Le gouvernement ivoirien a choisi la manière forte en suspendant toutes les activités syndicales estudiantines sur l’ensemble du territoire national suite au décès d’un étudiant retrouvé mort dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024 à Abidjan après avoir été enlevé par un groupe d’étudiants à qui il s’opposait.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
On l’appelait le « général sorcier », il avait 49 ans et était inscrit en master 2 à la faculté d’anglais, à l’université publique d’Abidjan. La veille, il avait été enlevé par un groupe d’étudiants, probablement des hommes de l’actuel secrétaire général de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Kambou Sia, avec qui il était en conflit ouvert.
Le secrétaire général de la Fesci a d’ailleurs été interpellé, ce mardi 1er octobre, ce qui a provoqué des heurts dans plusieurs résidences universitaires où les forces de l’ordre tentaient encore de ramener le calme tard dans la nuit à l’aide de gaz lacrymogène.
Selon le procureur de la république qui a diligenté une enquête, les quatre autres suspects arrêtés ont avoué avoir été gagés par le secrétaire général pour initier une rencontre avec l’étudiant tué.
Aubin Agui dirigeait la section d’Abobo où il comptait parmi les animateurs d’une dissidence. Pour le neutraliser, ses adversaires l’avaient convaincu de venir discuter avec eux pour le compte du secrétaire général. Mais une fois sur les lieux, il a été enlevé et conduit au quartier général de son adversaire comme l’indiquent les premiers éléments de l’enquête.
Né au début des années 90, la Fesci, ce puissant syndicat estudiantin, a toujours eu une réelle capacité à régner sur l’école ivoirienne par l’ampleur de ses moyens de mobilisation et ses méthodes expéditives.
Puissant levier et incroyable tremplin politique, la Fesci a connu différents leaders dont l’ancien premier ministre Guillaume Soro et Charles Blé Goudé qui ont été, à tour de rôle, joué les premiers rôles au plan national, le premier au sein de la rébellion armée de 2002 et le second à la tête des jeunes patriotes de Laurent Gbagbo.