La semaine culturelle africaine (27 juin- 4 juillet) en sept temps forts

De Makhanda à Paris, de Londres à Lagos, la scène africaine s’embrase cette semaine entre afrobeat planétaire, théâtre nomade et performances engagées. Qu’ils électrisent un stade ou traversent la ville en marionnettes géantes, les artistes du continent imposent une Afrique contemporaine, inventive, festive et politique.

Davido fait trembler le Parc des Princes le 28 juin à Paris pour l’AFREXIMfest

Le 28 juin, le Parc des Princes accueillera Davido en tête d’affiche du festival AFREXIMfest. Une première pour l’artiste nigérian à Paris dans un stade mythique, qui confirme la place de l’afrobeat dans les plus grandes scènes mondiales.

C’est un événement de taille, au sens propre comme au figuré. Le 28 juin, Davido, superstar nigériane de l’afrobeat, se produira en live au Parc des Princes, à l’occasion du festival AFREXIMfest, organisé par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank). Ce concert exceptionnel, attendu par des milliers de fans, marque non seulement le retour de Davido à Paris, mais aussi une étape décisive dans la reconnaissance globale des musiques africaines. L’afrobeat entre ici dans l’arène des grandes messes musicales : un stade de football mythique, une scène monumentale, un public immense.

Davido n’est pas un inconnu pour le public francophone. Depuis ses premiers tubes dans les années 2010, il n’a cessé d’élargir son audience, devenant l’un des visages les plus emblématiques de l’industrie musicale nigériane. Avec des morceaux comme Fall, If, ou Unavailable, il a su fédérer un public international, bien au-delà des frontières du Nigeria. Sa musique mêle énergie rythmique, mélodies accrocheuses, et productions sophistiquées, avec une touche personnelle qui fait la différence. Il ne se contente pas d’aligner les hits, il incarne un style.

Ce concert s’inscrit dans le cadre du festival AFREXIMfest, organisé en marge des assemblées annuelles d’Afreximbank, qui se tiennent exceptionnellement à Paris cette année. L’événement entend célébrer la créativité africaine sous toutes ses formes, et le concert de Davido en est le point d’orgue.

Le show promet d’être spectaculaire. L’artiste a déjà donné des concerts grand format à Londres (O2 Arena), à Atlanta ou à Lagos, avec une mise en scène digne des plus grands. Chorégraphies millimétrées, projections immersives, guests surprises : tout est pensé pour offrir une expérience totale. À Paris, il aura à cœur de livrer une prestation mémorable, entre tubes planétaires et titres plus récents. Le Parc des Princes, rarement associé à la musique afrobeat, s’apprête à vibrer autrement.

Artiste engagé, Davido impose sa musique telle qu’elle est, dans sa langue, avec ses codes, son esthétique. Pour les spectateurs présents, l’événement sera sans doute inoubliable. Davido en live, dans un stade mythique, devant un public survolté, au cœur de Paris : tout est réuni pour une soirée dense, chaude, généreuse. Le succès de cette date pourrait bien ouvrir la voie à d’autres artistes africains dans les grands lieux de la scène française.

Le 28 juin, c’est l’afrobeat qui prendra possession du Parc des Princes. Et c’est Davido, en maître de cérémonie, qui en donnera le tempo.

Informations pratiques

Date : samedi 28 juin 2025
Heure : début du concert à 20 h
Lieu : Parc des Princes, 24 rue du Commandant Guilbaud, 75016 Paris
Accès : métro ligne 9 (Porte de Saint-Cloud) ou ligne 10 (Porte d’Auteuil)
Billetterie : en ligne via les plateformes officielles (Ticketmaster, Fnac Spectacles, SeeTickets)
Ouverture des portes : à partir de 18 h
Durée estimée : 2 h
Places assises et debout – placement selon catégorie de billet

Rema électrise l’Accor Arena à Paris le 28 juin

Le prodige nigérian Rema se produit à l’Accor Arena le 28 juin. Figure phare de l’afrobeat contemporain, il promet un show à la hauteur de son ascension fulgurante, entre tubes planétaires et énergie scénique débridée.

