L’ingénierie sénégalaise a franchi un énorme palier le vendredi 16 août 2024 en envoyant dans l’espace son premier satellite conçu et fabriqué par des scientifiques locaux. Il s’agit d’un petit cube de 10 cm pesant environ un kilogramme lancé à bord de la fusée Falcon 9 de SpaceX depuis la base de Vandenberg, en Californie.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
C’était un pari risqué que le Sénégal a relevé. Le vendredi 16 août, depuis la base spatiale de la Californie, des ingénieurs sénégalais ont envoyé dans l’espace, via la fusée Falcon 9 de Space X, un satellite conçu et fabriqué localement. C’est donc une victoire de l’ingénierie sénégalaise que le président du pays, Bassirou Diomaye Faye a saluée avec fierté sur le réseau social X. Le président sénégalais a affirmé que ce succès signe l’entrée de son pays « dans une nouvelle ère », avant d’ajouter que « ce lancement symbolise non seulement un succès technique, mais aussi un pas important vers l’indépendance technologique du pays. »
Le satellite sénégalais se présente comme un petit cube de 10 cm pesant environ un kilogramme. Sa mission cruciale est de collecter des données essentielles pour la gestion des ressources en eau. Mais il pourra également recueillir des informations de capteurs au sol, ce qui lui permettra par exemple de mesurer la hauteur de l’eau dans les puits et les lacs. Ces données permettront ensuite de mieux gérer cette ressource vitale, en particulier dans les régions marquées par la rareté de l’infrastructure de communication.
Selon Stéphane Barensky, rédacteur en chef du magazine Aerospatium, qui réagissait au micro de RFI via Guilhem Fabry, l’importance de ce satellite pour le Sénégal n’est plus à démontrer puisqu’il va assurer, à terme, une autonomie technologique au pays de la Teranga. Car au-delà de ses missions immédiates, ce programme satellite va aider à développer les compétences des ingénieurs et étudiants africains dans la technologie spatiale. Le Sénégal pourra aussi concevoir et fabriquer des satellites à partir du continent africain, ce qui réduirait de façon significative sa dépendance aux technologies étrangères.
Il y a donc, dans cette journée historique, un enjeu de « transfert de technologie », a reconnu Stéphane Barensky, pour qui les Sénégalais n’ont pas encore pris la pleine mesure de cette initiative pour l’avenir du développement technologique en Afrique. Et « ce n’est qu’un début », ce satellite en récoltant des données de divers capteurs, pouvant devenir le pendant d’un programme similaire en Afrique qui utilise des satellites pour suivre l’évolution des populations de moustiques, afin d’aider à la prévention du paludisme.