Le Festival du film franco-arabe met la Tunisie sous les projecteurs

Du 7 au 16 novembre 2025, le Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec mettra à l’honneur le cinéma tunisien. La réalisatrice franco-tunisienne Hind Meddeb en sera la marraine, aux côtés de Costa-Gavras, fidèle parrain d’honneur de ce rendez-vous cinématographique dédié au dialogue des cultures.

Le Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec (FFFA) revient pour sa 14ᵉ édition, du 7 au 16 novembre 2025, en Seine-Saint-Denis et à Paris. Fidèle à sa vocation de créer des passerelles entre les deux rives de la Méditerranée, l’événement met cette année à l’honneur la cinématographie tunisienne, dans toute sa diversité et son foisonnement.

C’est la réalisatrice franco-tunisienne Hind Meddeb qui a été choisie comme marraine de cette édition, aux côtés de Costa-Gavras, parrain d’honneur du festival depuis 2016. La cinéaste, connue pour ses films engagés et ses documentaires au plus près des réalités sociales et politiques du monde arabe, accompagnera plusieurs projections et prendra part à la soirée inaugurale du 7 novembre au Cinéma Le Trianon.

Avant le lancement officiel du festival, une soirée de présentation de la programmation aura lieu le 24 octobre au Trianon, avec la projection en avant-première du film Promis le ciel d’Erige Sehiri, en présence de la réalisatrice et de son actrice principale Aïssa Maïga. Une manière d’annoncer la couleur : un cinéma d’auteur ancré dans le réel, tourné vers la jeunesse et porté par des voix féminines fortes.

Un festival au croisement des cultures

Créé en 2012, le Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui défendent un cinéma de dialogue et d’ouverture. Chaque édition met à l’honneur un pays arabe dont il explore la production contemporaine et les figures émergentes, tout en donnant la parole aux cinéastes des diasporas. Cette année, le focus sur la Tunisie permettra de découvrir une génération de réalisatrices et réalisateurs qui portent un regard libre sur la société post-révolutionnaire, entre urgence du témoignage et désir de fiction.

Le choix de Hind Meddeb comme marraine s’inscrit naturellement dans cette continuité. Fille d’un journaliste tunisien et d’une mère algéro-marocaine, née et élevée en France, la réalisatrice incarne à elle seule la pluralité culturelle que le festival s’attache à célébrer. « Je me suis toujours reconnue dans la programmation de ce festival, étant moi-même une enfant franco-arabe », confie-t-elle dans le communiqué du FFFA. « Je suis née d’une maman algéro-marocaine et d’un papa tunisien. J’ai toujours circulé entre les deux rives de la Méditerranée. »

Après des études de journalisme et une première expérience sur les terrains de l’actualité, Hind Meddeb s’oriente vers le documentaire, un format qui lui permet de mêler regard personnel et engagement politique. Ses films Electro Chaâbi (2013), Tunisia Clash (2015), Paris Stalingrad (2019) et Soudan, souviens-toi (2023) témoignent d’un même désir : donner la parole à ceux qu’on entend peu, des jeunes de la révolution tunisienne aux exilés soudanais.

Durant le festival, trois de ses œuvres seront projetées — Electro Chaâbi, Tunisia Clash et Soudan, souviens-toi — au Cinéma Le Trianon et à l’Institut des Cultures d’Islam, à Paris. Des rencontres avec la réalisatrice viendront ponctuer ces séances pour prolonger la discussion autour de son cinéma et des thématiques qu’il soulève : résistance, exil, jeunesse, création.

Pour Hind Meddeb, le rôle de marraine n’est pas symbolique. « Nous sommes de plus en plus nombreux à être des enfants entre deux continents ; ce festival nous tend un miroir et nous fait du bien », dit-elle. « C’est dans des événements comme celui-ci que se tissent des liens pour l’avenir, que circule une parole encore trop rare. » Un écho évident au projet du festival, qui a toujours défendu un cinéma du réel et du lien.

En 2025, alors que la Méditerranée demeure une zone de fractures et de tensions, le FFFA continue d’affirmer la place du cinéma comme espace de dialogue. Sa programmation réunit des œuvres venues de Tunisie, du Liban, de Palestine et du Soudan, mais aussi des films français qui interrogent le rapport aux origines, à la mémoire et à l’identité.

La présence de Costa-Gavras, fidèle parrain du festival, renforce cette dimension politique et humaniste. Le réalisateur franco-grec, connu pour ses films sur la dictature, la censure et l’engagement citoyen, partage avec Meddeb une conviction commune : l’art, et le cinéma en particulier, peuvent encore éclairer le monde et préserver l’espoir.

Pour le public, cette 14ᵉ édition s’annonce riche en avant-premières, rencontres et débats. Elle permettra de mesurer combien la création arabe contemporaine s’émancipe des clichés et conquiert une reconnaissance internationale. Des réalisatrices comme Kaouther Ben Hania, Erige Sehiri ou Moufida Tlatli ont ouvert la voie à une nouvelle génération pour qui l’image est un outil de résistance autant qu’un espace d’introspection.

Le Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec s’affirme ainsi comme un lieu de circulation des œuvres et des idées, un espace où la France et le monde arabe se rencontrent autrement que par le prisme de l’actualité. En donnant à voir des récits intimes et universels, il rappelle que les deux rives partagent un même horizon : celui d’un cinéma vivant, libre et curieux des autres.

Pour Hind Meddeb, cette mission est essentielle : « La seule chose qu’il nous reste quand partout la guerre et l’autoritarisme prolifèrent, c’est l’art sous toutes ses formes. Continuons à créer pour rester vivants, pour que, même là où tout s’effondre, le dialogue perdure. »