Il est l’un des visages les plus éclatants de la nouvelle génération nigériane. À seulement 24 ans, Rema s’impose comme un phénomène global. Son concert du 28 juin à l’Accor Arena, dans l’une des plus grandes salles parisiennes, marque une étape symbolique de sa conquête internationale. Ce jeune artiste, né Divine Ikubor à Benin City, est passé en quelques années des studios de Lagos aux charts européens. Son tube « Calm Down », propulsé en orbite mondiale grâce à un remix avec Selena Gomez, a scellé sa notoriété bien au-delà du continent africain. Mais Rema n’est pas un simple phénomène viral : il est le porte-drapeau d’un afrobeat hybride, sensuel, mélodique, façonné pour une génération ultra-connectée.

À Paris, le public l’attend avec ferveur. Le concert affiche complet depuis plusieurs semaines, signe que sa musique touche une audience bien plus large que celle des diasporas africaines. L’Accor Arena, souvent réservée aux têtes d’affiche internationales, accueille ainsi pour la première fois en solo un artiste afrobeat de cette nouvelle vague. C’est un moment fort, presque historique, pour une scène longtemps cantonnée aux clubs et aux festivals de niche.

Ce qui distingue Rema, c’est son aisance à naviguer entre les genres. Afrobeat, trap, pop, reggaeton : il mêle tout avec un naturel désarmant. Il a le flow des rappeurs américains, l’aisance vocale des chanteurs de R&B, et la cadence innée de la musique nigériane. Son style vestimentaire est à son image : moderne, excentrique, entre influences streetwear et touches africaines. Sur scène, il déploie une énergie redoutable, multipliant les interactions avec le public, dansant sans relâche, posant sa voix avec justesse sur chaque beat. On y retrouve une maîtrise rare chez un artiste de son âge.

Le show parisien s’annonce spectaculaire. Rema est connu pour ses mises en scène millimétrées : visuels percutants, éclairages puissants, chorégraphies léchées. Il conçoit ses concerts comme des immersions totales, où le public ne se contente pas d’écouter, mais participe, chante, danse, vit la musique. Si ses précédents concerts à Londres, New York ou Lagos ont fait salle comble, Paris représente un enjeu particulier. Capitale culturelle exigeante, mais aussi carrefour des cultures africaines en Europe, la ville incarne à la fois un défi et un tremplin. Rema le sait, et s’est préparé en conséquence.

Son premier album, Rave & Roses, est un concentré de cette identité musicale kaléidoscopique. Porté par des titres comme « Soundgasm », « Bounce » ou « Ginger Me », il déroule un univers à la fois intime et cosmopolite, sensuel et électrisant. Mais c’est sur scène que Rema révèle toute sa dimension. Le concert de l’Accor Arena permettra à ses fans de découvrir ou redécouvrir la richesse de son répertoire, mais aussi de mesurer ce que signifie, aujourd’hui, le succès mondial d’un artiste africain sans passer par les codes anglo-saxons traditionnels.

Informations pratiques
Date : samedi 28 juin 2025
Heure : 20 h
Lieu : Accor Arena, 8 boulevard de Bercy, 75012 Paris
Accès : métro ligne 6 ou 14, station Bercy
Billetterie : complet – vérifier les plateformes de revente officielles
Ouverture des portes : 18 h 30
Durée estimée : 1 h 30 à 2 h
Sécurité renforcée : venir en avance, contrôle obligatoire à l’entrée

AFRODOM Festival embrase Paris avec deux jours 100 % afro

Le AFRODOM Festival revient les 28 et 29 juin au Paris Events Center, pour deux jours de musique, de danse et de culture afro-caribéenne. Entre afrobeat, amapiano et street food créole, le public est attendu nombreux pour célébrer le début de l’été.

L’ambiance promet d’être moite, électrique, et intensément rythmée. Pendant deux jours, les 28 et 29 juin 2025, le Paris Events Center se transformera en capitale éphémère des musiques afrodescendantes. Le AFRODOM Festival, événement désormais bien ancré dans le calendrier culturel parisien, s’impose comme l’un des rares rendez-vous entièrement dédiés aux scènes musicales issues des diasporas africaines et caribéennes. Afrobeat nigérian, amapiano sud-africain, dancehall jamaïcain, kompa haïtien, zouk antillais ou coupé-décalé ivoirien : le spectre est large, les influences multiples, et les beats toujours fédérateurs.

