La visite controversée de Laurent Gbagbo sur les terres de Simone

Les préparatifs vont bon train pour la visite de Laurent Gbagbo à Bonoua, sur les terres de Simone Gbagbo, son ex-épouse. L’ex-président qui ne se déplace jamais sans Nadiany Bamba, sa nouvelle égérie, doit animer un meeting pour son inscription sur la liste électorale.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Laurent Gbagbo sera à Bonoua, le 14 juillet prochain. Mais, au vu du contexte, cette visite fait énormément parler d’elle. Bonoua, située à 55,3 km d’Abidjan, est en effet la terre natale de Simone Gbagbo, l’ex-épouse de Laurent et l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire. En 1990, Laurent Gbagbo avait animé son premier meeting d’opposant politique dans cette ville, au grand dam du premier président ivoirien, Houphouët-Boigny, qui avait des liens politiques forts avec le peuple Akan. Le couple Gbagbo a volé en éclat dès le 17 juin 2021, jour du grand retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale. Simone Gbagbo, deuxième personnalité du parti à l’époque, avait alors été éconduite de manière spectaculaire par le comité d’accueil, puis par Gbagbo lui-même qui ne voulait pas qu’elle vole la vedette à sa nouvelle épouse rentrée de Bruxelles avec lui.

Depuis, le couple a enchaîné plusieurs actes qui ont sapé leurs relations personnelles et politiques. D’abord, M. Gbagbo a officialisé sa demande de divorce afin de vivre avec Nadiany Bamba dite Nady Bamba. Ensuite, il a créé le Parti des peuples africains (PPA-CI) dont l’ex-première dame n’est pas membre. Enfin, pour survivre à cette « déchéance » politique, Simone Gbagbo s’est résolue à créer son propre parti politique dénommé Mouvement des générations capables (MGC). Pis, désormais, le couple se bat devant les tribunaux sur le montant du dédommagement réclamé par Simone Gbagbo d’un montant de 200 millions FCFA, environ 306.000 euros. Mais Laurent Gbagbo aurait fait appel de cette demande et l’affaire reste pendante devant les tribunaux.

L’ancien président doit animer un meeting pour relancer la mobilisation autour de son inscription sur la liste électorale. Car malgré sa désignation en tant que candidat du parti à la prochaine élection présidentielle, l’ex-président n’est toujours pas officiellement éligible, le gouvernement ayant par ailleurs rejeté ses offres de discussion à de nombreuses reprises. Seule la rue pouvait alors arbitrer ce conflit qui l’oppose d’autant plus clairement à Alassane Ouattara que ce dernier a fait voter l’article 185 nouveau qui donne le pouvoir au procureur de poursuivre toute personne contestant la décision d’une Autorité. Mais le doute semble s’installer dans les rangs. Il y a en effet deux semaines, la mobilisation de la diaspora ivoirienne de France a été anecdotique. Cet échec a même relancé le débat au sujet des divisions au sein du parti. Au point où, dans certains cercles, on critique ouvertement la virée de l’ex-président à Bonoua au bras de Nadiany Bamba dont la présence à l’aéroport, aux bras de l’ex-premier, sera perçue comme une autre humiliation infligée à l’ex-première dame et à ses parents après la claque du 17 juin 2011.

D’ailleurs, sur un plan politique, cette visite n’a aucun sens, jugent certains observateurs. Certes, Simone Gbagbo n’a jamais exclu des retrouvailles politiques avec Laurent Gbagbo. Encore fallait-elle l’impliquer dans l’organisation de cette visite à Bonoua qui aurait alors eu une vraie portée d’une vraie réconciliation politique puisque cela servirait de base à l’union de la gauche ivoirienne. Surtout qu’en France, l’union de la gauche en seulement 48 heures vient de lui offrir sa victoire la plus inattendue.

 

RépondreTransférer