Au lendemain d’une nuit apocalyptique de mardi à mercredi avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le Liban se réveillait dans un silence troublant. Malgré les avertissements, des déplacés tentent désormais de regagner leurs foyers. Entre soulagement et incertitude, le pays meurtri peine à entrevoir l’issue de cette guerre dévastatrice.`
Notre carnet de route libanais
Les heures précédant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu au Liban ont été marquées par une intensité apocalyptique. L’aviation israélienne a pilonné sans relâche la banlieue sud de Beyrouth, le Sud, la Békaa, ainsi que le centre-ville de la capitale, et ce, jusqu’à l’heure fatidique de 4 heures du matin, heure locale. Un déluge de feu d’une ampleur inédite s’est abattu sur le pays, tel un bouquet final d’un feu d’artifice tiré avant le terme d’un spectacle. Aucun habitant n’a pu trouver le sommeil avant l’aube, chacun comptant les minutes et les secondes qui les séparaient de cette trêve tant attendue.
Lorsque le calme s’est enfin installé, il en devenait presque troublant, tant le silence était devenu une notion oubliée. Les avions de chasse, omniprésents dans le ciel libanais, s’étaient montrés particulièrement insistants durant cette ultime journée et nuit précédant le cessez-le-feu, frappant avec hystérie et sans discernement, y compris au cœur de quartiers beyrouthins jusqu’alors épargnés. Les avertissements d’Avichay Adraee (porte-parole arabophone de l’armée israélienne) se succédaient à une cadence effrénée, tout comme les frappes, avec ou sans préavis. Une véritable nuit d’horreur qui a pris fin au lever du jour.
Les esprits, encore embrumés par ces nuits d’insomnie, peinent à savoir que penser.
Guerre, où donc est ta victoire ?
Dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à 4 h du matin dans lla nuit de mardi à mercredi, des déplacés se sont empressés de tenter de retourner chez eux.
Sur l’autoroute vers le Sud, et en dépit des demandes pressantes de l’armée libanaise de ne pas se hasarder aussi vite sur les routes du retour, un flot incessant de véhicules défile, chargés de matelas et d’effets personnels. Ces voitures transportent des familles entières vers leur foyer, malgré le froid et les infrastructures endommagées.
Les véhicules bondés filent à toute allure, révélant l’empressement de chacun à rentrer chez soi. Les bagages, emballés et entassés sur les toits des voitures, témoignent de l’intimité de ces voyageurs qui ont rassemblé une énième fois leurs restes de vie.
Ce peuple gravite inlassablement, au gré des circonstances. Le retour est empreint de joie et d’incertitude. Car sur ces routes, rien ne garantit que le départ se soldera par une arrivée sans encombre.
Après les drones, les oiseaux…
« Ce matin, j’ai été tirée de mon sommeil par le doux chant des oiseaux sur mon balcon, un changement bienvenu après les bruits habituels qui perturbent mes réveils. Fini le vrombissement assourdissant des drones et les informations angoissantes qui envahissent mon téléphone dès le réveil. Et surtout, plus de raids qui sèment la terreur. Pour une fois, la nature a repris ses droits, m’offrant un moment de répit et de sérénité dans ce monde chaotique », confie Danielle.
Selon le média Ici Beyrouth, l’armée israélienne a, pour sa part, lancé un appel par le biais de son porte-parole arabophone, Avichay Adraee, avertissant les habitants du Liban-Sud de ne pas rentrer chez eux pour le moment parce que la région n’était pas encore sûre.
Adraee a aussi précisé que l’armée israélienne préviendrait les habitants du sud du moment adéquat, ajoutant que l’armée resterait déployée au sud selon les clauses du cessez-le-feu.
Dans un message posté sur X, Avichay Adraee informe les résidents libanais qu’il leur est « interdit de se diriger vers les villages que l’armée israélienne a ordonné d’évacuer ou vers les forces de l’armée israélienne présentes dans la région ».
« Pour votre sécurité et celle des membres de votre famille, vous devez vous abstenir de vous rendre dans la région. Nous vous informerons lorsqu’il sera possible de rentrer chez vous en toute sécurité », ajoute-t-il.
Il précise que les forces armées restaient déployées à l’intérieur du Liban-Sud.