Des regards photographiques sur le travail en Afrique à Aubervilliers

 

 

L’exposition « African Workplaces », présentée à l’Humathèque Condorcet d’Aubervilliers du 23 janvier au 8 mars 2025, explore les réalités du travail en Afrique à travers des photographies. Neuf chercheurs et artistes offrent une immersion visuelle dans un monde en constante transformation.

L’Afrique est un continent aux multiples facettes, où le travail prend des formes aussi diverses que les cultures qui l’animent. L’exposition « African Workplaces », installée à l’Humathèque Condorcet d’Aubervilliers, propose une plongée inédite dans ces réalités à travers l’objectif de neuf photographes et chercheurs. Cette initiative interdisciplinaire, portée par l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS), offre une lecture saisissante du monde du travail en Afrique de l’Est, s’intéressant aux dynamiques sociales, aux transformations économiques et aux conditions de vie des travailleurs.

Le travail en Afrique est une réalité mouvante, marquée par l’informalité, l’adaptation et l’ingéniosité. De Nairobi à Bujumbura, en passant par Moroni, cette exposition capte la diversité des activités qui font vivre des millions de personnes. Les petits métiers urbains, souvent perçus comme précaires, sont ici présentés sous un jour nouveau : réparateurs de téléphones, vendeurs ambulants, artisans de rue, autant de figures emblématiques de l’économie africaine, où le travail rime avec résilience et débrouillardise.

Les photographies exposées ne se contentent pas d’illustrer des scènes de labeur, elles racontent des histoires. Celles de femmes et d’hommes qui, chaque jour, façonnent les villes et les campagnes, dans un environnement économique en mutation. L’exposition met ainsi en lumière le rôle des plantations agricoles, où le travail manuel reste essentiel, mais aussi celui des nouvelles industries qui émergent sur le continent. Derrière chaque image se cache un récit, parfois dur, souvent inspirant, où la dignité des travailleurs se lit dans chaque regard, chaque geste, chaque posture.

L’un des aspects les plus marquants de l’exposition est sa capacité à déconstruire les clichés sur le travail africain. Loin d’une vision misérabiliste ou exotique, les photographies exposées révèlent une économie dynamique et en perpétuelle transformation. L’industrialisation, bien que contrastée selon les pays, y est abordée à travers des clichés d’usines, de ports en pleine effervescence, de chantiers où s’érigent les infrastructures du futur. Ce dialogue entre tradition et modernité est au cœur de « African Workplaces », où chaque image témoigne d’un continent en mouvement.

L’initiative de cette exposition repose sur un travail collaboratif entre chercheurs en sciences sociales et artistes visuels. Parmi eux, des photographes originaires du Burundi, du Kenya et des Comores, qui apportent un regard local, intime, sur les réalités qu’ils documentent. Le choix de cette approche permet d’échapper à une vision purement extérieure et académique du sujet, offrant ainsi une expérience plus authentique et immersive aux visiteurs.

Les espaces de travail africains, tels qu’ils sont représentés dans l’exposition, sont aussi des lieux de sociabilité et d’échanges. Dans l’économie informelle, la frontière entre travail et vie privée est souvent poreuse. Les marchés sont des espaces où se nouent des relations, où le commerce devient un lieu de dialogue, de négociation, mais aussi de solidarité. Cette dimension humaine du travail, souvent absente des discours économiques classiques, est ici restituée avec force.

L’entrée libre de l’exposition permet à un large public d’accéder à ces récits visuels et de questionner sa propre perception du travail en Afrique. Pour les passionnés de photographie, c’est aussi une occasion de découvrir des approches artistiques diverses, oscillant entre documentaire et art visuel. Certains clichés captent l’instant, figent une scène de vie dans toute sa spontanéité, tandis que d’autres s’inscrivent dans une démarche plus conceptuelle, où la composition et la lumière donnent une dimension esthétique aux images.

Derrière les photographies de « African Workplaces », il y a des visages, des voix, des trajectoires singulières. Des hommes et des femmes qui, au-delà des statistiques et des analyses économiques, incarnent la réalité quotidienne du labeur sur le continent africain.