Quoi de plus réjouissant qu’un ancien rédacteur en chef de RFI d’origine camerounaise, suivi par des milliers de « followers », a quitté en 2023 la sinécure que représente service public en France pour créer des medias très visibles qui collent à une opinion publique africaine jalouse désormais de sa souveraineté! Sauf qu’Alain Foka n’a pas forcément laisser beaucoup de ses anciens collègues l’image d’un journaliste totalement indépendant des régimes en place.
Formé à Sciences Po Paris et au Centre de Formation des Journalistes, DEUX ÉCOLES PRESTIGIEUSES, Alain Foka a vite compris la force des réseaux sociaux. Surtout quand on adopte la posture d’un journaliste à l’écoute du continent africain et sans la moindre complaisance pour les pressions venues de Paris. Bien joué!
« La menace qui pèse sur l’Afrique »
Sa fiche wikipedia met en avant quelques unes de ses prises de position les plus emblématiques, toujours en phase avec le retournement actuel de la jeunesse africaine désireuse d’écrire sa propre Histoire en mettant notamment en cause les anciennes puissances coloniales, notamment la France.« Nul n’a le droit d’effacer une page de l’Histoire d’un peuple, car un peuple sans Histoire est un monde sans âmes » « Alpha Condé est l’exemple parfait de l’échec de l’intellectualisme africain »« Celui qui ne sait pas d’où il vient, ne sait pas où il va, car il ne sait pas où il est ».
Dans une chronique (voir ci dessous) diffusée voici huit jours sur sa chaine info et vue par 600000 auditeurs, voici ce que déclare l’ancien de RFI. « Désormais, ce sont toutes les grandes puissances mondiales qui affichent clairement leur projet de conquérir leur part de l’Afrique. Elles ne font plus mystère de leur intention. Les stratégies pour y arriver ne sont même plus secrètes. Elles se discutent carrément en séance devant des caméras. Les conquérants se sont également multipliés. Au-delà des traditionnelles puissances colonisatrices européennes, de nouvelles, tout aussi voraces, se sont ajoutées : la Chine, les USA, la Turquie, la Russie, l’Inde, le Japon, la Corée… La jeunesse africaine pourra-t-elle faire face à cette nouvelle vague de colonisation si clairement affichée ? En a-t-elle les moyens ?
Petit télégraphiste
Le passé éditorial d’Alain Foka ne fait pourtant pas de ce journaliste talentueux un parangon de déontologie. C’est « le Canard Enchainé » qui avait révélé révélé qu’une enquête sur le corruption en République Démocratique du Congo (RDC), à la suite des révélations d’un consortium de medias intitulé « Congo Hold Up », a provoqué de sérieuses turbulences au sein du service « Afrique » de RFI.
Une journaliste, reconnue pour son indépendance, Sonia Rolley, avait enquêté sur les détournements des proches de l’ex président congolais Joseph Kabila. RFI décroche en prime, note « Le Canard Enchainé », l’interview de Jules Aligente, le patron de l’inspection générale des finances à Kinshasa, qui salue le travail fait par la radio française. « Quatre jours plus tard, poursuit l’hebdomadaire satyrique, surprise: ce brave haut fonctionnaire déclare, face à caméra, que tout cela n’est qu’un tissu « d’insinuations ».
Seul souci, l’entretien est réalisé par un collègue de Sonia Rolley, un certain Alain Foka, qui diffuse le « rectificatif » du haut fonctionnaire sur une chaine personnelle « Youtube » qu’il a créée sous les couleurs de RFI! On croit rèver!
On découvrira que Alain Foka est un habitué des « ménages » institutionnels en République démocratique du Congo. « Le jour de l’interview de l’inspecteur des finances, note « le Canard », le confrère se trouvait à Kinshasa pour animer l’African Business Forum », un raout d’investisseurs préparé par le régime congolais ».
Pas de vagues !
L’enquête du volatile aura éclairé des pratiques douteuses et des connivences troubles d’une partie de la rédaction africaine de RFI. Sans naturellement que la direction de la radio ne bouge une oreille, mettant en avant « un défaut de coordination » entre journalistes, obsédée qu’elle est par l’idée de ne pas faire la moindre vague. Et on lui en saura gré au quai d’Orsay, la véritable tutelle politique de la radio. Les pratiques contestables des brebis galeuses RFI sont souvent couvertes par l’État français, à condition que ces journalistes relaient la politique de la France dans ses anciennes colonies. Ce qu’ils font avec un talent qu’il faut leur reconnaitre.
RFI doit faire un grand ménage s’il veut vraiment jouer le rôle d’un garant du pluralisme d’information dans des pays africains qui en sont, hélas, trop souvent privés. Sinon la France laissera la place à des bateleurs prèts à épouser les excès d’opinions publiques afriaines chauffées à blanc par des propagandistes sans colonne vertébrale!