Le risque de contamination radioactive au Moyen Orient

 La stratégie militaire adoptée par les États-Unis et Israël, c’est-à-dire le ciblage des infrastructures nucléaires iraniennes soulève d’importantes préoccupations pour la sécurité environnementale et nucléaire des pays du Golfe.

Bien que les frappes menées sur les sites de Natanz, Ispahan et Fordow n’aient, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), entraîné aucune fuite radioactive, la possibilité d’une nouvelle escalade militaire entre les deux pays pourrait mener au ciblage de sites nucléaires plus sensibles, tels que la centrale nucléaire de Bouchehr.

Située sur le Golfe Persique, la centrale de Bouchehr abrite plusieurs milliers de tonnes de matériaux nucléaires. Une attaque directe pourrait entraîner une fuite radioactive, affectant à la fois l’air et les eaux de la région. Même une frappe indirecte, visant les lignes électriques alimentant le réacteur, pourrait provoquer une importante contamination radioactive. Un tel scénario aurait des implications dramatiques pour les États de la région : en cas de pollution radioactive des eaux du Golfe, des pays tels que le Qatar, le Koweït et Bahreïn se retrouveraient privés d’eau potable en moins de 72 heures, dans la mesure où leur approvisionnement en eau repose quasiment uniquement sur des installations de dessalement utilisant l’eau du Golfe.

Par ailleurs, les risques environnementaux ne se limitent pas aux infrastructures nucléaires. Une frappe sur les terminaux pétroliers iraniens, notamment l’île de Kharg – située dans le Golfe et par laquelle transite environ 90 % des exportations de pétrole iranien – pourrait également contaminer les eaux. Une telle action risquerait de provoquer une riposte de l’Iran visant les infrastructures pétrolières du Golfe exploitées par les États-Unis ou des entreprises énergétiques internationales.

Dans un scénario extrême, bien que moins probable, ces tensions pourraient culminer par une fermeture temporaire ou prolongée du détroit d’Ormuz, principal point de passage stratégique pour le commerce mondial d’hydrocarbures. Un tel développement aurait des répercussions majeures sur la stabilité énergétique et sécuritaire de la région, et au-delà, sur l’économie mondiale.