Selon un rapport de la chaîne américaine NBC News, des responsables de l’administration Trump ont envisagé un plan visant à relocaliser jusqu’à un million de Gazaouis en Libye. Cerise sur le gâteau, cet exode serait financé par les fonds libyens gelés ! Mais où vont-ils chercher tout ça ? L’Afrique serait un continent sans droit ?
Transférer un million de Gazaouis en Libye ? Il fallait oser, les émissaires américains l’ont fait. Mais ce n’est pas la première fois que le continent africain est sollicité. Il y a deux mois, des discussions avaient eu lieu autour du transfert des Palestiniens vers le Soudan, la Somalie et la région du Somaliland. En coordination avec Israël, l’administration Trump avait contacté ces Etats d’Afrique de l’Est pour explorer cette idée. Le Soudan a immédiatement rejeté la proposition, quant aux deux autres pays, ils ont nié avoir été contactés, sûrement par crainte des réactions de leurs populations respectives. Transférer une population revient à opérer un nettoyage ethnique, ce qui est contraire au droit international, il est intéressant de noter que tout se passe comme si le droit ne s’appliquait pas à ces Etats-là.
Quitter un enfer pour un autre…
Dans le cas de la Libye, l’administration Trump est allée encore plus loin. Selon le rapport de NBC News, pour inciter les Gazaouis à accepter d’être déportés vers Tripoli, le plan prévoyait des incitations financières, un logement gratuit et des allocations. Et qui financerait l’opération ? Les Libyens eux-mêmes puisque les émissaires américains proposaient de débloquer quelques milliards de leurs avoirs gelés depuis 2011. Toujours selon la même source, ce projet ahurissant, validé par Israël, aurait été négocié avec de hauts responsables libyens. Pour Jalel Harchoui, spécialiste de la Libye « cela portera encore plus préjudice au gouvernement de Tripoli lorsque les journalistes mettront en lumière les négociations qui se sont déroulées ces dernières semaines. » Le Gouvernement d’Union Nationale (GNU) dirigé par Abdel Hamid Dbeibah se trouve, en effet, en extrême difficulté depuis la reprise des combats entre milices la semaine dernière à Tripoli. Il est fort probable que les responsables libyens qui ont discuté de ce plan avec les Américains seront invités à démissionner. Pour rappel, en 2023, la ministre des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, avait été poussée vers la sortie après la révélation d’une rencontre à Rome avec son homologue israélien pour initier un rapprochement avec Tel-Aviv.
Il faut tout de même saluer le génie des négociateurs qui ont eu cette idée, non seulement le plan était irréalisable, mais il a jeté de l’huile sur le feu libyen. Quant aux Palestiniens, il leur était proposé de quitter un enfer pour un autre…