Les deux pays ont levé, mardi 13 août, les obstacles qui permettent de réinstaurer la fluidité routière aux frontières sénégalo-gambiennes.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Les échanges, mardi 13 août, à Banjul, entre les délégations gambienne et sénégalaise sur la crise frontalière ont fini par payer. Le trafic a ainsi repris à la frontière des deux pays où 353 gros camions sénégalais étaient bloqués pour diverses tracasseries dénoncées par les routiers du pays des hommes de la Téranga. Les routiers sénégalais ont même bénéficié, cette fois, de la gratuité, pour montrer la bonne foi des autorités gambiennes qui n’ont en revanche pas supprimé la taxe de balise qui est de 16.000 FCFA (62 dollars).
Il a fallu la rencontre entre le ministre gambien des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, et son homologue sénégalais de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, pour faire baisser la tension et lever la grève des gros porteurs stationnés le long de la frontière sénégalo-gambienne.
Selon le communiqué qui a sanctionné la rencontre, « tous les véhicules, qu’ils soient sénégalais ou gambiens, paieront (désormais) le même tarif, en FCFA ou en dalasi, au pont de la Sénégambie (qui enjambe le fleuve Gambie à Farafenni, NDLR). Les autorités gambiennes afficheront régulièrement les frais pour l’information du public ». Et pour mieux lutter contre le racket, les deux délégations ont également promis d’harmoniser cette taxe, avec l’introduction prochaine du tarif de balise par le Sénégal », ont indiqué des sources proches du dossier.
La Gambie, un pays à l’intérieur du Sénégal
La Gambie est enclavée dans le Sénégal. De sorte qu’il est plus rapide de quitter Dakar, la capitale, pour rejoindre la partie Sud du pays en la traversant, ladite voie étant par ailleurs très empruntée. Le tarif de la traversée de la frontière a également été revu à la baisse pour les bus de Dakar Dem Dikk (DDD), la société nationale sénégalaise de transport en commun, et ceux de son pendant gambien. Les deux sociétés paieront dorénavant 63.000 FCFA au lieu des 110.000 FCFA » précédemment en vigueur.
Et puisque la Gambie possède une façade maritime, les deux délégations sont également arrivées à un accord sur le passavant, visa de passage, délivré par le Sénégal, qui passe désormais de 10 à 30 jours pour le même prix, 5 000 FCFA (8 dollars US). Cette décision devrait faire le bonheur des populations gambiennes qui n’auront plus la pression de la péremption du passavant. De plus, les camions gambiens en transit au Sénégal et à destination de la Guinée-Bissau, de la Guinée et du Mali ne paieront plus que les frais d’escorte aux points d’entrée.
Signe d’un grand vent frais qui souffle sur les relations des deux pays, le Sénégal et la Gambie ont en outre promis de mettre en place un cadre de concertation permanent qui va aider à conclure « d’autres accords visant à faciliter la circulation des personnes et des biens » souligne le communiqué. « Nous sommes deux pays, mais un seul peuple. La preuve, nous n’échangeons pas en français ou en anglais, mais plutôt en wolof », a dit Malick Ndiaye pour appuyer son propos, alors que le représentant des transporteurs sénégalais, Gora Khouma, se félicitait du rôle majeur joué par son pays pour décanter la situation, expliquant que « c’est la première fois qu’un ministre se déplace en Gambie pour plaider notre cause ».