Cinq pays africains dont l’Algérie dans le viseur de Bruxelles

L’Union européenne vient d’ajouter neuf pays, dont cinq africains, à sa liste noire des juridictions à « haut risque » en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Curieusement, les réactions officielles de ces Etats ont été très mesurées. Tous évitent de jeter de l’huile sur le feu et promettent de faire mieux… 

Le 10 juin 2025, l’Union européenne a actualisé sa liste noire, y inscrivant l’Algérie, l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Kenya et la Namibie. Cette décision, justifiée par des « carences stratégiques » dans leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, fait écho aux recommandations du GAFI, organisme international de référence en la matière.  

Une liste noire lourde de conséquences

L’inscription sur cette liste est loin d’être anodine, les conséquences sont douloureuses et multiples : surveillance renforcée de toutes les transactions financières en provenance où à destinations de ces pays ; contrôles accrus de la part des banques et entreprises européennes, ce qui a pour effet d’allonger les délais et d’accroître les coûts ; les flux de capitaux, comme les opérations bancaires et les investissements deviennent plus complexes.  Autant d’effets délétères pour des économies qui cherchent des financements pour soutenir leur développement.

Réactions officielles mesurées mais préoccupées…

Face à cette cascade de nuisance les réactions officielles sont restées étonnamment mesurées :

–        L’Algérie, qui d’ordinaire parle plus fort lorsqu’elle est attaquée, s’est contentée de promettre de poursuivre ses réformes et rappeler ses efforts récents pour renforcer la régulation tout en regrettant l’impact négatif sur sa réputation. 

–        La Côte d’Ivoire a, elle, tenu à souligner que son inscription sur cette liste est liée à des flux financiers extérieurs difficiles à contrôler. En réalité, l’Union européenne, comme le GAFI, a pris une décision politique qui cherche à cibler les transactions des Libanais chiites, proches du Hezbollah, installés à Abidjan.

–        L’Angola, le Kenya et la Namibie ont également affiché leur volonté d’améliorer leurs dispositifs de contrôle.

Pour ne pas être marginalisés sur la scène financière mondiale, tous ces pays ont donc cherché à minimiser la portée punitive de cette mesure en promettant de faire mieux. Reste que le prix à payer est lourd. Mais comme toujours, ce type de mesures a également des effets boomerang. Les Etats figurants sur la liste noire pourraient privilégier d’autres acteurs que les pays de l’Union européenne déjà fortement concurrencés sur le continent africain.