22 Peuls probablement assassinés par l’armée malienne

Tous les indices collectés par Human Right Watch démontrent que les vingt deux peuls du village de Diafarabé dans la région de Mopti au vnetre duu Mali retrouvés morts dans des fosses communes après leur interpellation par l’armée auraient été assassinés par les soldats maliens.


Diafarabé est une localité de la région de Mopti

Au XIXème siècle, la région de Mopti était « l’eldorado » du Mali, selon les mots du regretté Adam Thiam, célèbre journaliste malien décédé en mars 2020, qui avait publié une étude consacrée au centre du Mali en 2017. C’était une région prospère, grâce à son agriculture et à son élevage notamment. Après l’indépendance obtenue en 1960, on en parlait comme du poumon économique du pays.

Mais les vagues de sécheresses des années 1970 et 1980 ont lourdement frappé l’économie régionale. Au milieu des années 1990, la région de Mopti était devenue la plus pauvre du Mali selon les statistiques nationales. Le bétail a été décimé. Les éleveurs ont perdu leur seule richesse. Et les pouvoirs publics n’ont rien fait. Au contraire, ils ont soutenu l’agriculture extensive, privilégiant les populations sédentaires aux populations semi-nomades ou nomades, parmi lesquelles une grande partie appartient à la communauté des Peuls, dont aune partie a cédé aux sirènes djihadistes

De nuvelles victimes Peules

L’armée malienne qui combat les groupes armés aidée par les mercenaires russes de Wagner, se livre à de nombreuses  éxactions et éxécute sans autre forme de procès les civils de la région de Mali suspectés de complaisance avec les groupes armés. C’est ainsi que22 hommes placés en détention militaire le 12 mai dans la ville de Diafarabé, dans le centre du Mali, toutes les victimes appartenant à l’ethnie peule., ont été retrouvées mortes et la gorge tranchée Les habitants qui ont vu les corps trois jours plus tard ont déclaré que les victimes avaient été enterrées dans deux fosses communes peu profondes.

Entre le 13 et le 18 mai, Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques avec cinq personnes qui ont été témoins des arrestations, un homme qui a été lui-même arrêté et qui a survécu aux exécutions, et cinq autres personnes ayant connaissance de l’incident. Des sources locales ont fourni à Human Rights Watch une liste de 22 victimes, tous des hommes l’ethnie peule âgés de 32 à 67 ans. Les témoins ont également déclaré que cinq autres hommes avaient été arrêtés, dont au moins un de l’ethnie Tamasheq, mais leurs noms et leurs âges n’étaient pas connus.

Des témoins ont déclaré à Human Rights Watch que les arrestations avaient eu lieu entre 10 heures et 11 heures au cours d’une opération militaire à Diafarabé, le long du fleuve Niger dans la région de Mopti, dans le centre du Mali. Ils ont déclaré que les soldats maliens ont placé en détention au moins 22 hommes peuls qui faisaient du commerce sur le marché de bétail local, et les ont emmenés vers le fleuve. Là-bas, les soldats ont appréhendé au moins cinq autres hommes, les ont fait monter dans une embarcation et les ont emmenés de l’autre côté du fleuve.

« Des soldats armés portant des uniformes de l’armée malienne sont entrés à pied dans le marché et ont commencé à arrêter des commerçants peuls », a déclaré un commerçant de 53 ans. « Ils leur ont attaché les mains dans le dos avant de les emmener à la rivière et de leur bander les yeux. »

Tous la gorge tranchée

Des témoins ont déclaré que le même jour, vers 14 heures, ils ont vu les soldats retourner en ville sans les hommes arrêtés. Le lendemain, des femmes ont 
organisé une manifestation devant la base militaire de Diafarabé pour demander aux soldats de fournir des informations sur leurs proches, sans succès.

D’autres habitants se sont joints à la manifestation, qui s’est poursuivie jusqu’au 15 mai, date à laquelle l’armée a accepté d’escorter une délégation d’environ 19 personnes de Diafarabé jusqu’au site situé de l’autre côté du fleuve Niger, où les hommes arrêtés avaient été emmenés.

« Nous avons trouvé environ 22 corps dans deux fosses communes mal creusées », a déclaré un homme qui s’est rendu sur les lieux avec des soldats et dont le père faisait partie des personnes tuées. « Tous les hommes avaient la gorge tranchée, certains semblaient presque décapités. C’était tellement horrible que même un commandant militaire qui nous accompagnait a dû s’asseoir pour ne pas s’évanouir. »

Les corps ont été exhumés, puis réenterrés dans les deux fosses communes du site d’exécution.

Un homme qui était détenu et a échappé aux exécutions a déclaré : « Je n’avais pas les yeux bien bandés …. Les soldats se servaient de nos foulards pour nous couvrir les yeux, mais je pouvais voir ce qui se passait ». Il a raconté qu’après avoir traversé la rivière, les soldats les ont emmenés dans un endroit situé près du cimetière de Diafarabé et leur ont ordonné de s’asseoir. « Ensuite, ils ont pris les gens par petits groupes de deux ou trois et leur ont tranché la gorge…. J’entendais les hurlements. » Il a ajouté que lorsque les soldats se sont approchés de lui, il s’est enfui. « Alors que j’étais debout, le foulard qui couvrait mes yeux est tombé et j’ai couru aussi vite que j’ai pu… Des soldats m’ont tiré dessus à trois reprises, mais je n’ai pas été touché…. Un soldat m’a poursuivi, mais je me suis caché… J’ai entendu des soldats à l’arrière dire à celui qui me poursuivait : ‘Si tu ne l’attrapes pas, nous te tuerons’ ». Le survivant a indiqué qu’il avait attendu le départ des soldats pour retraverser la rivière.

Des 
médias internationaux ont également rendu compte des meurtres de Diafarabé.