformer l’équilibre stratégique en mer Rouge.Le projet prévoit l’accueil simultané de quatre navires de guerre russes, y compris des bâtiments à propulsion nucléaire, appuyés par environ 300 militaires stationnés en permanence. Une telle implantation donnerait à la Russie un accès direct et durable à l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde, reliant l’océan Indien à la Méditerranée via le canal de Suez. Pour Moscou, qui cherche depuis des années un point d’appui stable sur le continent africain, la base constituerait un levier majeur pour projeter sa puissance navale au-delà de la Méditerranée orientale.
Pour le Soudan, l’offre reflète à la fois la recherche de nouveaux partenaires et la volonté de monnayer une position géographique stratégique. Isolé par la guerre civile et soumis à des sanctions ou à des pressions occidentales, le régime militaire espère obtenir des systèmes d’armes modernes, une coopération sécuritaire accrue et, potentiellement, des investissements dans le secteur minier et les infrastructures portuaires. Le pays, déjà l’un des principaux producteurs d’or en Afrique, pourrait aussi utiliser cet accord comme outil de négociation face aux puissances régionales du Golfe et à la Chine, également présentes en mer Rouge.
Toutefois, le projet suscite des inquiétudes chez plusieurs acteurs internationaux. Les États‑Unis, les pays européens et certains voisins redoutent une militarisation accrue d’un couloir maritime déjà saturé de bases étrangères, notamment à Djibouti. Ils craignent aussi que la présence russe ne renforce les factions soudanaises engagées dans le conflit interne, au détriment des efforts de médiation. La dégradation de la sécurité à Khartoum et dans plusieurs régions du pays a d’ailleurs conduit Moscou à reconnaître que la mise en œuvre de l’accord pourrait être retardée, voire suspendue, tant que la situation politique restera instable.
Au-delà de ses implications locales, cette base navale symbolise la compétition grandissante entre grandes puissances autour des points de passage africains. En s’installant durablement sur la côte soudanaise, la Russie renforcerait sa capacité à influencer les flux énergétiques et commerciaux transitant par la mer Rouge, tout en contestant l’avantage naval des pays occidentaux et de la Chine. L’issue de ce projet dépendra cependant des rapports de force internes au Soudan et de la manière dont la communauté internationale répondra à ce nouvel épisode de rivalité géopolitique.

























