Nationalismes, islamisme, chrétienté, autant de question brûlantes d’actualité sur lesquelles l’auteur revient dans son livre. Le conflit entre Serbes et Croates depuis la fin de la seconde guerre jusqu’à la disparition de la Yougoslavie après le mort de Tito témoigne de ces identitées fracassées. La Croatie voulait son indépendance, ce que refusa la Serbie, qui rêvait de la grande Serbie. La Serbie céleste, forcément céleste, a tant souffert, rappellent les Popes lors des grandes cérémonies religieuses qui rythment la vie de ce peuple écorché.
Grand acrobate et magicien, Serguiev Jankovic croyait que la vie pourrait toujours se dérouler comme sur la scène du cirque Delmonico, le plus grand de toute la Croatie. Jusqu’au jour où Silvana Kantovic, sa partenaire à l’étrange beauté aux yeux « bleu sarcelle » disparaît lors d’un grand tour de magie. Le roman s’inscrit à ce moment de l’Histoire l’époque où ressurgit le conflit entre Serbes et Croates, frères ennemis et alliés de toujours.
Et pourtant, professe la mère de Serguiev Jankelevic, le héros de ce livre, grand acrobate et magicien du cirque Delmonico, « vous êtes tous des slaves du Sud ». Catholiques ou Orthodoxes, quelle difference ? Les uns font le signe de croix avec trois doigts de droite à gauche et les autres de gauche à droite. Les uns prient debout et les autres à genoux. Eucharistie pain fermenté ou pain azym ?
Reste la magie !
La Magie conduit jusqu’à Dieu. Qui n’a pas entendu parler de Vlad d’l’Empereur, alias Dracula, en Valachie à l’autre bout de la Serbie. Qui n’a pas croisé l’esprit familier qui descend le long du fil multicolore de l’araignée apporter, le soir, des messages de l’au-delà aux Africains autour du feu. Et la fée Mélusine en Bretagne, et Merlin l’enchanteur, et ces superstitieux qui jettent du sel par-dessus leur épaule, les soirs de grande lune, dans les forêts du Morbihan
La Magie,, le Merveilleux, Serguiev le crée, ce rêve, tous les soirs, pour le public. Le merveilleux est éphémère. Peut il durer plus d’une soirée? Car voici que Silvana, la principale partenaire de Serguiev, disparaît à l’issue de son tour de magie préféré.. Pour toujours? Après un long silence, elle ressurgit soudain, un message un appel à l’aide porté par un villageois, un Valaque, venant des portes de fer ,à l’autre bout de la Serbie.. Que dit ce message. Et dabord pourquoi a-t-elle disparu ? A-t-elle tué Paulus le magicien ? Mais surtout a-t-elle maintenat des enfants, des enfants qui seraient aussi les siens à lui Serguiev ? Et auraient ils le même regard qu’elle, ce famaux regard et l’a-t-elle perdu ou va-t-elle le perdre, au milieu des bombardements ?
Perdre la vue. Surgit alors la question essentielle. Pourra t elle continuer à vivre si l’essentiel lui manque ? L’auteur aborde ici la question du suicide et celle plus difficile encore, de l’aide à mourir .
Serguiev, accompagné de Otto le clown, attachant personnage, entraîne alors le lecteur dans une recherche désespérée jusqu’à l’autre bout des frontières de la Serbie en traversant les luttes armées naissantes dans toutes les régions, avec leurs violences, les crimes inévitables, commis parfois entre les habitants d’un même village.
Le « Je » doit remplacer le « Nous », disent les étudiants qui veulent rejeter le communisme, dans le fameux café Tornislav. Tutsis et hutus pourront ils vivre ensemble au Rwanda ? Et Kabila était il d’origine Rawandaise ? Gabon, Congo. Qui sommes nous ? Quel regard devons nous porter sur l’autre ?
Et d’abord Serguiev retrouvera-t-il le regard bleu sarcelle de Silvana ? Mais Dieu n’est il pas le seul, le vrai magicien ?