En se rendant au Niger puis au Tchad mais pas au Cameroun, le nouveau président Nigérian a raté l’occasion de relancer la collaboration avec Yaoundé dans la lutte contre Boko Haram
Que le nouveau président nigérian Muhamadu Buhari consacre, cinq jours seulement après son investiture, son premier déplacement à ses voisins nigérien et tchadien en se rendant à Niamey puis à N’Djamena les 3 et 4 juin, cela ne peut que conforter la stratégie régionale de lutte contre la secte islamiste Boko Haram.
Il s’agit naturellement d’un geste à la hauteur des espérances suscitées dans les deux pays voisins par l’arrivée de Buhari et le départ de Goodluck Jonathan avec qui les relations ont été ouvertement heurtées avec le Tchad et passablement refroidies avec le Niger. Le premier voyage à l’étranger du nouvel homme fort d’Abuja marque incontestablement le début d’une nouvelle ère entre le Nigeria et ses voisins.
Maladresse
Mais Buhari a commis une maladresse diplomatique voire une faute en évitant de se rendre au Cameroun dans la foulée de son déplacement à Niamey et N’Djamena. En choisissant de ne pas sauter le pas de N’Djamena à Yaoundé, il a manqué une excellente occasion de décrisper les relations camerouno-nigérianes marquées encore par le sceau du différend frontalier entre les deux pays sur l’île de Bakassi. Naguère considéré le maillon faible de la lutte régionale contre Boko Haram, le Cameroun s’est ressaisi en déployant d’importants effectifs du fameux Bataillon d’intervention rapide (BIR), formé et entraîné par les Israéliens, sur sa frontière nord. Il a également investi d’énormes dans l’achat d’équipements militaires destinés aux forces engagées dans la lutte contre la secte de Abubakar Shekau. Le déplacement de Buhari aurait été très utile pour conforter la dynamique de la coopération sous régionale. Parce qu’il est illusoire de penser que cette coopération peut se passer du Cameroun, le nouveau président nigérian n’a pas rendu service à la lutte contre Boko Haram, en évitant soigneusement et ostensiblement Yaoundé. Quels que soient par ailleurs les reproches tout à fait justifiés qu’on peut faire au président Paul Biya et à sa gouvernance erratique.