Jusqu’ au 11 avril, l’ENS accueille la Semaine Arabe 2025 sur le thème « Tradition(s) ». Une programmation dense et transversale interroge les héritages du monde arabe à travers savoirs, arts, résistances, inventions et réinventions.
À rebours des représentations figées, l’édition 2025 de la Semaine Arabe de l’École normale supérieure (ENS) choisit de placer la notion de « Tradition(s) » au cœur de sa réflexion. Du 4 au 11 avril, les murs de la rue d’Ulm vibreront au rythme d’un programme ambitieux, porté par l’association ArabisENS, mêlant tables rondes, conférences, ateliers, projections, exposition photo et concert de clôture. Une semaine pour explorer la richesse des héritages arabes… et leurs perpétuelles métamorphoses.
Dans une époque où le mot « tradition » est trop souvent invoqué pour figer, diviser ou exclure, l’événement propose une approche critique et plurielle. Les disciplines convoquées – arts, littérature, droit, théologie, linguistique, science politique- dévoilent la complexité des transmissions culturelles, leurs usages stratégiques, leurs contournements, leurs subversions. Ce que nous appelons « tradition » est-il l’expression d’une continuité ou le fruit d’une invention ? À quoi résiste-t-on quand on dit non à l’héritage ? Et que garde-t-on, consciemment ou non, de ce qui nous précède ?
Du savoir au sensible
Chaque journée de la Semaine Arabe proposera un éclairage spécifique sur ces questions, à travers des formats variés et complémentaires. Des tables rondes réunissant chercheurs, écrivains, juristes et activistes permettront de croiser les regards sur des thématiques comme les traditions juridiques islamiques, la place des femmes dans la transmission religieuse ou encore l’usage politique des symboles culturels.
Les conférences accueilleront des figures majeures de la pensée contemporaine pour interroger la fabrique de la tradition, ses conditions de naissance, ses lignes de fracture, ses réécritures dans le monde moderne. Loin des essentialismes, les intervenants montreront comment les traditions s’inventent autant qu’elles se transmettent – parfois dans la douleur, parfois dans l’élan.
Des ateliers participatifs ouvriront également des espaces de dialogue et de création collective, notamment autour des langues, de la calligraphie ou de la musique traditionnelle réinterprétée. L’idée n’est pas de figer un folklore, mais d’en comprendre les tensions, les silences, les puissances.
Une traversée artistique des mémoires et des réinventions
À côté du volet académique, l’art joue un rôle essentiel dans cette édition. Une exposition photo, en accès libre toute la semaine, dressera un portrait intime et fragmenté de ce que les traditions signifient aujourd’hui pour la jeunesse arabe, entre fierté, distance, subversion et recomposition.
Le cinéma, toujours au cœur de la Semaine Arabe, viendra prolonger la réflexion par l’image. Plusieurs projections seront organisées, chacune suivie de discussions avec les réalisateurs ou des chercheurs. Des œuvres contemporaines comme des classiques oubliés, tous choisis pour leur façon d’interroger les tensions entre passé et présent, entre héritage et création.
Enfin, un concert de clôture, en fin de semaine, viendra incarner sur scène les métissages et les renouvellements. Là encore, le mot tradition est pris comme point de départ, non comme horizon figé. Musiques populaires réarrangées, improvisations, électro-orientale, une fête pensée comme une expérience sensorielle et politique.
Une invitation à penser autrement
En filigrane, cette Semaine Arabe est aussi un geste d’ouverture. Ouverture au débat, à la complexité, à la nuance. L’événement s’adresse autant aux spécialistes qu’au grand public, dans un esprit de transmission vivante et non dogmatique. Il invite à désapprendre les clichés, à écouter les voix dissonantes, à comprendre ce qui se joue dans les usages sociaux et politiques du passé.
Par son audace intellectuelle, son ancrage artistique et sa générosité collective, la Semaine Arabe 2025 à l’ENS s’impose comme un moment fort du printemps culturel parisien. Une semaine pour apprendre, pour s’émouvoir, pour débattre et, surtout, pour remettre en mouvement les traditions.
Pour de plus amples informations : https://www.semainearabe.ens.fr/