Notre revue de presse hebdomadaire sur le Moyen Orient l

Mondafrique résumera régulièrement le meilleur enquêtes parues sur le Moyen Orient dans la presse internationale, du New York Times au Wall Street Journal. Notre site se penche cette semaine sur les informations exclusives sur l’assassinat d’Hassan Nasrallah ou sur les coulisses des relations entre les États Unis à la Syrie. 
 
La pénétration du Hezbollah par les espions israéliens dans le New York Times
 
Hassan Nasrallah
 
Les services secrets Israéliens étaient, depuis des années, tellement bien renseignés sur les déplacements d’Hassan Nasrallah, chef du « Parti de Dieu », et sur ceux des responsables les plus importants du Hezbollah, qu’ils connaissaient même l’identité des quatre maîtresses que l’un de ces derniers, Fuad Shukr, venait d’épouser avant de se faire éliminer un peu plus tard par un bombardement de l’aviation de l’état hébreu…
 
C’est ce que révèle, entre autres, une enquête exclusive parue dans le New York Times le 29 décembre dernier. Le quotidien américain s’appuie sur plusieurs sources anonymes de haut niveau israéliennes, américaines et européennes qui ont eu accès à de multiples informations ou à des conversations confidentielles avant l’assassinat d’Hasan Nazarallah, le 27 septembre 2024
On y apprend ainsi que l' »Unité 8200″, une unité de recherches affiliée au  « Mossad », les services d’espionnage extérieurs de l’état hébreu, avait, dés 2012, été en mesure d’activer des dizaines d’espions dans les rangs du Hezbollah, parvenant ainsi à recueillir, toujours selon le quotidien new yorkais, des « trésors » d’informations concernant les lieux de résidences de personalités du mouvement ainsi que l’emplacement des arsenaux et des sites de lancement ou de stockage de missiles. 
 
Parfois, les responsables de l’opération qui allait permettre de faire exploser, l’année dernière, des talkies walkies et « pagers » piégés utilisés par les militants du herbollah, ont connu des frayeurs : notamment en septembre, avant la mort de Nasrallah, quand l’un des informateurs du Mossad indiqua qu’un technicien du mouvement chiite islamiste libanais était sur le point de s’apercevoir que l’appareil pouvait contenir des explosifs. « Israël a résolu rapidement le problème, éliminant ce technicien lors d’une frappe aérienne », écrit le quotidien new yorkais. Qui mentionne également cette savoureuse anecdote à propos des doutes du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou quant à la solidité des « pagers » en question – que le Mossad avait transformé en bombe à retardement : « Pas convaincu [de la fiabilité des »pagers »], Netanyahou se leva brusquement et lança brutalement l’appareil contre le mur de son bureau. Le mur craqua, pas le ‘pager’ « … L’affaire fut donc entendue et le « pager » adopté!
 

Les États Unis dans l’ignorance

 
Le New York Times apporte également des éléments d’information intéressants  à propos des conditions dans lesquelles la décision de tuer Nasrallah a été prise, juste avant que le premier ministre israélien ne se rende à l’Assemblée générale des Nations Unies, le 26 septembre.
« Tandis que des officiels israéliens pesaient le pour et le contre, les services de renseignement israéliens recevèrent de nouvelles informations selon lesquelles M. Nasrallah prévoyait de changer de bunker [dans le sud de Beyrouth] et qu’il serait donc  plus difficile de l’éliminer. Le jour du 26, juste avant que M. Netanyahu ne s’envole pour New York, le premier ministre rassembla ses conseillers politiques,  militaires et d’autres issus de la sphère du Renseignement pour discuter des modalités d’approbation de l’assassinat [de Nasrallah]. Ils devaient aussi décider s’ils allaient prévenir les Américains à l’avance.  Mr Netanyahou et plusieurs conseillers s’opposèrent aussitôt à ce que l’administration Biden soit prévenue. Leur logique était que, s’ils étaient avertis, les Américains seraient hostiles au bombardement [de la résidence de Nasrallah] et que, de toute façon, Washington soutiendrait Israël au cas où l’Iran réplique. Décision fut donc prise de laisser les Etats-Unis dans l’ignorance de l’opération. M.Netanyahu approuva l’assassinat le lendemain, quelques heures avant de prononcer son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU. Quelques instants plus tard, des chasseurs israéliens de type F 15 survolaient Beyrouth et lâchaient le chapelet de bombes [ qui allait tuer le chef du hezbollah] ». 
 
Les Etats-Unis assouplissent les sanctions contre la Syrie dans le  » Wall Street Journal »
 
S’exprimant lors d’une conférence de presse dans la ville jordanienne d’Aqaba, M. Blinken a déclaré que l’Amérique et ses alliés « ont un intérêt important à aider le peuple syrien à tracer [une] nouvelle voie ».
 
Le département du trésor américain s’apprête à laisser des organisations d’aide humanitaire utiliser le réseau bancaire américain pour envoyer en Syrie des fournitures essentielles telles que du pétrole, du gaz naturel et de l’électricité, affirme le Wall street journal dans son édition du 6 janvier. Les Etats-Unis n’en restent pas moins prudents quant à un engagement plus poussé auprès des nouvelles autorités de Damas qui ont remplacé le régime de Bachar Al Assad après sa chute, le mois dernier : pas question pour le moment de lever les sanctions pesant sur la Syrie depuis le début des treizes années de guerre civiles qui viennent de se terminer avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement largement composé d’éléments issus des groupes de combattants sunnites islamistes. 
 
Trump à la Maison Blanche et un Iran très affaibli, analyse le Wall street Journal
 

 
Le régime iranien « est en train de faire l’expérience de devoir relever des défis qu’ils ont eux-même créés », remarque, dans le Wall street Journal du 5 janiver, l’experte Sanam Vakil, du « Middle east and North Africa program de Chatam House de Londres ». Relevant que Téhéran, affaibli par les coups de boutoirs qui ont ébranlé son allié du hezbollah, la chute du régime ami de bachar Al Assad en Syrie et des difficultés économiques de plus en plus aigües ( coupures d’électricité à répétition, inflation croissante), Mme Vakil pense qu’un tel contexte pourrait « pousser Téhéran à négocier un compromis avec l’occident car il est contraint de trouver une issue à la crise. »
 
DERNIERE MINUTE, NEW YORK TIMES, 8 janvier, la célèbre journaliste italienne Cecilia Sala, arrêtée le 19 décembre à Téhéran alors qu’elle était en possession d’un visa de presse, a été libérée mercredi 8 janvier. Les autorités italiennes n’avaient pas motivé précisément cette arrestation, se contentant d’indiquer que la journaliste avait « violé les lois de la République islamique d’Iran ». 
 
Le New York Times souligne que l’arrestation de Mlle Sala avait eu lieu trois jours après que la police de Milan eut appréhendé un certain Mohammed Abedini Najafabadi, un Iranien de 38 ans recherché par les Etats-Unis qui l’accusent d’avoir fourni des composants de drones pour les Gardiens de la Révolution iranienne. La question se pose maintenant de savoir si une potentielle libération de M. Najafabadi pourrait avoir déjà fait l’objet d’un « deal » entre Rome, Téhéran et Washigton. Pour le moment, L’Iran assure que les deux cas ne sont pas liés. Quant à M. Najafabadi, il est encore retenu à Milan.