La convergence entre Pékin et Tunis face à l’hégémonie occidentale

La visite à Tunis d’Abbas Araghchi, le ministre iranien des Affaires étrangères, mercredi 10 septembre, a donné lieu à plusieurs annonces qui visent à renforcer les relations entre Tunis et Téhéran.

Selim Jaziri

Une commission mixte tuniso-iranienne se réunira prochainement pour accélérer la mise en œuvre de projets de coopération économique et scientifique, tandis que Tunis Air a annoncé la création d’un vol direct entre Tunis et Téhéran. Depuis cet été, une liaison aérienne hebdomadaire entre Téhéran et Monastir permet déjà aux touristes iraniens de se rendre en Tunisie. Le ministre a  également annoncé la suppression des visas de court séjour pour les Iraniens se rendant en Tunisie. Toutefois une mesure similaire avait été annoncée en juin 2024.

Toutefois, pour le moment, les échanges commerciaux demeurent modestes et le réchauffement de cette relation répond avant tout à des préoccupations politiques. Les deux États ont surtout exprimé des convergences de vue sur la situation internationale, notamment sur la menace que représente Israël pour la région.

L’Iran en quète d’alliés

Téhéran, sous pression d’un renforcement de l’hégémonie américano-israélienne au Proche-Orient, cherche à élargir sa présence régionale, notamment, selon les termes de d’Abbas Araghchi, « dans un pays d’Afrique du Nord, situé sur la ligne de front face à la rive méditerranéenne de l’Europe ». Le ministre iranien a d’ailleurs remercier la Tunisie pour son soutien face aux pressions israéliennes et américaines.

Kaïs Saïed entend diversifier le système d’alliances de la Tunisie et donner corps à sa tentative de l’inscrire dans le « sud global ». Une préoccupation partagée avec l’Algérie qui cherche, elle aussi, à desserrer l’étau entre le Maroc et l’Égypte, deux alliés des États Unis, qui ont normalisé leurs relations avec Israël.

Il n’est pas certain que les États-Unis, avec lesquels l’armée tunisienne entretient des relations étroites, apprécient outre mesure un tel rapprochement tuniso-iranien.

Le Hamas à Tunis?

Par ailleurs, plusieurs sources proches des services de sécurité affirment que lors de sa rencontre à Tunis avec Kaïs Saïed, le 10 septembre dernier, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, aurait évoqué la possibilité pour la Tunisie d’accueillir des cadres du Hamas, sous couverture iranienne. Cette démarche rentre dans le cadre de la recherche d’une issue à la guerre à Gaza. D’autres pays auraient été sollicités.

Cette information, reprise par la chaîne franco-israélienne i24News, n’a pas été confirmée et rien n’indique pour le moment que Kaïs Saïed ait donné une suite favorable à cette demande.