Au Sénégal, nous allons droit vers une affaire judiciaire impliquant directement l’ancien président de la République, Macky Sall. L’actuel pouvoir vise les manquements financiers qui ont sanctionné sa fin de mandat et abimé son image qui était bonne sur la scène internationale au point de postuler pour une possible candidature au secrétariat de l’Organisation des Nations unies avec l’appui discret d’Emmanuel Macron.
Ibrahima Dieng (correspondance Dakar)

Même éloigné de Dakar, Macky Sall continue son “Mortal kombat” avec son ennemi politique, Ousmane Sonko. Pastef, le parti au pouvoir a déposé son projet de résolution de mise en accusation contre Macky Sall devant la Haute cour de justice. L’information a été donnée par Ayib Daffé, président du groupe parlementaire de Pastef. L’actuel régime est prêt à en découdre juridiquement avec l’ancien chef de l’État.
La mèche, bien avant le dépôt du texte juridique, a été vendue par l’un des influents responsables de Pastef, Fadilou Keita, par ailleurs directeur général de la Caisse des Dépôts et des Consignations. «C’est un dossier qu’on a vu de nos propres yeux, dit-on dans son entourage,il y a son engagement, sa signature. Donc, on le poursuivra pour haute trahison et on l’arrêtera »
L’enclenchement du processus de mise en accusation de Macky Sall intervient dans un contexte où son petit frère, Aliou Sall et sa femme ont été élargis de prison et mis sous contrôle judiciaire, après avoir cautionné 381 000 euros. De même l’ancien puissant ministre Mansour Faye par ailleurs grand frère de l’ancienne première dame, Mareme Faye Sall, a quitté la prison après six mois de détention.
Des « écarts financiers visés »
Ousmane Sonko, premier ministre promet « l’enfer aux pilleurs »
Au Sénégal, le pouvoir ne cesse de pointer`du doigt un lourd héritage économique et financier. Concrètement le régime en place reproche à Macky Sall d’avoir dilapidé les ressources publiques à travers la manipulation des chiffres et une dette cachée. « Le régime du Président Macky Sall a menti au peuple et aux partenaires en falsifiant les chiffres pour donner une image économique qui n’a rien à voir avec la réalité », a dit récemment le premier ministre Ousmane Sonko, promettant l’enfer aux « pilleurs ».
La réponse de Macky Sall n’a pas tardé. Lors une interview à New York, il dit regretter les propos du premier ministre Ousmane Sonko qui, selon lui, sont dénoués de tout fondement. Pour lui, la « dette cachée » évoquée par l’actuel régime, est un faux débat. « Je regrette les propos du Premier ministre qui sont totalement faux et qui ont conduit à une dégradation de la note du Sénégal. Les résultats des investissements de mon administration sont tellement visibles qu’il ne devrait même pas y avoir de débat. J’ai quitté un pays où les indicateurs étaient au vert », at-il répliqué sans doute de façon un peu tranchée face à une réalité budgétaire qui est nettement moins à son avantage.
Sénégal, Macky Sall laisse les finances publiques dans le rouge
Selon lui, les devises étrangères mobilisées sont ensuite « déposées auprès de la Bceao qui assure le change ». « Cette dette en devise quand elle vient, elle passe par la Bceao. Elle la convertit et émet ensuite de la monnaie locale qu’elle donne au Gouvernement du Sénégal. Il est impossible de cacher la dette avec tout ce processus », a ajouté Macky Sall, assurant que toutes les opérations ont été effectuées en toute transparence et dans les règles de l’art.
Une ombre qui dérange
Macky Sall même s’il a quitté le pouvoir depuis près de 18 mois, ne lâche pas prise. À plusieurs reprises, il a croisé le chemin du président de la République Bassirou Diomaye Faye. La dernière rencontre en date a eu lieu lors de l’Assemblée des Nations unies, à Washington. En marge de l’événement, l’ex chef d’état a présenté son ouvrage, « L’Afrique au cœur », et s’offrant un bain de foule à travers des séances de dédicaces et des participations à des panels sur des problématiques continentales.
L’ancien Président a même récemment abordé une possible candidature au secrétariat de l’Organisation des Nations unies. « C’est un sujet qui est sur la table depuis quelques temps. Beaucoup de personnes, beaucoup d’organisations même ou de pays qui pensent que je devrais pouvoir candidater pour le poste de secrétaire général de l’ONU après le secrétaire général Guterres. Je ne pourrais envisager de candidature que dans l’hypothèse où évidemment cela serait une volonté des pays qui le souhaitent, des pays membres mais surtout des pays membres du conseil de sécurité, en particulier les membres permanents », a dit Macky Sall sur la question.
A l’en croire, son parcours va lui permettre d’aider à bâtir une organisation nouvelle refondée à la lumière des difficultés que l’ONU a aujourd’hui.
Le Maroc, base arrière
La posture d’opposant irréductible de Macky Sall gêne au plus haut niveau. Le parti au pouvoir parle d’ingérence intentionnelle et d’un manque d’élégance pour saper l’action internationale de l’actuel président de la République, Bassirou Diomaye Faye. Une certidude, Macky Sall cherche à tirer les ficelles politiques à Dakar à partir du royaume chérifien. Les actions de ses lieutenants s’intensifient dans le but de reconquérir le pouvoir en 2029.
Encore faudrait-il que Macky Sall pour représenter un danger puisse ne pas devenir indésirable chez ses amis marocains, un scénario évoqué par Cridem.org, un site mauritanien d’autant plus crédible que Macky Sall y a ses entrées. Ce media est le premier à avoir publié l’information sur un départ possible du président sénégalais du Maroc qui ne peut pas se permettre une brouille avec le Sénégal. Dans la foulée, la nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre dans toute la presse sénégalaise, avant que le pouvoir marocain démente mollement
Depuis, le Maroc a essayé de calmer la tempête naissante. Un proche du cabinet du roi a ainsi déclaré à Confidentiel Afrique « C’est vous qui me l’apprenez, je ne sais pas vraiment d’où vient cette information. A l’heure où je vous parle, aucune procédure administrative ou pénale allant dans le sens d’extrader Macky SALL vers Dakar n’est à l’ordre du jour, ou en instance de traitement. Les autorités sénégalaises ne nous ont pas saisies ». Fermer le ban ? Pas vraiment, car Confidentiel Afrique ajoute : « Cette sortie médiatique toutefois surprenante, est perçue auprès du premier cercle du Roi Mohamed VI comme une sorte de ballon de sonde, pour jauger la capacité de résilience de survie encore sur le territoire marocain de l’ex-président Sall. » Ce qui confirme l’hypothèse selon laquelle il n’y a pas de fumée sans feu !
L’ancien président sénégalais s’est installé avec son épouse Marième Faye Sall dans leur somptueuse villa de Marrakech en avril 2024, juste après avoir quitté ses fonctions présidentielles. Une demeure que l’ancien chef de l’Etat apprécie particulièrement et dans laquelle il s’est souvent rendu en famille ces dernières années. En raison de sa très bonne relation avec Mohamed VI, il pensait y vivre à l’abri, loin des affres de la vie politique sénégalaise et y avait même installé sa holding pour se lancer dans le business.
La bataille est lancée entre Macky Sall et ses successeurs, elle sera rude !.
La rentrée difficile du pouvoir sénégalais































