Mi-septembre, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra se rendra aux Émirats arabes unis à l’invitation de Mohammed bin Zayed.
Ce déplacement, présenté comme une étape clé dans le renforcement des partenariats sécuritaires et économiques, pourrait toutefois exposer la République centrafricaine à des répercussions géopolitiques majeures, notamment de la part du général soudanais Abdel Fattah al-Burhan et de ses soutiens.
Abou Dhabi, un partenaire clé
L’un des enjeux silencieux mais cruciaux de cette visite concerne le financement des prochaines élections en Centrafrique. Le gouvernement de Bangui, confronté à des contraintes budgétaires sévères, compte sur le soutien des Émirats pour garantir le bon déroulement du processus électoral.
• Soutien logistique et financier : Abou Dhabi pourrait fournir des ressources pour l’organisation matérielle du scrutin, la sécurisation des bureaux de vote et la formation des agents électoraux.
• Renforcement de la légitimité internationale : Un appui visible des Émirats permettrait à Touadéra de boucler le financement des élections à venir.
Mais ce soutien n’est pas sans contrepartie : il pourrait renforcer l’influence émiratie sur les orientations politiques et économiques du pays, au risque d’alimenter des suspicions internes et régionales.
Khartoum en embuscade : une riposte à craindre
Le rapprochement entre Bangui et Abou Dhabi intervient dans un contexte explosif. Les Émirats sont accusés de soutenir les Forces de Soutien Rapide (RSF), ennemies jurées du régime d’al-Burhan au Soudan. Ce dernier pourrait percevoir la visite de Touadéra comme une prise de position implicite en faveur de ses adversaires.
Et un événement récent vient renforcer cette inquiétude : le Boeing 737-700 privé de Royal Jet (immatriculé A6-RJF), fréquemment utilisé par le chef des RSF, le général Mohamed Hamdan Dagalo dit Hemedti, a atterri aujourd’hui à l’aéroport international de Bangui M’Poko après avoir décollé d’Abu Dhabi. Ce vol, hautement symbolique, pourrait être interprété comme un signal d’influence croissante des RSF en Centrafrique.
• Menace de déstabilisation indirecte : Des groupes armés opérant dans la région frontalière entre le Soudan et la RCA pourraient être réactivés pour semer le chaos.
• Pressions diplomatiques et sécuritaires : Khartoum pourrait mobiliser ses alliés pour isoler Bangui ou entraver le processus électoral à venir.
Un équilibre diplomatique à préserver
Touadéra joue une carte dangereuse : celle d’une diplomatie tournée vers des partenaires non traditionnels. Dans un environnement régional polarisé, chaque geste est scruté. La RCA ne devrait-elle pas veiller à ne pas devenir un terrain de projection pour des conflits qui la dépassent ?