Les Accords d’Abraham : les véritables perdants

La totalité de la région est la seule perdante incontestable du jeu de dupes qui s’est joué au Moyen Orient. 

Le Liban, déjà au bord de l’effondrement, s’est rapproché du précipice. La Syrie et l’Irak sont redevenus des terrains d’affrontements. Les régimes du Golfe, impatients de voir le Hezbollah affaibli, ont applaudi un incendie qu’ils devront peut-être bientôt éteindre chez eux.

Les Accords d’Abraham, présentés comme l’architecture d’un nouveau Moyen-Orient, se sont révélés creux sous les bombes. Aucune nouvelle alliance. Aucune stabilité. Rien qu’un morcellement régional toujours plus profond.

Quant au Hezbollah, il a observé, appris, et s’adapte. Loin d’être acculé, il se prépare — convaincu que la prochaine guerre, comme la précédente, exposera davantage les limites d’Israël que sa force.
« Quand la victoire se résume à la survie, chacun gagne. »
Mais dans une région avide de changement réel — paix, dignité, souveraineté — c’est là la plus tragique des illusions.

Et maintenant ?
Ce qui vient n’est pas la paix — c’est la préparation d’autres conflits.
L’Iran et le Hezbollah se réarment, se réorganisent, se réalignent.
Israël révise sa doctrine.
Trump reconditionne ses contradictions, tentant d’incarner à la fois le chef de guerre et le pacificateur.
Mais les tensions fondamentales demeurent : l’Iran ne se désarmera pas, Israël ne reculera pas, et les États-Unis ne retrouveront aucune crédibilité stratégique tant qu’ils sous-traitent leur politique moyen-orientale à Netanyahou.
La prochaine guerre n’éclatera peut-être pas demain — mais sa charpente est déjà dressée. Et lorsqu’elle arrivera, aucun discours, aucune frappe, aucun slogan de campagne ne masquera la vérité :
Ce n’était pas une victoire. C’était un avertissement.