En plein 19e arrondissement, dans l’écrin bétonné du Paris Events Center, les festivaliers pourront circuler d’un espace à l’autre, entre scènes, food courts et corners de créateurs. Le festival se veut aussi sensoriel que sonore : l’odeur des grillades, les éclats de rire, les motifs éclatants du wax, les corps en mouvement, tout participe à une immersion collective. Le public attendu est jeune, urbain, stylé, mais surtout très mélangé, reflet fidèle du Paris d’aujourd’hui. Il n’est plus question ici de niche musicale, mais bien d’une expression populaire et contemporaine qui s’impose peu à peu dans les grandes salles de spectacle.

La programmation 2025 s’annonce éclectique et généreuse. Bien que les organisateurs entretiennent encore un certain mystère autour des têtes d’affiche, des artistes issus des quatre coins du continent et des Caraïbes sont attendus. Le festival accorde aussi une attention particulière aux jeunes talents et aux DJs émergents, figures montantes des scènes afro-européennes. L’espace scénique se partagera entre concerts live et sets prolongés pour laisser toute leur place aux musiques électroniques hybrides nées entre Johannesburg, Lagos, Accra, Paris et Londres.

Outre les performances musicales, l’événement mise sur une offre culinaire variée. Plusieurs food trucks seront disposés autour des scènes, avec des spécialités allant du poulet boucané à l’alloco en passant par les samoussas mauriciens ou les acras de morue. Une manière directe et joyeuse de faire voyager les papilles tout en profitant des lives.

Côté ambiance, l’AFRODOM Festival se distingue par sa capacité à créer une atmosphère à la fois festive et décontractée. On y vient pour danser, certes, mais aussi pour flâner, pour retrouver des amis, pour découvrir des marques de vêtements ou d’accessoires artisanaux. Un espace est notamment consacré aux créateurs, avec des stands proposant du prêt-à-porter inspiré des traditions textiles africaines et caribéennes, des cosmétiques naturels, des bijoux ou encore des objets déco. Il s’agit moins de folklore que d’un écosystème culturel en pleine expansion, porté par une génération créative et connectée.

L’expérience AFRODOM tient aussi à ses codes visuels. L’esthétique compte : les looks sont travaillés, les couleurs franches, les cheveux tressés ou sculptés, les silhouettes stylées. L’image est soignée, parfois spectaculaire, car elle prolonge la musique. Dans une époque où les réseaux sociaux sont devenus l’archive immédiate de nos vies, le festival offre aussi un décor à part entière : installations lumineuses, néons, backdrops graphiques. Tout est mis en place pour que les festivaliers puissent documenter et partager l’instant.

Informations pratiques

Dates : samedi 28 et dimanche 29 juin 2025
Horaires : de 16 h à minuit
Lieu : Paris Events Center, 20 avenue de la Porte de la Villette, 75019 Paris
Accès : métro ligne 7, station Porte de la Villette
Billetterie : en ligne sur Shotgun, Weezevent, ou sur place dans la limite des places disponibles
Tarifs : à partir de 25 € la journée
Restauration : food trucks sur place, paiement par carte conseillé
Conseil : venir tôt pour profiter de l’ambiance dès l’ouverture

Bien dévoile son afrobeat intimiste au Trabendo de Paris le 3 juillet

Le chanteur Bien, issu du groupe kenyan Sauti Sol, se produit en solo le 3 juillet au Trabendo. Une occasion rare de découvrir l’un des talents les plus singuliers de la scène afrobeat actuelle, entre groove, émotion et élégance.

La scène du Trabendo accueillera le 3 juillet prochain un nom encore discret sur les scènes françaises, mais bien connu des amateurs de musiques africaines : Bien, chanteur et auteur-compositeur d’origine kenyane, entame une trajectoire solo après le succès du groupe Sauti Sol, dont il fut l’un des piliers. Ce concert parisien, intimiste par sa jauge mais prometteur par son intensité, s’inscrit dans une tournée européenne qui dévoile une autre facette de cet artiste complet, au carrefour des musiques afrobeat, soul, pop et world.

