Les 15 et 16 mai, le Bozar accueille Kora Days, un festival consacré à la kora. Entre documentaire et concert. Et avec trois grands noms du répertoire mandingue, dont le malien Madou Sidiki Diabaté.

Les 15 et 16 mai 2025, Bruxelles met à l’honneur la kora à travers un événement qui conjugue musique, transmission et mémoire. Organisé au Bozar, haut lieu de la scène culturelle bruxelloise, Kora Days propose deux journées consacrées à cet instrument emblématique d’Afrique de l’Ouest, en présence de figures majeures de la tradition griotique. Le festival entend offrir au public une approche sensible de la kora, instrument à 21 cordes transmis de génération en génération au sein des sociétés mandingues du Mali, du Burkina Faso, de Guinée ou du Sénégal.
Le 15 mai, le festival s’ouvre avec la projection du documentaire Ballaké Sissoko, une histoire de kora. Le film retrace le parcours du musicien malien Ballaké Sissoko, héritier d’une longue lignée de griots et l’un des plus grands ambassadeurs actuels de la kora. À travers ses voyages, ses collaborations et ses silences, le documentaire explore la dimension spirituelle de l’instrument, son rôle dans la transmission orale et son inscription dans une culture du récit et de la parole chantée. La projection est suivie d’un échange avec les organisateurs autour des enjeux liés à la préservation et à la reconnaissance de ce patrimoine musical.
Le 16 mai, place au concert.
Trois grands noms de la kora contemporaine se succéderont sur scène dans l’acoustique feutrée du Bozar. Madou Sidiki Diabaté, frère cadet de Toumani Diabaté, représente la tradition malienne dans sa forme la plus raffinée. Son jeu limpide et élégant s’inscrit dans la continuité d’une lignée légendaire. À ses côtés, Aboubakar Traoré, originaire du Burkina Faso, propose une approche plus expérimentale, mêlant les sonorités de la kora à des textures électroniques et à des harmonies empruntées au jazz. Balima, également burkinabé, développe quant à lui une esthétique méditative, centrée sur les motifs cycliques, les silences, et une expressivité minimaliste qui renoue avec la dimension introspective de la musique.
Ce concert, pensé comme un dialogue entre trois sensibilités, permet de mesurer la richesse et la diversité des pratiques autour de la kora aujourd’hui. Loin d’une vision figée, Kora Days montre une tradition en mouvement, capable de s’adapter sans se diluer, et de parler au présent sans renier son ancrage.
En mettant la kora au centre de sa programmation, le festival poursuit une démarche de reconnaissance des traditions orales africaines au sein des institutions culturelles européennes. La kora n’est pas seulement un instrument de musique : elle est le vecteur d’un système de transmission, d’un rapport à l’histoire, à l’identité et à la communauté. Elle accompagne les récits fondateurs, les célébrations, les passages. Elle relie les voix du passé aux attentes du présent.
À Bruxelles, ville de migrations et de croisements culturels, cette initiative prend un relief particulier. Kora Days propose une écoute attentive d’un monde souvent relégué aux marges de la scène artistique occidentale. Le festival s’adresse à tous les publics, qu’ils soient familiers de la tradition mandingue ou simplement curieux de découvrir un répertoire peu diffusé. Dans la salle, les générations se croisent, les cultures se répondent, et les cordes de la kora tissent un fil discret entre les continents.
Pendant deux soirées, Kora Days donne à entendre une autre histoire de la musique africaine, loin des clichés ou des effets spectaculaires. Une histoire faite de gestes précis, de silences habités, de notes suspendues. Une histoire qui continue de se jouer, lentement, avec grâce, au bout des doigts.
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