Le Mali pourrait obtenir une facilité de crédit rapide auprès du Fonds monétaire international (FMI). Un peu de répit pour la junte militaire au pouvoir confrontée à de graves difficultés: de graves coupures d’électricité, le départ de la force de paix onusienne qui plombe le secteur tertiaire, la baisse de la production d’or et l’incertitude sur la sortie de la CEDEAO.
Le réchauffement diplomatique avec Paris a contribué à la bonne volonté du FMI de poursuivre la collaboration avec le Mali malgré le régime militaire en place. Outre l’influence de Paris, le maintien de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Bamako contribue à la remise en place de crédits qui doivent passer par son truchement.
Certes, l’avis favorable délivré par la mission du FMI devra obtenir l’accord de son conseil d’administration, où Bamako n’a pas que des amis. Mais la délégation du FMI et les autorités maliennes sont, en attendant, parvenues à un accord de principe sur un financement d’urgence au titre du guichet « chocs exogènes » de la facilité de crédit rapide (FCR).
Sous réserve de l’approbation du siège, le Mali recevra environ 120 millions de dollars (0,6 % du PIB). Cette aide financière devra soutenir la fourniture de nourriture et des transferts monétaires ciblés aux personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë dans les régions du centre et du nord. Le décaissement couvrira également des dépenses pour l’éducation, les abris, les articles non alimentaires et l’accès à l’eau potable, à la santé et aux installations sanitaires.
Un crédit fléché vers les personnes les plus démunies
Le FMI n’est pas une institution humanitaire : le ciblage vers les pauvres et les services sociaux est destiné à rallier les administrateurs à la facilité dont le Mali a besoin. Les résultats purement financiers du pays ne sont pas mauvais: l’économie du pays a progressé de 4,4 % en 2023 avec la hausse des prix de l’or et du coton. L’inflation globale a chuté à 2,1 % en 2023 contre 9,7 % en 2022, mais le coût des aliments est resté élevé et a contribué à l’augmentation de l’insécurité alimentaire.
L’absence persistante de soutien budgétaire extérieur, combinée à des conditions de financement plus strictes dans l’ensemble de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), a augmenté les coûts d’emprunt et créé une contraction des financements. Les ressources mobilisées par le Mali sur le marché financier régional ont été inférieures aux attentes en 2023.
L’économie se dégrade en 2024
En 2024, la situation se dégrade. La croissance du PIB réel devrait ralentir à 3,8 %. La récurrence des pannes d’électricité, la détérioration de la sécurité, les risques croissants sur la stabilité financière dans un contexte d’escalade des besoins de financement gouvernementaux, la volatilité des prix internationaux des produits de base, le resserrement des conditions financières mondiales et les vulnérabilités climatiques dressent un paysage alarmant pour l’année 2024.
Le ministre de l’Économie et des Finances Alousseni Sanou et le directeur national de la BCEAO pour le Mali ont-ils des marges de manœuvre pour agir sur la gestion d’Electricité du Mali, la restructuration de la dette et la fin de la corruption ? Certainement pas. La dissolution de facto du gouvernement sur fond de dissensions au sommet de l’Etat n’augure pas non plus d’une conduite plus assurée de l’économie et d’un rétablissement du pays.