Les relations troubles de la France et du Hezbollah

Il est de notoriété publique que la France entretient depuis longtemps des relations peu claires avec la branche politique du Hezbollah, faisant fi de leurs groupes armés qui rêgnent  sur une grande partie du Liban avec l’aide financière et de l’appui logistique que leur apportent les Iraniens

Selon le ministre français de la Défense Lecornu, un cessez-le-feu au Liban est une « nécessité pour notre sécurité collective » et la France travaille « de manière très opérationnelle » pour éviter une guerre communautaire au pays du Cèdre. Personne ne peut trouver à redire à ces propos raisonnables prononcés lors de la conférence internationale sur le Liban convoquée à Paris le 24 octobre.

Il reste que ces craintes fondées sur une possible guerre civile au Liban ne doivent pas masquer les ambiguïtés diplomatiques françaises, ces dernières années, face au Hezbollah. La présence du ministre des Transports libanais, Ali Hamieh, proche du Hezbollah, dans la délégation accompagnant le Premier ministre Najib Mikati à Paris en est la preuve flagrante.

Sleiman Frangié, candidat du Hezbollah et d’Emmanuel Macron à laPrésidence libanaise

Depuis que le parlement libanais tente, mais sans succès, de trouver un Président pour le pays, Emmanuel Macron a soutenu de façon quasiment publique le candidat du Hezbollah, Sleiman Frangié. Et cela pour des raisons relativement mystérieuses. Les diplomates français à Beyrouth ont jeté des ponts vers les dirigeants du mouvement chiite soutenu par les Iraniens.

Ces choix ont provoqué un certain trouble dans l’électorat chrétien et sunnite. Face à ces incompréhensions, le président français a choisi de nommer son ancien ministre des Affaires Étrangères très lié au régime séoudien (et anti iranien), Jean Yves Le Drian, envoyé spécial permanent à Beyrouth. Une façon d’envoyer un message rassurant aux amis traditionnels de la France  au Liban surpris de la bienveillance française face au Hezbollah.

Relations troubles

Ces relations troubles avec un mouvement qui a faitdu secteur des ports et des aéroports sa chasse gardée semblent avoir porté leurs fruits. La coopération industrielle a été renforcée entre les deux pays comme le montre le contrat remporté par CMA-CGM, le groupe de Rodolphe Saadé, grand ami d’Emmanuel Macron et propriétaire de plusieurs medias en France. Ce dernier est bien traité également par les autorités portuaires de Tripoli, la deuxième ville libanaise.

En échange de la discrétion d’Emmanuel Macron sur la question des armes du Hezbollah lors de ses déplacements au Liban, le Parti de Dieu a laissé CMA-CGM remporter ce marché stratégique. Une source libanaise révèle même qu’en vue de la conclusion du contrat, M. Saadé, qui possède également BFM TV, aurait proposé au ministre des Transports libanais de lui envoyer son avion privé à Marseille, un geste qui aurait contribué à sceller l’accord.

Cette position ambiguë de Paris, qui a toujours privilégié le dialogue avec un mouvement classé comme terroriste par de nombreux pays, ne rend pas totalement crédible le rôle de la France en matière de stabilité du Liban.