La diaspora touarègue bat le rappel !

En Normandie, la diaspora touarègue réaffirme son identité et dénonce les violences dans le Sahel central
 
Normandie (France) – Du 15 au 17 août 2025, plus de trois cents participants se sont retrouvés en Normandie pour la 18ᵉ Rencontre annuelle de la diaspora touarègue en Europe, organisée par l’Organisation de la diaspora touarègue en Europe (ODTE). Dans un communiqué publié le 19 août, l’ODTE souligne que cette édition fut « avant tout un espace de dialogue autour de la culture touarègue ainsi que des préoccupations liées à la situation actuelle du peuple touareg et, plus largement, du Sahel central ».
 
Au-delà des animations culturelles, cette rencontre a été marquée par une table ronde consacrée à l’actualité dramatique du Sahel, où les populations civiles nomades – touarègues comme peules – paient un lourd tribut aux offensives militaires des juntes malienne et burkinabè. Selon de nombreux témoignages relayés au cours du débat, ces opérations sont souvent menées avec l’appui de mercenaires russes de Wagner/Africa Corps et appuyées par des tirs de drones contre des campements et des hameaux nomades.
 

Des voix touarègues influentes 

 
Parmi les intervenants, figuraient plusieurs personnalités reconnues pour leur engagement en faveur de l’identité touarègue et de la défense des droits humains :
 
Issouf Maha, écrivain, ancien élu du Niger, et fervent défenseur de la cause touarègue et azawadienne ;
 
Abdoulahi Attayoub, président de l’ODTE, figure centrale de la diaspora ;
 
Hadizatou Mint Ziddou, ancienne membre du comité de suivi de l’accord de paix et de réconciliation au Mali ;
 
Mohamed Ag Ahmedou, journaliste et acteur de la société civile originaire des régions de Tombouctou et Taoudeni.
 
 
Tous ont dénoncé, avec force, « les atrocités qui visent les populations civiles nomades du nord du Mali et du Burkina Faso », rappelant que la spirale des violences menace désormais la survie même de ces communautés pastorales.
 
Une minute de silence controversée
 
Le communiqué de l’ODTE revient également sur un épisode qui a suscité des « interprétations inappropriées » : une minute de silence observée lors de la table ronde. L’organisation précise qu’il s’agissait d’« un hommage à toutes les victimes de la situation actuelle, y compris les membres des forces de défense et de sécurité », sans que ce geste ne puisse être assimilé à une prise de position en faveur de décisions politiques ou militaires controversées.
 
Refusant d’alimenter les polémiques, notamment sur les réseaux sociaux, l’ODTE insiste sur la nature « culturelle et conviviale » de sa rencontre annuelle, tout en réaffirmant que chaque participant reste libre d’exprimer ses opinions personnelles sans engager l’organisation.
 
Préserver la culture et défendre les droits
 
Depuis sa création, l’ODTE et ses figures de proue comme Abdoulahi Attayoub et Issouf Maha se sont imposées comme des porte-voix d’une identité touarègue menacée, tout en militant pour la paix et la dignité des populations sahéliennes. Dans un contexte où la militarisation croissante du Mali et du Burkina Faso s’accompagne d’exactions contre les civils, leur message résonne avec une acuité particulière : préserver la culture touarègue et dénoncer sans relâche les violences qui frappent l’Azawad et le Sahel central.
 
 
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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)