Signe des crispations qui persistent toujours autour de la Commission électorale indépendante (CEI) : une représentante de cet organe en charge des prochains scrutins dont la présidentielle d’octobre 2025 a claqué la porte d’une émission-débats organisée par la chaîne de télévision nationale. Me Yolande Yapobi Ketty, porte-parole adjointe de la CEI, a quitté le plateau en se plaignant du « diktat » du représentant du PDCI qui refusait que deux personnes se relaient au titre de ladite institution par « souci d’égalité ».
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Les téléspectateurs ivoiriens ont donc finalement eu tort d’avoir pris place devant leur récepteur télé pour assister au débat sur la CEI. Mais après trente minutes, celui-ci était déjà fini. L’enjeu en valait pourtant la chandelle. D’ailleurs, pour l’affiche, la télévision nationale avait invité deux représentants de l’opposition parmi les plus virulents envers l’institution. Il s’agit du PDCI, parti créé par le premier président de Côte d’Ivoire, Houphouët-Boigny, et dirigé à sa mort par Konan Bédié qui est décédé le 2 août 2023, et le Parti des peuples africains (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, l’ex-président ivoirien écroué devant la Cour pénale internationale (CPI) avant d’être blanchi par celle-ci.
Mais à peine commencé, le débat va se heurter à un préalable soulevé par le représentant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Me Blessy, avocat de profession et professeur de droit à l’université d’Abidjan. Me Blessy récuse que la CEI soit représentée par deux personnalités alors que le courrier d’invitation prévoyait une seule par institution, ce qui crée « rupture d’égalité » dans la représentation.
Chapelle politique
Me Yolande Yapobi Ketty, la porte-parole adjointe de la CEI qui avait pris place sur le plateau tente d’en expliquer les raisons. Elle assure que l’autre personnalité, M. Alain Dogou en l’occurrence, représentant le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ancien premier ministre Laurent Gbagbo au sein de la commission, est chargé de la relayer pour montrer que « la CEI est l’émanation de toutes les chapelles politiques », se défend-elle. Et qu’il n’y aura pas rupture d’égalité puisque les deux cadres de la CEI ne se retrouveront pas ensemble sur le plateau. Mais malgré ses explications, le PDCI a insisté, soutenu par le représentant du PPA-CI. Dès lors, pour calmer les esprits et faire repartir l’émission, le présentateur Hamza Diaby autorise qu’il en soit ainsi.
Mais alors que le débat avait repris, il y a quelques minutes, la représentante de la CEI décide de quitter le plateau, se plaignant du diktat de son contradicteur du PDCI et, de façon générale, de l’attitude de l’opposition qui refuse que l’opinion ivoirienne soit amplement informée sur le fonctionnement de la CEI.
