Le vice-président de l’Alliance des Brics a expliqué, lors d’une conférence publique tenue à Abidjan, que sans souveraineté, les Etats africains ne pourraient jamais sortir du sous-développement dans lequel ils sont plongés depuis des décennies.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
On a revu Ahoua Don Mello. Le vice-président de l’Alliance des Brics chargé des grands projets a donné une conférence publique au Centre national des matériels scientifiques de Cocody pour sa première déclaration officielle après la convention du Parti des peuples africains (PPA-CI) à laquelle il a pris une part active. L’ancien ministre de l’équipement de Laurent Gbagbo qui fut avant d’entrer au gouvernement le directeur général du Bnetd pendant dix ans, a longuement parlé du développement de l’Afrique sur lequel il a souvent été interrogé lors des échanges. En réponse, il a expliqué que le continent n’est pas condamné à manger du pain noir. En revanche, les Etats africains doivent accepter de briser tous les liens du colonialisme pour devenir des Etats souverains et construire leur développement.
« Le combat le plus important est celui de la souveraineté des Etats africains parce que tant que nous n’avons pas brisé ces liens (le colonialisme), nous serons incapables de nous approprier notre économie », a indiqué le vice-président de l’Alliance des Brics pour qui les peuples africains doivent, dans cet élan, s’ouvrir au monde multipolaire qui se met doucement en place. L’Afrique étant confrontée à la sous-industrialisation de son économie, Ahoua Don Mello estime qu’en s’appropriant leur économie, donc leur monnaie, les Etats africains pourront « financer de manière autonome des hommes d’affaires locaux qui vont ensuite créer des emplois pour des milliers de jeunes qui sortent chaque année de l’école » et qui sont, pour le moment, sans perspective.
Depuis sa nomination à la vice-présidence de l’Alliance des Brics, Ahoua Don Mello réside à Moscou où il a ses bureaux. Il y a deux semaines, il est rentré à Abidjan pour participer à la désignation de Laurent Gbagbo comme le candidat du PPA-CI à l’élection présidentielle à venir. Mais si le candidat Gbagbo a soigneusement évité de parler du franc CFA qui cristallise les difficultés de la relation entre la France et ses anciennes colonies, le vice-président de l’Alliance des Brics, lui, pense que le moment est venu de « rompre les derniers liens coloniaux dont l’un des piliers est justement ces accords monétaires. Car « Tant qu’on n’a pas rompu cette chaîne de dépendance pour avoir une capacité autonome de financement de notre économie, nous serons toujours sous-développés », a ajouté Don Mello.
La Russie et les idées reçues
En plus de la rupture des liens monétaires, le vice-président de l’Alliance des Brics appelle également les Etats africains à mettre fin aux liens de défense et de sécurité à travers les accords de coopération auxquels les Africains ont sacrifié leurs matières premières en les concédant à des multinationales. Toutes ces décisions, a-t-il dit, ne peuvent être prises que par des gouvernements souverains et non par des Etats occidentalisés.
En tant que vice-président de l’Alliance des Brics, Ahoua Don Mello est largement accusé de faire la propagande au bénéfice des russes au sein d’un continent noir où le Kremlin songerait à recoloniser l’ancien pré-carré de la France. Mais pour le conférencier, il s’agit d’idées reçues qui ne résistent pas à la réalité des faits. D’abord parce que la Russie n’a aucun intérêt, selon lui, à faire main-basse sur les richesses naturelles de l’Afrique parce qu’elle « en dispose en abondance dans son sous-sol », ensuite parce que l’histoire montre que la Russie n’a jamais colonisé d’Etat et, enfin, parce que des pays comme l’Éthiopie, l’Angola et l’Egypte ont mis fin à leur coopération militaire avec la Russie après que le Kremlin les eût aidés à faire monter en puissance leur armée ou à triompher de leurs adversaires comme dans le cas de la crise du Canal de Suez.