La reconstruction de Gaza prendra-t-elle 350 ans? À Gaza, au Liban et en Israêl, tous les belligérants ont-ils un intérêt commun à la poursuite du cesses le feu? L’Iran peut-il signer un accord avec les Etats-Unis? Telles sont les questions auxquelles la grande presse internationale notamment ans le monde anglo saxon apporte souvent des éclairages qui ne vont pas dansle sens des commentaires dominants.
À Gaza et au Liban, les cessez le feu sont fragiles mais tous les belligérants ont un intérêt commun à ce qu’ils tiennent, estimait, fin janvier le New York Times : le grand quotidien américain affirme en effet, à l’appui de sa prédiction, que les Libanais, les Palestiniens et les Israéliens ont jusqu’à présent toutes les raisons d’éviter une reprise des affrontements.
1/ Le Hezbollah, « même s’il est furieux qu’Israël ait maintenu ses troupes au sud Liban, risquerait une contre attaque dévastatrice s’il reprenait ses tirs de roquettes contre les villes israéliennes ».
2/ Le Hamas, « veut maintenir son pouvoir à Gaza et risquerait de le perdre si la guerre reprend »‘.
3/Israël, enfin, » a besoin de maintenir son présent accord à Gaza assez longtemps pour que les [derniers] otages soient libérés » tandis que les leaders de l’état hébreu « semblent désireux de satisfaire le président Trump qui a fait campagne sur un retour de la paix au Proche-Orient ».
Les déclarations fracassantes du nouveau locataire de la Maison Blanche déclarant son intention que les Etats- Unis annexent Gaza et transforment le territoire en une vaste « riviera », ne changent pour l’instant rien à ce qu’avance le New York Times, qui se montre cependant prudent en citant Aaron David Miller, un ancien négociateur américain dans la région : Toutes les parties en présence « vont réussir à maintenir [le cessez-le-feu] dans les prochaines semaines, au-delà, c’est une autre histoire »…
La reconstruction de Gaza prendra-t-elle 350 ans?, comme l’a affirmé un récent rapport de l’ONU. C’est la question à laquelle tente de répondre Haaretz, le grand quotidien israélien de la gauche libérale.
Le journal ironise sur le fait que « des tas d’absurdités ont été écrites sur le temps qu’il faudra pour reconstruire Gaza sur une cité rendue à l’état de ruines après quinze mois de guerre » ; « mais une information absurde selon laquelle cela pourrait prendre 350 pour restaurer dans Gaza le niveau économique d'[d’avant guerre] recèle peut-être quelque chose de vrai », admet le journal.
Le quotidien israélien prend en effet comme un fait acquis le fait que le Hamas va rester au pouvoir, restreignant ainsi, pour des raisons politiques les possibilités d’un redémarrage réel de l’économie et risquant de maintenir des taux de croissance très faibles : « Cela ne fera aucune différence que la reconstruction soit assurée par des investissements arabes et d’autres états, comme l’ont suggéré les Emirats arabes Unis, ou par un Comité piloté conjointement par le Hamas et le Fatah [le parti de l’ancien dirigeant Yasser Arafat] sous la supervision nominale de l’Autorité palestinienne, comme l’a évoqué l’Egypte : quoiqu’il en soit, c’est le Hamas qui possède les armes et c’est lui qui sera en contrôle ». Conséquence, conclut le journal, il est certain que le mouvement islamiste « détournera à son profit une partie de l’argent distribué [par les bailleurs de fonds étrangers] et une partie des matériaux de construction. »
Si la reconstruction ne prend pas plusieurs siècles, elle n’est donc pas pour demain. A moins que Donald Trump ne s’empare du territoire, mais cela est une autre histoire!
A ce propos, Dans un éditorial à la dynamite, le Financial Times , de son côté, s’émeut de la manière la plus virulente qu’il soit de la proposition trumpienne d’annexer Gaza. Extraits de l’édito au vitriol du grand quotidien de la City :
« Il serait aisé d’ignorer les annonces de Trump et de les traiter comme le signe d’une nouvelle déclaration d’ordre performatif. Car son plan est si ridicule qu’il n’a aucune chance de jamais voir le jour. Mais le simple fait que le président américain le dévoile devant les médias internationaux aux côtés du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu souligne le caractère irresponsable de la façon dont le dirigeant le plus puissant au monde conduit sa politique étrangère. Le négociateur autoproclamé semble ainsi voir le mode comme un gigantesque marché où tout est à vendre, où tout peut-être utilisé à des fins de marchandage sans aucune prise en compte des conséquences d’un tel comportement. Ceci est un jeu que les alliés des Américains sur toute la planète ne peuvent pas se permettre de lui laisser jouer. [Un tel jeu ] apporte en tout cas son lot de peurs et d’incertitudes, affaiblissant l’image des Etats-Unis ainsi que son réseau d’alliances. »
Le Wall street journal a été le premier à révéler, le 3 février, que la nouvelle administration américain a demandé au Congrès d’approuver un « deal » d’environ un milliard de dollars en armement pour Israël.
