Guinée, une nouvelle disparition sous le rêgne de Mamadi Doumbouya

Saadou Nimaga, expert minier et secrétaire général du ministère des mines sous l’ancien président Alpha Condé, a été enlevé en plein centre de Conakry par quatre individus en civil le 17 octobre à Conakry. Depuis il n’a plus donné aucun signe de vie. Une nouvelle disparition inquiétante, qui montre que Mamadi Doumbouya reste sourd aux nombreuses mises en garde quitte à placer son dernier allié, la France, dans une position délicate.

Ancien haut fonctionnaire du ministère des Mines, Saadou Nimaga a été un des auteurs du nouveau code minier réalisé sous le pouvoir d’Alpha Condé. Limogé par la junte après le coup d’Etat de 2021, cet expert a continué à suivre ces dossiers en créant sa propre société de conseil. En sait-il trop sur les coulisses et les manœuvres du pouvoir concernant les mégas contrats de fer, de bauxite et de manganèse et d’or ? Les proches de Saadou Nimaga s’inquiètent à raison, compte tenu du sort réservé aux disparus sous le pouvoir actuel. Au cours de l’année écoulée, deux ont été retrouvés morts en prison et personne n’a de nouvelles des activistes Foniké Manguè et Mamadou Billo Bah, enlevés depuis juillet 2024, dans les mêmes conditions que l’expert minier. Son avocat Mohamed Traoré, exclut un rapt crapuleux et a déposé plainte. L’épouse, elle, en appelle aux ambassadeurs occidentaux afin qu’ils fassent pression sur les autorités pour retrouver son mari. 

La France dans l’embarras

Que va faire Paris ? Alors que toutes les chancelleries occidentales s’étaient émues de la disparition des deux activistes, la France, elle, est restée silencieuse pendant quatre longs mois. Un silence si pesant que les députés Insoumis ont entrepris de demander une commission d’enquête sur les conditions des droits de l’homme en Guinée et le soutien de l’Elysée à la junte de Conakry. Ce n’est que le 18 octobre dernier, lors d’un point presse au ministère des Affaires étrangères, que le porte-parole du Quai s’est enfin exprimé sur le sujet en faisant état d’une « situation sur laquelle il y a une grande préoccupation de la France. » Il ajoutait également que ce sujet « a été évoqué avec les autorités guinéennes ». Ou Mamadi Doumbouya n’a que faire des « préoccupations » françaises ou le message n’était-il pas assez convaincant ? Car, contre vents et marées, Paris reste le dernier allié de Conakry, toutes les chancelleries européennes, comme celle des Etats-Unis ont pris leur distance avec la junte guinéenne.