Une armée algérienne décapitée annonce des grandes manoeuvres au sommet de l’État

Le limogeage brutal de Nacer El Djen, le puissant chef du contre espionnage algérien (DGSI) dont Paris voulait la tète ainsi que l’élimination des patrons de la police et de la gendarmerie révèlent un nouveau rebondissement dans la lutte au couteau que se livrent les clans militaies, sans que la lecture de ces nouvelles mises à l’écart n’apparaisse clairement, à l’exception de l’imminence de changements significatifs à la tète du pays après tous ces replâtrages au sein de l’institution militaire.

Nommés à grands renforts de communication, voici quelques mois, comme les nouveaux visages du renseignement et de la police, le général-major Nacer El Djen et le directeur général de la sûreté nationale Ali Badaoui viennent d’être éjectés sans ménagement de leurs postes respectifs. Des limogeages qui en disent long sur les luttes intestines qui secouent l’appareil sécuritaire algérien (1).

« Selon des sources proches du sérail, écrit le site marocain « Maghreb Intellignce » souvent bien informé par des sources algériennes, ces trois patrons de l’appareil sécuritaire ont été brutalement interpellées par l’armée, sous ordre direct du chef d’état-major Saïd Chengriha, excédé par leurs accointances jugées trop étroites avec le clan présidentiel d’Abdelmadjid Tebboune ». À leurs yeux, Boualem Boualem, le directeur de cabinet de Tebboune et son éminence grise, possêde trop de relais au sein de l’appareil sécuritaire, en rompant ainsi une loi non écrite qui veut que la sécurité du pays soit le monopole de l’armée et d’s services.

Le climat est délétère et le Président, plus isolé que jamais, n’est pas parvenu à maintenir dans ses fonctions le Président du Sénat atteint par la limite d’age (1). Par ailleurs, une enquête aurait été ouverte contre l’homme d’affaires Hichem ben Ali alias ben Melis en fuite depuis plus de dix jours en Espagne. Proche de certains collaborateurs de la Présidence, Il aurait bénéficié d octrois de terrains dans la région d’Oran et de prêts bancaires faramineu.x Le tout pour sortir les capitaux de manière illégale depuis l’aéroport de la seconde grande ville algérienne.

Un pouvoir fébrile

Une grande fébrilité rêgne au sommet de l’État algérien dont on aurait coupé les ailes. « Au-delà des événements médiatiques, entourant la crise entre Paris et Alger en raison des influenceurs et des expulsions de délinquants vers l’Algérie, écrivent nos confrères du journal français « Le Point », l’ex-colonie française semble sombrer dans un délire militaire de l’invasion imminente. Des campagnes de propagande agressives et des budgets d’équipement de plusieurs milliards de dollars y contribuent. » Le 19 mai, une loi inédite, dite de « mobilisation générale », a été présentée par le ministre de la Justice. Fin avril, la machine de l’information a mis en vitrine cette batterie de textes pour préparer la population à l’état de guerre. Contre qui? Dans qul but? On l’ignore, à l’exception des saillies habituelles contre le faux frère marocain devenu allié désormais des Israéliens et des Émiratis.

Il reste que le sentiment d’encerclement ressent par une partie de l’armée est loin de n’être qu’un fantasme. De la Libye au Sahel, zones de forte influence pour l’Algérie, au Maghreb comme en Europe, après le lâchage de l’Espagne,en passant par la Russie, l’allié historique de l’armée algérienne désormais en froid avec Moscou, l’Algérie semble aujourd’hui sans boussole diplomatique, ni alliés surs. Face à la montée des menaces, l’hyper militarisation du régime, doublé de la mise en détention d’une trentaine de hauts gradés, n’ont fait qu’accentuer une perte de crédit alarmante, même auprès des partenaires historiques.

Bouallem Sansal, le grain de sable

Dans un tel contexte, le régime algérien ne peut plus se permettre de se couper plus encore de ses alliés traditionnels, notamment de la France. Ne serait-ce qu’en raison d’une perception commune de la situation au Sahel où les avabcées djihadistes sont particulièrement inquiétantes. Au Mali notamment, Paris comme Alger s’opposent à la junte militaire alliée aux mercenaires de l’ex groupe Wagner. Beaucoup au sein des services algériens et comme des services français souhateraient la reprise des accords sécuritaires signés en 2022 qui ont rendu des services éminents aux deux pays en matière de lutte contre le terrorisme, d’émigration illégalle et de narco trafic. Encore faut-il lever, et vite, l’hypothèque Samsal toujours détenu et en attente d’un procès en appel.

Seule information positive, le principal artisan de l’arrestation de Boualel Sansal et le partsan le plus convaicu de son maintien en détention, le patron de la DGSi, a été écarté brutalement et est interrogé par la DCSA sur les campages qu’il a menés discrètement depuis Paris cet hiver à travers des « influenceurs » pour attser les braises entre Paris et Alger. Son replacement par le général Hassan, un vieux cheval de retour des années noires algériennes mais un interlocuteur constant des Français, redonne un peu d’espoir  d’une possible amnistie de l’écrivain franco algérien.

« En somme, conclut le site marocain Maghreb Intelligence, l’Algérie vit un moment de bascule : un pouvoir présidentiel cerné, une armée omniprésente, et des institutions sécuritaires sans colonne vertébrale. » i

Tout désormais peut arriver à Alger où l’effondrement précipité du régime militaire syrien en fait réfléchir plus d’un.

(1) Depuis cinq ans, quinze généraux se sont succédé à la tête des services de renseignements algériens, souvent pour des durées n’excédant pas quelques mois. Les services de police de la DGSN viennent de perdre son quatrième patron sous Tebboune.

(2) Le Président du Sénat est en charge de l’intérim de la Présidence en cas d’empêchement de Tebboune, une garantie pour ce dernier s’il lui est loyal dans un tel moment