Le grand quotidien de Wall Street a donné des détails exclusifs: « Cette vente porterait sur 4700 bombes de 1000 kilogs ( 700 millions de dollars) ainsi que des bulldozers pour une somme de 300 millions. »
« L’Iran peut signer un accord avec les Etats-Unis » : Comme d’autres médias ces derniers jours, le Financial Times évoque les conséquences de la nouvelle donne créée pour Téhéran en raison de son affaiblissement régional après les défaites de ses alliés du Hezbollah et de la Syrie ainsi que du retour au pouvoir de Donald Trump .
A l’appui de cette analyse, le journal donne tout d’abord un exemple parlant, qui pourrait bien augurer de changement significatifs dans la politique du régime des mollahs : « Durant des années, un drapeau américain était peint sur le sol dans l’entrée des bâtiments abritant la présidence de la république iranienne, de telle manière que tout visiteur pouvaitnmarcher dessus. Mais peu de temps avant la prise de fonctions de Donald Trump, ce drapeau a été discrètement enlevé. »
« Officiellement, aucune déclaration n’est venue expliquer cette nouvelle », ajoute le « FT » , selon lequel la décision prise par le régime, pour anecdotique qu’elle puisse paraître, « illustre une évolution qui pourrait être la plus substantielle depuis la guerre Iran-Irak des années quatre vingt dix ».
Le journal en veut pour preuves que certains diplomates du gouvernement « réformiste » du nouveau président Massoud Pezeshkian ont suggéré ces dernières semaines que l’Iran « pourrait être désireuse d’initier des pourparlers avec les Etats-Unis, un dialogue dont le but serait de rassurer la communauté internationale à propos du programme nucléaire iranien ».
Prévoir une telle avancée reste cependant osée et il y a toutes les raisons, notamment la politique ultra pro israélienne du président Trump, pour que capote toute négociations irano-américaine. Ne serait ce qu’en raison des dernières déclarations du « Guide de la révolution » Khamenei, qui a déclaré vendredi 7 février devant les forces armées iraniennes qu’il ne « devrait y avoir aucune négociation avec [l’administration Trump] car cela ne serait ni sage, ni prudent, ni digne ». Mais tout en rapportant cette déclaration, le Financial Times souligne que le président Pezeshkian « est en mesure de s’assurer du soutien de Khamenei, en dépit de la féroce opposition des radicaux du régime », ce qui pourrait indiquer qu’à terme l’Iran accepte de « retourner à la table des négociations avec les Etats-Unis ». Et si les dernières mises en garde du « Guide » représentent l’indication la plus claire, pour le moment, de son refus de négocier avec le « grand satan », certaines sources du « FT », à Téhéran estiment que de tels propos indiquent plutôt que la République islamique « ne veut pas pour l’instant pas faire croire qu’elle serait prête à négocier en position de faiblesse ».
Une reprise des pourparlers entre Washington et Téhéran sur le nucléaire relève tout de même encore de la politique fiction même s’il est clair que les éléments les plus pragmatiques du régime iranien se prononceraient pour une telle pause dans leur confrontation avec Washington. Au vu de sa désastreuse situation économique et la persistance de tensions sociales, l’Iran n’a peut-être pas, à terme, d’autre choix.
Trump fait pression sur les nouveaux leaders libanais pour qu’ils isolent le Hezbollah, rapporte le New York Times dans la foulée de la visite à Beyrouth de la nouvelle responsable adjoint américaine pour le Proche Orient, la diplomate Morgan Ortagus.
Après avoir rencontré , vendredi, le nouveau président de la république libanaise, Joseph Aoun, l’envoyée américaine a avancé, lors d’une conférence de presse, que les responsables libanais étaient bien décidés à « isoler le Hezbollah » et à « garantir que la milice soutenue par l’Iran ne fasse pas partie du gouvernement libanais sous quelque forme que ce soit ».
Mais le NYT a aussitôt relativisé les affirmations un peu hâtives de l’émissaire américain : « Le président Aoun semble un peu plus tard avoir contredit les remarques [de cette dernière] : un communiqué publié [après la rencontre entre M. Aoun et Mme Ortagus] a précisé que « ses commentaires exprimaient ‘son point de vue personnel’ « …
Et le « Times » d’affirmer que le nouveau leadership libanais » devra probablement de trouver un équilibre avec le Hezbollah , qui a longtemps été la force politique dominante » au pays du cèdre. « Sans compter que le « parti de Dieu » » garde un pouvoir significatif au parlement ».