Depuis de nombreuses années, les militaires français avaient supplanté leurs collègues diplomates en Afrique subsaharienne. L’influence incomparable et d’une durée exceptionnelle, de 2010 à 2016, du général Benoît Puga, en poste à l’Élysée sous Nicolas Sarkozy puis François Hollande, n’a pas été sans conséquences sur la politique française en Afrique.
Il est vrai que ce général d’armée avait une longue et précieuse expérience de terrain en Afrique et que ses fonctions de chef d’Etat-major particulier du chef de l’Etat lui donnait une grande proximité avec les deux présidents de la République. D’autant que le contexte diplomatique laissait le champ libre. A l’Élysée, les conseillers diplomatiques des deux chefs de l’État, plus politiciens hexagonaux qu’experts en géopolitique, et les responsables, sans grande expérience, de la cellule africaine ne pouvaient faire le poids face au général Puga et au ministre de la Défense et élu de Bretagne Jean-Yves Le Drian.
La diplomatie française sans boussole
Entouré d’experts civils et militaires, le Breton a tissé un réseau de relations et entretenu des liens bien au delà de la présence militaire française. Préférant le Tourisme et surtout la COP 21à l’Afrique, Laurent Fabius s’est totalement désintéressé de ce continent qui ne pouvait rien apporter à son ego surdimensionné. Durant cinq ans la diplomatie française a perdu pied en Afrique subsaharienne, multipliant les impairs et les fautes. Après sa nomination surprise mais sans grand poids politique, Jean-Marc Ayrault n’a pu que constater le désastre et tenter, à la marge et par quelques nominations d’ambassadeurs, de redresser le gouvernail.
L’armée sans voix
L’ élection du Président Macron ouvre de nouvelles perspectives. La nomination de Jean-Yves Le Drian aux Affaires étrangères va sonner paradoxalement le glas de la prééminence des militaires en Afrique. Les diplomates vont retrouver la place qu’il leur revient.
La nomination de Philippe Étienne, comme conseiller diplomatique du chef de l’État, est prometteuse. Ce grand diplomate qui connaît parfaitement les rouages de l’Union europeenne peut mettre sa grande expérience professionnelle au service de la nouvelle diplomatie française et notamment en Afrique. Il fut un Directeur général de la coopération internationale et du développement très efficace et apprécié en Afrique. Il est loin de découvrir l’Afrique comme ses prédécesseurs, sous Hollande et Sarkozy.
Quant à la Cellule africaine, complètement sous la coupe du PS et de la fondation Jean-Jaures, va opportunément disparaître. Seuls les chefs de l’État africains membres de l’Internationale socialiste la regretteront. Un comité composé d’incontestables experts français et africains va être mis en place.
Ce tournant sera-t-il l’occasion de construire une nouvelle politique française en Afrique basée sur les idées de développement économique et de pluralisme politique, tant attendue par les Africains? Espérons le.