L’ancien directeur de cabinet du colonel Mouammar Kadhafi, Béchir Salah, est reconnu coupable de « participation à une organisation criminelle » et de « blanchiment d’argent aggravé » par le Ministère public de la Confédération helvétique.
Cette condamnation assortie d’une peine de cinq mois de prison avec sursis et de la confiscation de 2,3 millions de francs suisses (2,44 millions d’euros) ne devrait pas trop préoccuper Béchir Salah Béchir. D’une part, il vit depuis 2013 en Afrique du Sud, et d’autre part, l’ancien proche de l’ancien Guide de la Révolution libyenne dispose une cagnotte que l’on dit fort bien fournie. En effet, cet ancien ambassadeur, en Centrafrique, en Tanzanie et en Algérie a présidé le Libyan African Investment Portfolio (LAP), un fonds d’investissement de 8 milliards de dollars.
C’est d’ailleurs en raison de la présence en Suisse d’une filiale de la LAP que les autorités suisses se sont intéressés à Béchir Salah Béchir. En effet, dès 2011, le Conseil fédéral (gouvernement) ordonne le gel de tous les avoirs de la famille Kadhafi et de ses proches. Comme le raconte Gotham City, la revue en ligne spécialisée dans la criminalité économique, le parquet fédéral ouvre d’abord une enquête contre Hussein Salah Béchir, le fils de Béchir. Motif ? Il a reçu de son père un paiement suspect de 2,8 millions de francs. Toutefois, le fiston s’en est finalement tiré, car à l’époque le Tribunal pénal fédéral (TPF) n’avait pas (encore) pu prouver que son père appartenait à une organisation criminelle.
L’ombre de Nicolas Sarkozy
Dans un rapport daté de 2012, la police fédérale qualifie le cercle des fidèles autour de Mouammar Kadhafi d’« hommes de la tente ». Comprenez ceux qui contrôle la Libye et ses immenses richesses naturelles.
Béchir Salah Béchir est justement celui qui tient les cordons de la bourse. Francophone, il est également l’interlocuteur privilégié de la France et de l’Afrique de l’Ouest. Après la chute de Tripoli et la mort de Kadhafi, c’est d’ailleurs à Paris que Béchir Salah Béchir se réfugie, après un stop en Tunisie.
Recherché par Interpol, il est contraint de quitter la France en mai 2012 pour l’Afrique du sud (où il a fait l’objet d’une tentative d’assassinat en février 2018). Réfugié à Abu Dhabi, l’ancien directeur de cabinet et Monsieur Afrique de Mouammar Kadhafi, Béchir Saleh, prodigue désormais ses conseils au prince héritier émirati, Mohamed bin Zayed al-Nahyan, sur les affaires libyennes et africaines.
Le nom de Béchir Salah Béchir est surtout lié aux soupçons de financement de l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française en 2007 par le pouvoir libyen.
Souheil Rached, témoin clé des largesses de Khadafi