La Russie « partenaire stratégique » des élections en Centrafrique !

À l’approche des élections générales du 28 décembre 2025, la République centrafricaine se retrouve dans une situation critique. Avec un déficit budgétaire de près de 4 milliards de francs CFA (environ 6 millions d’euros), le pays peine à mobiliser les ressources nécessaires pour organiser les scrutins prévus (présidentiel, législatif et municipal). Face à cette impasse, la Russie s’est proposée comme partenaire stratégique. Quels sont les enjeux de cette offre qui pourrait compromettre la crédibilité du processus électoral ?

Par Barthélémy Kolapo

Le budget total requis pour les élections est estimé à 9 milliards de francs CFA (≈ 13,7 millions d’euros). À ce jour, seuls 5 milliards ont été mobilisés, entraînant déjà le report des élections locales. Ce manque de financement met en péril l’ensemble du calendrier électoral, dans un pays où les institutions démocratiques restent fragiles. Le 19 août, l’ambassadeur russe à Bangui Alexandre Bikantov a confirmé la volonté de Moscou d’apporter un soutien logistique et matériel. Ce soutien pourrait inclure l’acheminement d’équipements électoraux, la formation d’agents, et un appui technique à l’Autorité nationale des élections (ANE). Mais aucun détail n’a été fourni sur les montants ou les modalités de financement, ce qui suscite des interrogations sur la transparence de cette coopération.

Les risques sont multiples et pourraient entacher la légitimité du scrutin. L’implication russe pourrait refroidir les bailleurs traditionnels qui vont certainement exiger des garanties de neutralité. Par ailleurs, les sanctions occidentales contre la Russie compliquent les transferts financiers. Si Moscou a recours à des circuits non officiels, la RCA pourrait être exposée à des sanctions secondaires ou à une suspension de l’aide multilatérale. Malgré sa présence sécuritaire via Wagner ou ses successeurs, la Russie ne dispose pas d’une infrastructure électorale éprouvée en RCA. Le soutien proposé reste flou et ne répondra probablement pas aux standards internationaux. Les observateurs internationaux pourraient remettre en question la légitimité du scrutin, affectant la reconnaissance des résultats et la stabilité post-électorale.