Les recherches pour retrouver les naufragés de Mbour se poursuivent. Au moins 26 corps ont déjà été repêchés selon un dernier bilan. La pirogue qui s’est renversée contenait 150 passagers, peut-être plus. Depuis 2014, l’organisation internationale pour les migrations a recensé plus de 63000, morts et disparus compris.
Correspondance, Bati Abouè
Le bilan du naufrage de la pirogue qui s’est renversée le dimanche 8 septembre au large de Mbour a grimpé à 26 morts tandis que les recherches se poursuivent toujours. Environ 150 personnes, voire plus, avaient embarqué sur ce bateau de fortune pour atteindre les îles Canaries où devait ensuite débuter le rêve de tous ces candidats à l’émigration clandestine.
La Marine sénégalaise qui ne relâche pas ses efforts précise néanmoins « qu’un nombre indéterminé de personnes a été secouru par des pêcheurs locaux » après avoir récupéré 17 dépouilles supplémentaires. « Au total, 26 corps ont été repêchés dans ce naufrage avec les neuf récupérés auparavant », a-t-elle précisé alors que de nombreuses personnes sont encore portées disparues.
Selon le Préfet Amadou Diop dont les propos ont été rapportés par l’agence de presse sénégalaise, les victimes qui ont pu être identifiées sont pour la plupart originaires de Mbour. Elles avaient pris place par dizaines dans la pirogue qui a chaviré à quelques kilomètres de la côte peu après son départ, ont reconnu des témoins interrogés dans cette ville de l’ouest du Sénégal.
Sénégal: le débat s’engage sur la répression des migrants clandestins
La coopération avec l’Espagne
Ce drame a suscité une vague de réactions au sein de la société sénégalaise. L’ancienne Première ministre, Aminata Touré, désormais haute représentante du président de la République Bassirou Diomaye Faye depuis sa nomination, a exprimé sa « solidarité » et sa « compassion » aux familles des victimes avant d’inviter les jeunes sénégalais à renoncer à l’immigration clandestine.
« Nous exhortons notre jeunesse à renoncer définitivement à l’idée de l’immigration clandestine et à envisager leur avenir ici, au Sénégal, où des opportunités existent dans le cadre des changements importants à venir », a-t-elle déclaré sur ses réseaux sociaux.
Il y a deux semaines, le Premier ministre espagnol en tournée en Afrique de l’Ouest avait annoncé à son arrivée au Sénégal la signature d’une série d’accords en faveur d’une migration régulée. Il s’agissait notamment de mettre en place un cadre concerté d’entrée régulière sur le sol espagnol en fonction des besoins de main-d’œuvre.
La Gambie avait également été visitée dans le cadre de cette tournée africaine du premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. Le 9 septembre, son gouvernement a informé l’Espagne au sujet de l’activité d’agences impliquées dans le recrutement illégal de Gambiens pour travailler en Espagne, en dehors du cadre desdits accords.
22000 migrants aux Canaries en huit mois
Le Sénégal est l’un des principaux points de départ de milliers d’Africains candidats à l’émigration clandestine. Pour gagner l’Europe, ceux-ci prennent la périlleuse route de l’Atlantique via l’archipel espagnol des Canaries, à bord d’embarcations de fortune et généralement surchargées.
Des milliers de personnes sont mortes en tentant de rejoindre ainsi l’Europe ces dernières années. Depuis 2014, l’organisation internationale pour les migrations a recensé plus de 63 000, morts et disparus compris.
Mais ces chiffres ne produisent guère d’effet sur la jeunesse africaine de plus en plus déterminée à refaire leur vie en Europe. Depuis le début de l’année, plus de 22.000 migrants ont en effet débarqué aux Canaries, soit plus du double par rapport à l’année précédente. D’ailleurs, pendant que les recherches se poursuivaient encore pour retrouver les naufragés de Mbour, la marine sénégalaise a arraisonné deux nouvelles embarcations transportant plus de 400 candidats à l’émigration vers l’Europe.