Présidentielle, Laurent Gbagbo candidat envers et contre tout

L’ancien président, Laurent Gbagbo qui est paru fatigué, mercredi 216 octobre, au micro d’Alain Foka, lors d’un entretien sur la webtv « AFO », a expliqué qu’il sera candidat à l’élection présidentielle prévue dans douze petits mois dans son pays, en dépit des obstacles matériels qui empêchent son inscription sur la liste électorale.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Plus que jamais, il est le saumon qui remonte le cours d’eau sans craindre les vagues contraires! Car le mercredi 16 octobre 2024 au micro d’Alain Foka, qui émet désormais sur sa webtv AFO, l’ancien président a en effet expliqué, avec un ton placide, qu’il sera bel et candidat à la prochaine présidentielle. Là où son adversaire de toujours, Alassane Ouattara, qui ne veut pas d’un dialogue politique avec lui, ne semble pas vooloir annuler sa condamnation par les tribunaux ivoiriens.

Alors que son acquittement par la Cour pénale internationale n’était plus qu’un secret de polichinelle, Laurent Gbagbo a été jugé par contumace en Côte d’Ivoire où il a été condamné à 20 années de prison. Ses avocats ont protesté contre cette condamnation qui ne respecte pas, selon eux, la procédure en matière des procès par contumace. L’ancien président fut retiré des listes électorales, ce qui l’empêche matériellement de prendre part à la présidentielle de l’an prochain comme candidat et simple électeur.

Un soldat de 80 ans au front

C’est pourquoi la prise de parole de l’ancien président était très attendue. Dans son camp, le plan B autour de la candidature du vice-président de l’Alliance internationale des Brics Ahoua Don Mello progresse. Mais mercredi, Laurent Gbagbo a expliqué qu’il est bien candidat et pas même son âge – il aura 80 ans le 30 octobre prochain -, ne peut l’empêcher de se battre tant que les combats pour lesquels il se bat depuis son plus jeune âge persistent.

 Laurent Gbagbo ne veut pas que l’on parle de l’âge d’Alassane Ouattara mais du fait qu’il viole la loi en s’apprêtant à faire un quatrième mandat. « Il ne devait même pas faire ce mandat-ci qui est le troisième. Alors faire un quatrième mandat, c’est amplifier la faute. C’est une horreur », dit Gbagbo qui a banalisé le fait d’avoir payé un peu plus de 2 milliards de Fcfa pour financer la campagne de Jacques Chirac alors que la Côte d’Ivoire est un pays pauvre et que son système de santé aurait pu être soulagé par un financement d’un tel ordre.

 

 Un appel sans contenu

En revanche, sur les déclarations de Robert Bourgi qui a affirmé que c’est lui Gbagbo qui a gagné les élections, Laurent Gbagbo s’est montré satisfait, expliquant que c’est ce qu’il a toujours dit et qu’à l’époque, il avait demandé un recomptage des voix, sans succès.

Quant à l’appel de Bonoua, l’ancien président ivoirien assure qu’il n’est pas exclusivement réservé à la gauche mais à l’ensemble de l’opposition pour qu’elle obtienne les meilleures conditions d’aller à une élection présidentielle réellement transparente. Car, aux yeux de l’opposition, les conditions actuelles sont assez problématiques, ce qu’a confirmé Laurent Gbagbo en pointant la liste électorale, la commission électorale indépendante, ainsi que le découpage électoral.

Mais plus de trois mois après l’appel pour un regroupement de l’opposition, le parti de Laurent Gbagbo n’a toujours pas dit les objectifs et le fonctionnement d’un tel regroupement. Au surplus, depuis que le PPA-CI fait le constat d’échec de cet appel, le parti de Laurent Gbagbo est de plus en isolé dans le paysage politique ivoirien, là où une coalition regroupant le parti de son ex-femme Simone Gbagbo, le MGC, le PDCI et le Cojep multiplie des scènes de cohésion.

Justement, Laurent Gbagbo s’est de nouveau gardé d’évoquer le simple nom de son ex-cogeôlier à la CPI, Charles Blé Goudé, là où il dénonce sa non inscription, ainsi que celle de son ancien Premier ministre, Guillaume Soro, qui l’a combattu des années durant à travers la rébellion de Bouaké.