Attaques incessantes, menaces inquiétantes d’interventions sur la capitale, les djihadistes du JNIM, l’organisation dirigée par Iyad Ag Ghali, ont placé le Burkina Faso dans leur viseur. Maillon faible des Etats du Sahel, le pays d’Ibrahim Traoré, le patron de la junte militaires, apparaît incapable de résister à cette vague d’assauts qui le submerge.
Pour la première fois depuis 2016, date où le Burkina Faso a été confronté aux djihadistes, le JNIM a officiellement menacé d’attaquer la capitale. Mahmoud Barry, un des principaux porte-parole de l’organisation dirigée par Iyad Ag Ghali, a déclaré devant des centaines de combattants : « Pour le Mali et le Burkina, nous entrons désormais dans la deuxième phase de la guerre. Nous irons vous chercher dans les grandes villes, dans vos derniers refuges. »
Si le Mali est aussi mentionné, le Burkina Faso sera, à n’en pas douter, le pays où les coups sont le plus facile à porter.
Les civils massacrés
Les groupes armés islamistes au Burkina Faso ont intensifié leurs attaques contre les civils, massacrant des villageois, des personnes déplacées et des fidèles chrétiens, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Depuis février 2024, les groupes armés ont tué au moins 128 civils à travers le pays lors de sept attaques commises en violation du droit international humanitaire et constituant des crimes de guerre.
Les forces gouvernementales combattent les insurrections du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaïda et de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) depuis l’entrée de ces groupes armés au Burkina Faso en provenance du Mali en 2016. Les deux groupes armés islamistes, qui contrôlent de vastes pans du territoire burkinabè, ont attaqué des civils ainsi que des forces de sécurité gouvernementales, et se sont aussi mutuellement affrontés.
« Nous assistons à une recrudescence inquiétante de la violence islamiste au Burkina Faso. Les massacres de villageois, de fidèles et de personnes déplacées, commis par les groupes armés islamistes, constituent non seulement des crimes de guerre, mais aussi un affront cruel à la décence humaine », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch. « Les dirigeants des groupes armés islamistes devraient immédiatement mettre fin à ces attaques meurtrières contre les civils. »
Série d’attaques dévastatrices
Au cours de la semaine du 18 au 25 novembre 2024, Ansarul Islam, la katiba du JNIM qui agit au Burkina Faso, a conduit au moins neuf attaques toutes aussi dévastatrices les unes que les autres. De l’Est à l’Ouest du Nord au Sud aucune région n’est épargnée. A chaque assaut le scénario est identique, des morts dont beaucoup de Volontaires pour la Patrie, ces civils enrôlés sans formation et peu dotés en matériel, des blessés et des quantités importantes de matériel qui passent des mains de l’armée à celles des djihadistes.
Lors de l’attaque de la ville de Pissila située à moins de 100 km de la capitale, ils ont fait d’impressionnantes prises de guerre qu’ils ont largement diffusées sur les réseaux sociaux. Ainsi renforcé, Ansarul Islam peut passer à la cible suivante, un cercle infernal et sans fin… Systématiquement, les fameuses Brigades d’Intervention Rapide (BIR) créées par Ibrahim Traoré arrivent en retard sur les lieux des drames, voire n’arrivent pas du tout.
Ces échecs déclenchent, comme lors de l’attaque du 21 novembre à Solenzo, l’ire des populations livrées à elles-mêmes.
Ibrahim Traoré dépassé
Malgré ses promesses et ses velléités, Ibrahim Traoré ne semble pas être en mesure de renverser la tendance. L’armée exsangue est plus divisée que jamais. Les Volontaires pour la Patrie sur lesquels le Président du Faso comptait n’ont pas produit les résultats escomptés. Les nouvelles armes, dont les drones pourtant coûteux pour le budget de l’Etat n’ont pas, non plus, changé la donne. La solidarité entre Etats de l’Alliance du Sahel, Mali et Niger, n’engendre également pas de grands bouleversements, chacun étant pris dans ses propres difficultés. Hormis implorer le ciel, que peut faire le capitaine-président ? Difficile, en effet, d’entrevoir une solution pour se sortir du piège dans lequel il est tombé.
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