Bien-Aimé Baraza, de son nom complet, a longtemps brillé au sein de Sauti Sol, formation emblématique de la scène afro-pop est-africaine. En solo, il affine une proposition plus personnelle, mêlant sensualité vocale et écriture introspective. Sa musique est moins dans la démonstration rythmique que dans l’équilibre : chaque titre est porté par une ligne mélodique claire, une production ciselée, une voix chaude et posée. Il ne cherche pas à enflammer les foules par l’exubérance mais à capter l’attention par la justesse de l’émotion. Le concert du 3 juillet s’annonce ainsi comme une respiration dans le tumulte estival, un moment suspendu, propice à la découverte d’un univers singulier.

Dans ses morceaux récents, Bien explore les thèmes de l’amour, du désir, de la perte, avec une élégance rare. Son dernier projet, Alusa Why Are You Topless ?, assume un ton plus mature, porté par une instrumentation sobre et des textes à double fond. Il y mêle des influences diverses : afrobeat, bien sûr, mais aussi rumba congolaise, jazz, ou même reggae, dans une forme résolument contemporaine, loin de tout cliché. Son style rappelle par moments la subtilité de Kwabs, la douceur de Burna Boy dans ses titres les plus calmes, ou encore l’héritage mélodique de la pop africaine des années 1990.

Sur scène, Bien s’impose sans artifice. Il chante vrai, sans surjeu. Sa présence est calme mais magnétique, son rapport au public direct. Ce type de concert en club lui sied parfaitement : la salle du Trabendo, connue pour son acoustique chaleureuse et sa proximité avec l’artiste, permet une connexion immédiate. Les spectateurs y vivront sans doute un moment rare, où la voix, les textes et les instruments dialoguent sans filtre. Le format intimiste est à l’image de son projet solo : une parole plus nue, plus libre, plus incarnée.

Dans un été parisien dominé par les grandes scènes, ce concert au Trabendo offre une alternative précieuse. Ni performance tapageuse, ni récital lisse : Bien invite à écouter autrement. Et pour ceux qui découvriront l’artiste ce soir-là, il y a fort à parier qu’il ne s’agira que d’un début.

Informations pratiques
Date : jeudi 3 juillet 2025
Heure : 20 h
Lieu : Le Trabendo, Parc de la Villette, 211 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris
Accès : métro ligne 5, station Porte de Pantin
Billetterie : sur les plateformes habituelles (Shotgun, Digitick, Fnac)
Ouverture des portes : 19 h
Tarifs : entre 20 € et 25 €
Placement libre, petite jauge – réservation recommandée

54.60 Africa secoue Londres jusqu’au 12 juillet avec un théâtre vibrant et nomade

Jusqu’au 12 juillet, le Arcola Theatre de Londres présente 54.60 Africa, une pièce chorale qui propose un voyage express à travers les 54 pays du continent. Une performance ludique, politique et musicale qui défie les clichés avec énergie.

Comment raconter l’Afrique, tout entière, sur une scène londonienne, en moins de 90 minutes ? C’est le pari audacieux de 54.60 Africa, spectacle actuellement à l’affiche du Arcola Theatre, dans l’Est de Londres, jusqu’au 12 juillet. Le titre, aussi cryptique qu’éloquent, renvoie à un chiffre double : 54, comme le nombre d’États reconnus sur le continent africain, et 60, comme le temps imparti – une heure vingt – pour les traverser dans une forme théâtrale libre et inclassable.

Conçu comme une odyssée fragmentée, 54.60 Africa n’est ni un cours de géographie ni un manifeste idéologique. C’est une mosaïque vivante, portée par une troupe d’interprètes issus de différentes origines africaines et caribéennes, qui jouent, dansent, chantent, dénoncent, rient, interrogent. Le spectacle passe d’un pays à l’autre avec des changements de ton, de langue, de rythme, allant du chant populaire à la scène absurde, de la satire politique à la récitation poétique. Chaque tableau dure à peine quelques minutes, mais en laisse souvent une empreinte forte.

