Ces drones ukrainiens pour les groupes armés sahéliens 

Depuis que les Ukrainiens ont apportés leur aide aux groupes armés de l’Azawad de nombreuses publications font état de livraisons d’armes qui alimenteraient les groupes terroristes du Sahel. Entre fake news et vérités, la réalité est difficie à saisir.

La capture d’écran ci dessus est extraite d’une vidéo de combattants rebelles après l’embuscade meurtrière contre un convoi de l’armée malienne et du groupe Wagner, fin juillet, près de Tin Zaouatine, dans le nord du Mali.

Lors de la bataille de Tinzawaten en juillet 2024, les forces armés maliennes et les mercenaires de Wagner avaient subi une sévère défaite face à la fois aux groupes rebelles  du Cadre stratégique permanent (CSP), en guerre contre la junte et ses supplétifs russes et au JNIM, le groupe armé islamiste de Yiad Ag Ghali. À cette occasion, les Ukrainiens s’étaient empressés de récupérer la victoire en officialisant leur aide au CSP. 
À l’époque le porte-parole des services de renseignement avait déclaré au « Gardian », je journal britanniquee : « Les rebelles ont reçu les informations nécessaires, et pas seulement de simples informations, qui ont permis de mener à bien une opération militaire contre les criminels de guerre russes ». 

Ces drones qui fachent

La junte militaire n’avait pas donné plus de détails sur le type de collaboration apportée. Très vite il s’est avéré que l’Ukraine avait fourni des drones kamikazes. L’affaire avait ensuite provoqué un tollé, les trois pays de l’AES, Mali, Burkina Faso, Niger avaient rompu leurs relations diplomatiques et déposé une plainte contre Kiev au Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Le 14 octobre dernier, l’Ukraine a nié fournir des drones aux rebelles maliens après que le Monde ait publié un article intitulé : « Dans le nord du Mali, les drones ukrainiens éclaircissent l’horizon des rebelles ». En difficulté sur leur propre terrain, les autorités ukrainiennes n’ont pas intérêt à reconnaître qu’elles fournissent des armes aux rebelles sahéliens alors qu’elles demandent de manière toujours plus pressante l’aide matérielle de ses alliés occidentaux.

Kiev, rien de nouveau

L’idée d’aller combattre Moscou sur un autre terrain que le sien n’était pas une idée lumineuse de la part de Kiev, puisqu’il a relancé l’affaire des détournements de l’aide militaire fournie par les Occidentaux.
Contrairement aux publications sur X comme sur Telegram, l’arrivée de ces armes dans le Sahel ne date pas de l’engagement de Kiev aux côtés du CSP, cela a commencé dès les premiers mois du conflit au printemps 2022. De nombreux experts militaires s’inquiétaient que les livraisons massives occidentales se retrouvent dans d’autres mains que celles des ukrainiens compte tenu de la corruption endémique que connaît ce pays.
Du « Washington Post », le grand quotidien américain, à la chaine CNN, les commentaires allaient bon train : « le risque est qu’à long terme certaines de ces armes se retrouvent dans des endroits inattendus et entre les mains d’autres armées et de milices ». Ce qui devait arriver arriva sans tarder puisque dès décembre 2022, le président nigérian de l’époque Muhammadou Buhari alertait « les armes utilisées dans le conflit en Ukraine commencent également à s’infiltrer dans la région ».
Depuis les trafics n’ont jamais cessé et les pays de l’AES s’en inquiètent, certes un peu tardivement, mais à juste titre…