Une réunion des États arabes sur la Syrie

C’est dans la station balnéaire Jordanienne d’Al Akaba qu’une réunion d’urgence provoquée par le ministère des affaires étrangères du Royaume Hachémite Jordanien que s’est tenue, le 14 décembre 2024, d’une nouvelle instance crée pour les circonstances, le comité de liaison arabe sur la Syrie pour prendre des décisions communes aux conséquences de la vacance du pouvoir à Damas et étudier l’évolution de la situation en cours.

La chute brutale du dictateur syrien, l’implosion rapide de son armée, et l’accord tacite américano turco russe ont suscité une inquiétude incommensurable au sein des pays du moyen orient. Aucun des pays limitrophes n’a envisagé de tel scénario. Les pays du Maghreb n’ont pas été conviés à cette instances crée dans la foulée de l’effondrement du régime syrien pourtant soutenu par la Russie, les pasdarans iraniens et les milices de Hizballah.
Une crainte collective s’est emparée des responsables politiques des Etats présents, au sein du nouveau comité de liaison Arabe pour la Syrie. Le rôle actif de la Turquie dans la prise en main du pays, la recomposition de nouveau pouvoir à Damas est considéré comme une menace sérieuse. En effet, la récente visite éclaire du chef des services secrets turc le MIT, Ibhahim Galan, et du ministre des affaires étrangères HAKAN FIDAN, en compagnie d’une délégation de l’ambassade du Qatar à la mosquée des Omeyyades à Damas pour une prière commune, revêt un message à forte charge symbolique. La démarche est perçue par les pays du golfe comme un retour d’une politique néo ottomane du président Erdogane parrain de la stabilité de la nouvelle Syrie. Une recomposition nouvelle des rapports géostratégiques dans la région prend forme de manière progressive.
C’est à un niveau ministériel, et en présence des responsables de sécurités des Etats conviés, que le conclave de ce nouveau comité de liaison s’est tenu. Il est présidé par le ministère des affaire étrangère Jordanien, en présence des ministres des affaires étrangères de l’Arabie Saoudite, d’Irak, Liban, Egypte, Emirates arabe unie, Bahreïn, Qatar, le secrétaire général de la ligue Arabe, et le l’actuel président du sommet Arabe.
Le contenu des discussions était à huit clos. C’est à la fin de la réunion qu’un communiqué du ministère des affaires étrangères Jordanien a été transmis à la presse ce samedi via l’agence Petra. Il contient 17 points concernant leur vision de la nouvelle Syrie qui se construit en dehors de leur volonté d’influence. L’accélération de l’évolution de la crise, et une reconfiguration du nouveau pouvoir à Damas, suscite méfiance et appréhension des membres du comité. La Syrie, un pays de surcroît membre de la ligue Arabe, rentre dans la sphère d’influence de la Turquie en un temps record.
A ce titre, le communiqué, signé par les Etats présents au comité de liaison arabe, qui s’appuie sur les bases de la résolution 8914 soulevé lors de la réunion de la ligue arabe, que les 17 points ont été élaborés :
1 Soutenir le peuple syrien fraternel, lui apporter toute l’aide et l’assistance nécessaire à cette étape délicate et respecter sa volonté et ses choix.
2 Soutenir un processus de transition syro-syrien pacifique et inclusif, dans lequel toutes les forces politiques et sociales syriennes sont représentées; Incluant les femmes, les jeunes et la société civile, avec le soutien équitable des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, conformément aux principes, objectifs et mécanismes de la résolution 2254 du Conseil de sécurité, y compris la création d’un organe directeur de transition par consensus syrien, et commencer à mettre en œuvre les mesures définies dans la résolution pour passer de la transition à un nouvel ordre politique afin de répondre aux aspirations du peuple syrien dans toutes ses composantes, par des élections libres et équitables, sous l’égide des Nations unies, sur la base d’une nouvelle constitution approuvée par les Syriens et dans le respect de délais précis conformément aux mécanismes adoptés par la résolution.