Sur scène, le dispositif est minimal mais efficace. Quelques accessoires, des panneaux amovibles, des costumes colorés, des instruments traditionnels. L’énergie vient des corps, du texte, de la musique. Les interprètes incarnent tour à tour des figures historiques, des archétypes, des voix anonymes : un vendeur de rue à Dakar, une manifestante au Caire, un président fictif en roue libre, une mère en exil. Le rythme est soutenu, presque frénétique, mais jamais mécanique. Il y a une générosité dans le jeu, une attention constante au public, qui devient témoin complice.

Le spectacle ne cherche pas l’exhaustivité, bien sûr. Il assume les ellipses, les raccourcis, les partis pris. Mais ce qu’il réussit, c’est à faire sentir la multiplicité d’un continent trop souvent réduit à une identité unique. Ici, l’Afrique est plurielle, contrastée, urbaine, rurale, traversée par l’humour, la douleur, le désir, la révolte. Les clichés sont convoqués pour être dynamités. Un roi caricatural du pétrole est ridiculisé en quelques répliques. Un stéréotype de safari est retourné comme une farce. Un chant de guerre se mue en ballade amoureuse.

L’intelligence de 54.60 Africa, c’est aussi de ne jamais verser dans le didactisme. Il n’y a pas de message asséné, mais des fragments qui s’additionnent, se contredisent, s’échappent. Certaines scènes frôlent le burlesque, d’autres saisissent par leur gravité. On passe du rire au silence avec une souplesse rare. La musique, omniprésente, fait office de liant : percussions, guitares, chants a cappella. Elle rythme les transitions, prolonge les émotions, ancre le spectacle dans une matérialité sensible.

Le metteur en scène, d’origine ghanéenne, a voulu créer une forme « populaire et sérieuse », qui puisse toucher un large public sans renoncer à la complexité. Il revendique une influence du cabaret politique aussi bien que du théâtre forum. La scénographie, en mouvement perpétuel, évoque le passage, la traversée, la frontière. Et si tous les pays n’ont pas droit à la même attention, chacun est nommé, évoqué, inclus dans cette cartographie subjective.

Le choix du Arcola Theatre, connu pour sa programmation cosmopolite et engagée, n’est pas anodin. Ce théâtre de quartier, situé à Dalston, s’inscrit dans un tissu multiculturel où vivent de nombreuses communautés afro-caribéennes. 54.60 Africa y trouve un écho particulier, et la salle, souvent pleine, réagit avec enthousiasme. Les applaudissements éclatent à la fin de certains tableaux, les rires fusent, les silences s’installent. Le public, mêlé, jeune, souvent racisé, se reconnaît dans ce théâtre en mouvement.

Ce spectacle est aussi un geste de reconnaissance. À l’heure où les grandes scènes britanniques s’ouvrent encore timidement aux voix africaines contemporaines, 54.60 Africa affirme la légitimité d’un théâtre diasporique, inventif, indocile. Il montre que l’Afrique n’est pas un décor ni une urgence humanitaire, mais un continent d’histoires, de langues, de corps en lutte, en fête, en devenir.

Informations pratiques

Spectacle : 54.60 Africa
Dates : jusqu’au 12 juillet 2025
Lieu : Arcola Theatre, 24 Ashwin Street, Dalston, Londres E8 3DL
Accès : Overground Dalston Junction / Dalston Kingsland, ou bus 30, 38, 56
Horaires : tous les soirs à 19 h 30, relâche le dimanche
Durée : 1 h 20 sans entracte
Langue : anglais, avec quelques passages multilingues
Billets : à partir de 14 £, réservations sur www.arcolatheatre.com

Le National Arts Festival transforme Makhanda en capitale des arts africains jusqu’au 6 juillet 

Du 26 juin au 6 juillet, la ville sud-africaine de Makhanda accueille le National Arts Festival. Théâtre, danse, expositions, cinéma, conférences : un événement majeur sur le continent qui mêle mémoire, engagement et création, à échelle nationale et internationale.

