La classe politique malienne, par son incapacité à agir, sa lâcheté manifeste et son penchant évident pour les compromissions, vient de scier la branche sur laquelle elle était assise.
Nord Mali, l’éducation sacrifiée sur l’autel de l’insécurité
Il faut le dire avec force et clarté : si les partis politiques peuvent aujourd’hui être dissous dans une indifférence quasi générale, c’est en grande partie parce qu’ils se sont tus pendant trop longtemps face à l’injustice et aux dérives autoritaires. Les signaux avant-coureurs de cette situation étaient pourtant nombreux et suffisamment alarmants. La dissolution de l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM), une organisation à forte valeur symbolique dans la mémoire collective, a été accueillie dans le plus grand silence. Pas un mot. Pas une indignation. Ensuite, le retrait unilatéral du Mali de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), une décision aux conséquences politiques et économiques majeures, n’a suscité aucune réaction audible des formations politiques.
Une passivité criminelle
Mais le plus grave reste ailleurs : au Nord du pays, les populations civiles sont victimes de violences répétées, de massacres attribués à des groupes armés dont certains opéraient aux côtés de mercenaires étrangers comme ceux du groupe Wagner. Des exactions y sont commises presque quotidiennement, sans que cela ne soulève le moindre émoi ou une dénonciation claire de la part des partis politiques. Ce silence est assourdissant, presque complice.
Il est désormais évident que pour une grande partie de cette classe politique, seule la perspective des élections comptent. Le reste — la souffrance des populations, la dégradation des institutions, la restriction des libertés, la misère croissante — tout cela peut bien s’effondrer, cela ne semble guère les affecter. Chaque jour, des Maliens meurent dans l’indifférence générale. Les médias sont bâillonnés. Le pays s’enfonce dans le noir, au sens propre comme au figuré : pas d’électricité, pas de nourriture pour des milliers de citoyens. Et pourtant, les partis politiques persistent dans leur mutisme, comme si tout allait pour le mieux.
Une dissolution méritée?
En fin de compte, c’est ce manque de courage, cette passivité presque criminelle, cette habitude des concessions silencieuses, qui ont permis et facilité leur propre mise à l’écart. Leur dissolution apparaît alors comme une conséquence logique, presque méritée. Car à force de ne rien dire, de ne rien faire, ils ont perdu toute légitimité aux yeux du peuple.
Le Mali, lui, mérite mieux que cette élite politique sans colonne vertébrale, préoccupée uniquement par sa survie électorale. Le pays mérite des voix fortes, justes et engagées. Et tant pis pour ceux qui ont choisi le silence comme stratégie. Ils récoltent aujourd’hui ce qu’ils ont semé.