Radio France Internationale a rapporté mercredi, à Cotonou, les conclusions d’une rencontre ministérielle bénino-nigérienne convoquée à l’invitation de la société pétrolière chinoise West African Oil Pipeline Company SA (Wapco), qui exploite le pipeline permettant d’exporter, à partir du port béninois de Sèmè, le pétrole brut extrait dans l’extrême-est du Niger.
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À son retour à Cotonou mercredi, le ministre béninois de l’Énergie et des mines Samou Seidou Adambi a tenu un point de presse pour rendre publique la position béninoise dans la querelle qui l’oppose depuis plusieurs mois à son voisin du Niger. Il a indiqué que la réunion de Niamey avait pour but de régler « le problème de passage par la frontière terrestre des équipements, du personnel et du matériel » et de rechercher un accord « entre les douanes des deux pays pour les opérations normales de chargement et d’enlèvement » du brut nigérien.
« Le Bénin va continuer de jouer son rôle dans les relations bilatérales mais aussi dans les obligations qui sont les nôtres par rapport au projet de pipeline Niger-Bénin », a dit le ministre, qui rendra compte, comme son homologue du Niger, à son chef d’Etat.
Selon Samou Seidou Adambi, la responsabilité du blocage incombe à Niamey et les partenaires chinois sont « déboussolés et découragés ».
Le Niger refuse de rouvrir sa frontière à cause de la présence de bases militaires françaises, qu’il perçoit comme une menace, dans le nord du Bénin. La tension ne redescend pas entre les deux pays et, pour protester contre la fermeture de la frontière terrestre, Patrice Talon a même bloqué tout récemment le passage en pirogue sur le fleuve Niger.
Lors du point de presse, le ministre béninois a saisi l’occasion de lancer une dernière pique à son voisin du nord : « J’étais également porteur d’un message du président Talon à son homologue et frère le général Abdourahamane Tiani qui n’a pas pu me recevoir pour prendre ce message-là. »
Au Niger, le journaliste Ibrahim Amadou a réagi à cette conférence de presse en estimant que le Bénin cherchait à faire du Niger « le méchant de l’histoire ». « Le ministre béninois des Mines a été bien accueilli par la délégation nigérienne et les négociations se sont bien passées », a-t-il écrit, même si « le message de Talon le manipulateur arrive au Niger au moment où le gouvernement de Patrice Talon arrête les petits commerces faits par ses compatriotes et les Nigériens sur le fleuve ! »
« Le Président Patrice Talon veut faire comprendre que le Niger est fermé à toutes initiatives de retour à l’ordre ! Le scoop de son ministre des Mines est devenu le choix gras de ceux qui veulent d’une confrontation entre les deux pays », poursuit le journaliste, rappelant la participation active du Bénin au boycott ordonné par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest au lendemain du coup d’Etat ayant renversé le Président Mohamed Bazoum. Ce blocus, le plus dur de l’histoire de l’organisation ouest-africaine, a privé pendant six mois le Niger de l’accès à toutes les marchandises, jusqu’aux médicaments. «
Seul Pékin peut mettre fin aux tensions entre Niger et Bénin