Pendant onze jours, Makhanda, petite ville universitaire du sud-est de l’Afrique du Sud, devient la capitale culturelle du continent. Du 26 juin au 6 juillet 2025, le National Arts Festival y déploie une programmation dense et vibrante. Théâtre, musique, danse contemporaine, expositions visuelles, cinéma indépendant, installations sonores, conférences engagées, ateliers participatifs, visites guidées historiques : l’événement est un laboratoire à ciel ouvert des formes artistiques africaines d’aujourd’hui. Peu connu du public européen, il est pourtant l’un des festivals les plus ambitieux du continent, avec des centaines de représentations réparties dans toute la ville.

Fondé à la fin des années 1970, alors que l’apartheid battait encore son plein, le festival a d’abord été un espace de résistance symbolique et artistique. Il a vu naître des formes alternatives, a offert une tribune aux voix étouffées, a permis à de jeunes artistes sud-africains de se confronter à une scène exigeante et libre. Aujourd’hui, il conserve cet esprit tout en s’ouvrant largement à d’autres pays africains et à la scène internationale. En 2025, il revendique sa dimension continentale : les artistes programmés viennent du Nigeria, du Kenya, du Zimbabwe, du Ghana, d’Égypte ou du Mali, mais aussi d’Europe et d’Amérique latine, avec des œuvres souvent conçues en collaboration.

Le cœur du festival reste le théâtre, sous toutes ses formes. Des pièces classiques sud-africaines y côtoient des créations radicales, des performances immersives, du théâtre documentaire ou du spoken word. Des voix jeunes, souvent féminines et politisées, prennent la scène à bras-le-corps pour aborder les violences systémiques, la question de la terre, l’héritage colonial, la justice climatique ou les identités de genre. La danse n’est pas en reste : contemporaine, enracinée dans les traditions, traversée de formes urbaines, elle s’impose comme un langage politique autant qu’un geste poétique.

Les arts visuels occupent aussi une place de choix. Plusieurs expositions sont disséminées dans la ville : dans les galeries, les halls d’université, les chapelles désaffectées, ou à même la rue. Les artistes y interrogent la mémoire post-apartheid, les cicatrices du temps, les mythologies africaines ou la place du corps noir dans l’espace public. La photographie occupe une place croissante, tout comme la vidéo expérimentale et les installations multimédias. Cette année encore, l’accent est mis sur les pratiques émergentes, avec de jeunes créateurs souvent autodidactes, à la croisée des disciplines.

Le festival ne s’adresse pas qu’aux professionnels. Il accueille les curieux, les étudiants, les familles, les touristes, dans une ambiance conviviale et foisonnante. Les rues de Makhanda deviennent une scène à part entière : fanfares improvisées, slams spontanés, spectacles de marionnettes, ateliers pour enfants, lectures en plein air. Les lieux culturels se multiplient : anciens bâtiments coloniaux réhabilités, chapiteaux temporaires, musées, bars transformés en scènes nocturnes. La ville vibre jour et nuit, dans une effervescence rare.

Au-delà des spectacles, le National Arts Festival est aussi un espace de pensée. Les rencontres et débats qui accompagnent les œuvres permettent une prise de recul, une mise en contexte. Chercheurs, artistes, militants, philosophes et curateurs échangent sur la condition postcoloniale, la violence institutionnelle, les enjeux mémoriels, l’écologie ou la langue comme territoire de lutte. C’est dans ce maillage entre le sensible et le politique que le festival puise sa force. Il ne s’agit pas d’un simple divertissement, mais d’un moment d’intelligence collective, où l’art devient matière à discussion, à friction, à transformation.

La dimension historique de Makhanda – ancienne Grahamstown, haut lieu de la colonisation britannique et des conflits frontaliers – ajoute une profondeur particulière à l’événement. Certaines visites guidées organisées pendant le festival permettent de relire les lieux à travers l’histoire des luttes, des résistances, des silences. Ces parcours complètent les œuvres exposées ou jouées, et donnent aux visiteurs une compréhension plus fine de ce qui se joue ici : un art enraciné, en dialogue avec les fractures et les désirs d’un pays.