3 Appuyer le rôle de l’envoyé des Nations Unies en Syrie, demander au secrétaire-Général des Nations Unies de lui fournir toutes les possibilités nécessaires et d’entamer la mise en place d’une mission des Nations Unies pour aider la Syrie à soutenir et à nourrir le processus de transition en Syrie et à aider le peuple syrien fraternel à mettre en place un Processus politique mené conformément à la résolution 2254.
4 Cette phase délicate exige un dialogue national global et l’unité du peuple syrien avec toutes ses composantes, communautés et forces politiques et sociales afin de construire une Syrie libre, sûre et unie que le peuple syrien mérite après tant d’années de souffrance et de sacrifice.
5 La nécessité de mettre immédiatement fin à toutes les opérations militaires.
6 Les droits du peuple syrien doivent être respectés dans toutes leurs composantes, sans discrimination fondée sur la race, la croyance ou la religion, et tous les citoyens doivent bénéficier de la justice et de l’égalité.
7 La nécessité de préserver les institutions de l’État syrien et de renforcer sa capacité à jouer son rôle au service du peuple syrien, à protéger la Syrie contre le glissement dans le chaos et à travailler immédiatement pour habiliter un corps de police pour protéger les citoyens, leurs biens et les capacités de l’État syrien.
8 L’engagement à renforcer les efforts de lutte contre le terrorisme et à coopérer dans la lutte contre le terrorisme, compte tenu du fait qu’il constitue une menace pour la Syrie et pour la sécurité de la région et du monde, et que sa défaite est une priorité absolue.
9 Solidarité avec la République arabe syrienne, qui est une autre nation, pour protéger son unité, son intégrité territoriale, sa souveraineté, sa sécurité, sa stabilité et la sécurité de ses citoyens.
10 Fournir le soutien humanitaire dont a besoin le peuple syrien, notamment par la coopération avec les organisations des Nations Unies concernées.
11 Créer les conditions de sécurité, de vie et politiques nécessaires au rapatriement volontaire des réfugiés syriens et fournir toute l’assistance nécessaire, en coopération avec les organismes compétents des Nations Unies
12 Parvenir à la réconciliation nationale et aux principes de la justice transitionnelle conformément aux normes juridiques et humanitaires, sans représailles, et préserver l’effusion du sang du peuple syrien frère, dont les souffrances doivent cesser.
13 Condamner les incursions d’Israël dans la zone tampon avec la Syrie et ses localités adjacentes du Djebel El Cheikh, de Quneitra et des proximités des gouvernorats ruraux de Damas, la violation de l’accord de désengagement entre la Syrie et Israël conclu en 1974 et exigeant le retrait des forces israéliennes, Condamner les frappes aériennes israéliennes des installations de la Syrie et affirmer que le plateau du Golan est un territoire arabe occupé par Israël. Le Conseil de sécurité doit intervenir pour mettre fin à son occupation.

14 La sécurité et la stabilité de la Syrie sont les piliers de la sécurité et de la stabilité dans la région. Nous resterons aux côtés du peuple fraternel dans le processus de reconstruction d’un État arabe uni, indépendant, stable et sûr pour tous ses citoyens, où il n’y a pas de place pour le terrorisme ou l’extrémisme, ni une violation de sa souveraineté ou de son intégrité territoriale.

15 La nouvelle réalité de la Syrie est abordée sur la base de ses capacités à s’adapter avec les principes et fondements cités ci-dessus, assurant que l’objectif commun est de répondre aux droits et aspirations du peuple syrien.
16 Coordonner avec les autres États arabes pour une faire une réunion du Conseil de la Ligue afin de lui présenter le rapport du Comité de liaison sur la Syrie.
17 Elargir le dialogue avec les partenaires de la communauté internationale afin d’élaborer une position inclusive qui soutiendra les efforts déployés par la Syrie pour construire l’avenir, conformément aux principes convenus ci-dessus et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.