Cette nomination constitue une occasion de renforcer l’engagement de l’UA et de promouvoir les droits humains
(Nairobi, 25 juillet 2025) – La nomination par l’Union africaine (UA) du président du Burundi au poste d’envoyé spécial pour le Sahel renforce la capacité de l’UA à répondre aux enjeux les plus urgents en matière de droits humains au Mali, au Burkina Faso et au Niger, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans une lettre adressée au président Évariste Ndayishimiye.
La nomination d’Évariste Ndayishimiye le 17 juillet 2025 intervient à un moment critique pour le Sahel, marqué par une recrudescence des menaces contre les civils dans le cadre de conflits armés, l’autoritarisme croissant des juntes militaires et la marginalisation grandissante d’institutions indépendantes, notamment l’UA et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ces dynamiques ont érodé l’état de droit, renforcé l’impunité pour les violations graves des droits humains et rendu les civils de plus en plus vulnérables.
« Malgré le bilan très préoccupant du Burundi en matière de droits humains, le président Ndayishimiye a désormais l’opportunité de promouvoir les droits humains ainsi qu’une gouvernance fondée sur les droits dans la région du Sahel », a déclaré Allan Ngari, directeur du plaidoyer pour l’Afrique à Human Rights Watch. « Ne pas le faire reviendrait à tolérer dangereusement l’autoritarisme sous couvert de diplomatie. »
Évariste Ndayishimiye devrait mettre l’accent sur le respect des droits humains et de l’État de droit dans l’approche de l’UA vis-à-vis du Sahel et répondre aux préoccupations majeures suivantes :
Les groupes armés islamistes et les forces de sécurité gouvernementales continuent de commettre de graves violations du droit international humanitaire, y compris des crimes de guerre et de potentiels crimes contre l’humanité. À la mi-2025, les conflits armés au Sahel avaient causé la mort d’au moins plusieurs dizaines de milliers de civils, provoquant l’une des crises humanitaires les plus graves au monde et contraignant plus de trois millions de personnes à quitter leur foyer.
Depuis 2020, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont connu des coups d’État militaires. Les juntes militaires au pouvoir ont fait preuve d’intolérance vis-à-vis de l’opposition politique et de la dissidence. L’espace civique et politique s’est réduit à mesure que la répression contre les journalistes, les militants de la société civile et les membres des partis d’opposition s’est intensifiée, notamment par le biais de détentions arbitraires, de disparitions forcées et de conscriptions illégales. Les dirigeants militaires des trois pays ont consolidé leur pouvoir sans élections, retardant ainsi le retour à un régime civil démocratique.
Les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont ignoré les appels à la reddition des comptes et n’ont pas respecté leurs obligations légales internationales d’enquêter sur les violations graves des droits humains commises par leurs forces de sécurité et de traduire les responsables en justice, laissant ainsi l’impunité s’installer et encourageant les auteurs de ces violations. En 2025, les trois pays ont officiellement quitté la CEDEAO, privant ainsi leurs citoyens de la possibilité de demander justice pour des violations des droits humains devant la Cour de justice de la CEDEAO.
« L’envoyé spécial de l’UA devrait engager un dialogue constructif avec les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger sur les obligations de leurs gouvernements respectifs en matière de protection des droits humains », a conclu Allan Ngari. « Il devrait veiller à ce que la stratégie de l’UA pour le Sahel donne la priorité à la protection des civils en danger, au respect des droits civils et politiques, ainsi qu’à la promotion de la justice et de la reddition des comptes. »
Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur le Burkina Faso, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/
Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur le Mali, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/africa/
Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur le Niger, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/