Informations pratiques

Dates : du jeudi 26 juin au dimanche 6 juillet 2025
Lieu : Makhanda (anciennement Grahamstown), province du Cap-Oriental, Afrique du Sud
Accès : en voiture depuis Port Elizabeth (environ 2 heures), ou par bus interurbain
Billetterie : sur le site officiel nationalartsfestival.co.za
Tarifs : variables selon les spectacles (certains gratuits)
Langues : programmation en anglais, isiXhosa, afrikaans, avec surtitrage pour certaines pièces
Hébergement : hôtels, auberges et résidences étudiantes disponibles en ville (réservation recommandée)
Climat : hivernal dans l’hémisphère sud – prévoir vêtements chauds en soirée

The Herds traverse Londres fin juin : marionnettes géantes et mémoire écologique venue d’Afrique

Fin juin, Londres s’anime avec The Herds, une déambulation spectaculaire de marionnettes géantes venues d’Afrique. Ces animaux grandeur nature migrent symboliquement du Congo à la capitale britannique, pour sensibiliser à la crise climatique à travers l’art et la participation citoyenne.

 

Quand des girafes, éléphants, antilopes, zèbres et babouins de carton traversent la ville, c’est tout un message environnemental qui s’annonce. The Herds, initié par les auteurs de Little Amal, déploie sa troupe de 70 à 100 marionnettes grandeur nature dans les rues de Londres le 27 juin 2025, dès le matin jusqu’à l’après-midi.

Ce projet monumental met en scène la migration forcée des espèces fuyant l’« urgence climatique ». Ces animaux, conçus à Kinshasa et réalisés avec des matériaux recyclables par le collectif sud-africain Ukwanda et des étudiants londoniens, entament une odyssée de 20 000 km, du Bassin du Congo au Cercle Arctique.

À Londres, la performance débute tôt, avec une rencontre publique près de Tower Bridge (The Scoop à More London, vers 10h) qui réunit enfants et artistes autour d’un chant original. Ensuite, la troupe animale déambule librement à travers la ville à la manière d’une vaste parade urbaine, ponctuée de pauses symboliques et d’interactions avec le public.

L’intention ne se limite pas à l’effet visuel. Chaque marionnette incarne la fragilité d’un écosystème menacé, utilisant le dérangement comme ressort : voir un troupeau de la savane traverser une métropole offre à la fois émerveillement et réveil intime. Le message : si la nature migre, nous ne sommes plus à l’abri, et l’urgence n’est plus une abstraction.

Ce mouvement culturel trouve un écho dans la suite de la tournée. Après Londres, The Herds investira Manchester (3–5 juillet), puis continuera son parcourt à Aarhus, Copenhague, Stockholm et Trondheim, avant un final symbolique au Cercle Arctique. Chaque étape enrichit la troupe avec des espèces locales, pour souligner l’interconnexion des milieux naturels face au changement climatique.

Sur place, la mobilisation est créative : dans chaque ville, des ateliers permettent aux volontaires de manipuler les marionnettes, de s’initier à la construction, ou de composer des chants et performances associés. À Lagos, Dakar et désormais Londres, ce sont des centaines de participants – enfants et adultes – qui font vivre ce bestiaire collectif.

The Herds s’inscrit dans une lignée d’art contemporain engagé, à la fois spectaculaire, participatif et tangible. Suivant le même principe narratif que Little Amal, cette création cherche à provoquer non pas la culpabilité, mais l’empathie, le dialogue, l’action publique. En ce sens, elle fonctionne comme un théâtre de l’Anthropocène, qui nous place au cœur du dérèglement et nous invite à réinventer notre rapport au vivant.

Informations pratiques

Dates et lieux – Londres
• Vendredi 27 juin 2025, 9h45–10h30 : grand rassemblement au Scoop (More London, près de Tower Bridge)
• Déambulation libre ensuite dans divers points de la ville – consultez l’itinéraire sur le site officiel

Manchester
• Du 3 au 5 juillet 2025, parcours à travers Manchester Centre, Heywood et Pennington Flash (gratuit, sans réservation)
Participation : gratuite et accessible à tous, avec animations, ateliers et interventions artistiques à chaque étape
Matériel : marionnettes en matériaux recyclables, avec participation de volontaires locaux formés au maniement
Public : familial, citoyens, amateurs d’art en plein air et de mobilisations culturelles